Posted 15 Dec 2007 - 02:30
Sans doute ce débat "amateur/pro : quelle rémunération ?" anime-t'elle régulièrement les sujets de ce forum. Je n'ai ni le temps, ni l'envie de lire tout ce qui a pu être écrit durant les derniers mois sur le sujet. Ce que je pense néanmoins du sujet se résume à peu près dans ces termes.
DES AMATEURS ?
- il y en a, tout plein, de plus en plus, et tant mieux. Il y a même beacoup d'amateurs qui jouent de mieux en mieux, qui connaissent de plus en plus de choses, ...
- des amateurs...? comme le mot l'indique, ce sont des personnes qui n'ont pas choisi que la musique serait leur métier. Un métier étant jusqu'ici ce qui assure les revenus d'une personne, quand elle en a un... Ce qui est loin d'être le cas de toutes les personnes de ce milieu.
Note au passage histoire de mieux comprende ce qui arrive...
J'entends là le réseau des musiques traditionnelles entendues de façon globale et "professionnelle." En Rhône Alpes par exemple, la réalité des musiques traditionnelles c'est à peu près 15 % de musiques traditionnelles dites "issues des régions de france"et 85 % de musiques dites "musiques du monde ou de l'immigration" mais bel et ien sous la seule et cohérente égide musiques traditionnelles (où alors on ne parle pas de la même chose et alors là il faut rebaptiser ce site...)
DES PROS ? (constats parmi tant d'autres...) :
- la situation statutaire, économique et financière des artistes professionnels est sérieusement mise à mal, notamment depuis 2003 (sans parler des modifications qui ont eu lieu après) avec la crise que tout le monde doit connaître (j'ose l'espérer). Sachant que le problème de l'intermittence est loin d'être le seul justement sur le sujet qui nous intéresse. Il ne faudrait pas croire non plus que tous les artistes sont intermittents, certains ayant choisi des voies différentes.
- le désengagement de l'état programmé et à l'oeuvre, la baisse des budgets dans le spectacle vivant notamment dans le secteur de la diffusion et de l'action culturelle, la chute du secteur de l'édition phonographique et de facto, les baisses réelles des rémunérations en droits d'auteurs (pour certains), (...) sont de nature à donner un coup de plus (ou de grâce) aux statuts des artistes professionnels dans le domaine.
- le durcissement des conditions légales (jai bien dit légales) de diffusion, de production et d'exploitation de spectacles pour les entrepreneurs du spectacles (ceci est un statut légal habilitant, et donc ni une SARL, ni une société côtée en bourse ou quoique ce soit d'autres) : lois sur la santé, législation et droit du travail, circulation des artistes étrangers, ...
Pour ne parler que de ces quelques aspects (on aurait pu parler des aspect esthétiques par exemple ou des dipositifs en faveur de tel ou tel secteur ou des problèmes de la diffusion des musiques traditionnelles -il y en un certain nombre des problèmes de diffusion...), le politique -et ce depuis de nombreuses années- montre clairement que la politique culturelle n'est pas une priorité actuelle. Les rédempteurs Malraux et Lang (d'une certaine façon pour ce dernier) sont morts. Ils n'auraient, quoiqu'il arrive, pas grand chose à faire de et dans ce que nous croyons être "nos"problèmes.
Car ce sont des problèmes partagés par tous les secteurs de la vie artistique et culturelle.
Et il faudra bien trouver des modes d'organisation pour faire en sorte que le secteur -j'entends le secteur culturel et pas seulement le secteur microcosmique des bals folk- vive, ou plutôt survive. Et il existe des moyens. Regardons ce qui se passe à côté par exemple.
Des pratiques amateurs en théâtre, en musiques amplifiées, en musiques urbaines, en danses urbaines, en jazz, en musique improvisée même en classique parfois, il en existe. De partout. Allons regarder comment ils fonctionnent.
Alors donc ?
UN PEU DE CYNISME (ça fait toujours du bien d'être construtif et de se moquer de soi en même temps...) : TROIS PROPOSITIONS POUR UN MONDE MEILLEUR
- Je propose que les cachets attribués aux groupes amateurs aillent aux groupes pro qui viennent jouer sur la même scène la semaine suivante.
- Je propose que les amateurs qui ont appris des répertoires, des techniques, des ornements, (que sais je encore...) par des pros, reversent à ces derniers une quote part à chaque fois qu'ils utilisent un plan qu'ils ont appris d'eux. Un système de brevet devrait être inventé.
