La je suis un peu dans une phase réflexion "authenticité", "collectages", "folklore", "bal folk", "transmission".
J'ai suivi toute cette année un atelier avec Edith Lozano (qui est une enseignante formidable, une danseuse qui fait plaisir à voir, ainsi que quelqu'un qui a visiblement une énorme connaissance des danses ainsi qu'un grand degré de rigueur sur les danses qu'elle se permet de transmettre - en plus, elle aime pousser des cris quand elle danse... ceux qui me connaissent verront le parallèle

Je retiens nombre de ses "affirmations" au sujet de la danse Ces affirmations ne correspondent pas aux propos exacts d'Edith et correspondent à ma compréhension de ses propos:
- La dynamique de l'avant deux en 3 temps du berry (le premier pas s'élance, le 2e est sur place, le 3e revient, le 4e est sur place - je caricature, bien sur) Edité pour remplacer "temps" par "pas"
- Le pas à ressort sur la demi semelle pour les sauts du béarn
- La position des bras dans les danses comme les bourée d'auvergne ou le carnaval de lantz
Mais d'autres... je veux bien que ce soit des "vérités", mais ca m'intéresse pas pour "ma" danse:
- les chaines bretonnes sont toujours menées et fermées par un homme
- marquer une pause au milieu des traversers en 3 temps du berry pour regarder son partenaire est une invention des groupes folkloriques
Tout le reste de ce post est en rapport avec mon expérience personnelle de la danse et ne reprend que très indirectement des éléments que j'aurai pu apprendre chez certains enseignants. Il n'est que le fruit de mon imagination fertile et ne peut pas être pris comme source fiable. (a l'exception des propos de Pierre Corbefin pour lesquels s'appliquent la meme remarque que celle que j'ai fait au sujet d'Edith)
Je me demande donc si on peut parler d'éléments qui font partie de l'essence d'une danse et qui, s'ils sont absents, font qu'on est en train de danser, mais autre chose. Ou si vraiment, tout est relatif et on peut seulement dire "moi, cette facon me plait et celle la me plait pas"
Par exemple, la bourrée (sujet vaste que j'avoue etre tres tres tres loin de maitriser) est, pour moi essentiellement une question de desequilibre, de dynamisme, je comparerais ca a un elastic qu'on tend: on tire on tire on tire et HOP, ca bouge. La bourrée c'est aussi un pas spécifique à mi chemin entre le marché et le couru: couru car le centre de gravité dévance souvent le corps, marché car celui qui (comme moi), danse la bourrée en courant, n'est pas tout à fait "dedans"
La dessus, y'a plein de figures qui sont souvent le sujet de stages et