- Je propose enfin que les pros arrêtent de faire des stages ou tout autre activité de formation pédgogique ou d'enseignement afin que les amateurs ne viennent pas marcher sur leur terrain. Si possible également, arrêter de jouer en public, parce que certains amateurs ont l'oeil vif (le mien par exemple) et sont susceptibles de reproduire des plans déposés sous brevet (voir propos sus-cité)
ALORS BEAUCOUP PLUS SERIEUSEMENT
Ouis cette thématique mérite qu'on en discute (je me demande si je suis vraiment en train de vraiment vouloir discuter ou plutôt de passer mon énervement avec tous ces mots de trop...). Mais qu eje sache, il y a une situation actuelle, grave, fondamentale vis à vis de la situation des pros qui mérite qu'on ne fasse pas comme si tout allait bien dans le meilleur des mondes. Ou alors -et après tout pourquoi pas- on considère que dans notre petit milieux bien fermé sur lui-même (ce n'est pas le mien), et bien en effet, on réussit à s'en sortir parce qu'il y abien quelqu'un qui viendra jouer gratuitement, et puis au final (comme à une certaine époque dans certaines esthétiques...), cette même personne paiera pour venir jouer.
ET DONC :
- les pratiques amateures et professionnelles ne sont pas antithétiques, pas plus qu'elles ne sont complémentaires d'ailleurs (sur le plan de la diffusion tout du moins). Elles répondent à des enjeux différents. Un professionnel fait le choix -non pas de donner sa vie à son art- mais bien de vivre de son art, c'est à dire de son métier (oui c'est un métier), c'est à dire ce qu'il sait faire.
- la frontière peut être parfois sensible c'est vrai entre le jeu d'un amateur, parfois d'une qualité équivalente ou supérieure... Mais je ne peux m'empêcher ici de dire que dans bien des groupes sociaux en FRANCE, il y a des virtuoses en musiques traditionnelles du monde (on ira jamais danser la bourrée dessus) qui ne se posent pas la question amateur ou professionnel, ils jouent leur musique, et vont bosser le lendemain parce qu'ils ont un rapport à la musique qui n'est pas d'ordre contractuel ou financier. Sans doute n'en ont ils pas le choix d'ailleurs...
- alors quoi "tout travail mérite salaire ?" Evidemment. Mais, on s'en fout. Quand finira t'on dans ce pays de ne pas reconnaître les métiers de l'art comme justement, des métiers ? oui, jouer de la musique peut êtr eun travail. Mais alors : Qu'est ce qui est travail ? qu'est ce que cela implqiue ? een termes de choix ? De vie ? Qu'est ce qui est loisir ? Qu'est ce qui aboutissement et concrétisation d'un loisir ? C'est une question qu'on doit se poser, surtout chez les amateurs. Surtout quand je lis sur ce forum (et si j'ai bien compris... sans guère de réaction !) "il faut se faire payer comme des pros comme ça les organisateurs auront pas le choix" Euh ? Excusez moi... mais que répondre à ça... c'est affligeant d'ignorance d'un système... professionnel et de son économie (vilain mot)
- La culture a un prix, subventionnée ou non. Un groupe professionnel, parce qu'il se donne une obligation de moyens et de résultat, parce qu'il a une démarche totale (création musicale, format scénique, création lumière , travail et recherche sur les sources, démarches professionnelles, inscriptions dans des logiques collectives, de réseaux et de réflexion, ...) a un coût. Coût qui doit être supporté par le public de quelques façons que ce soit. Lorsque l'on va dans une salle subventionnée, l'équipement - donc le contribuable donc le public là ou pas là- prend en charge une partie des frais sur nos billets d'emblée (je ne parle même pas des milieux tels que l'opéra ou le classique voire même le jazz, milieux que j'adore par ailleurs et ou le taux sur ce domaine prend des proportions énormes). Autrement dit, la structure ne se fait pas d'argent dessus (dans la très grande majorité des cas en tous cas)
- je pose la question, combien de bals folk sont organisés pour remplir les caisses de telle ou telle association au détriment du projet artistique proposé ou ...de la rémunération des personnels artistiques professionnels ou non ? Ce qui cela dit en passant, constitue une vision commerciale et mercantile au plus haut point, encore plus dramatique dans ce qu'elle se sert d'un domaine très très fragile. (Mon propos ne portant pas sur le caractère de l'association bénéficiaire - évidemment humanitaire, social ou éducatif à n'en pas douter)
- finir par où on commence... Il y a des enjeux par rapport aux artistes professionnels qui méritent que tous -dans le secteur des MUSIQUES TRADITIONNELLES (DONC DU MONDE), la bourrée des dindes n'étant qu'une vision des plus parcellaires de la vie artistique en matière de musiques traditionnelles EN FRANCE EN FRANCE EN FRANCE (pays monoculturel c'est bien connu)- défendent des combats actuels, en prise avec des nejeux de société, avec des enjeux culturels et j'en passe.
Tous les jours, mon métier me fait travailler pour les amateurs et pour les professionnels. Et en remettant les choses à leur place, cela ne m'a jamais posé problème.
Que tout le monde reste à la sienne
Ou alors demain je m'auto proclamerai le nouvel Ornette Coleman de la Mustte du Centre et digne des plus grandes scènes et aux meilleurs cachets, s'il vous plaît. (dernier acte de cynsime de cette contribution)
Message ajouté après : 14 minutes:
J'oubliais. Je ne suis pas le CMTRA et bien que j'y .
travaille, ces propos n'engagent que moi. JS.ESNAULT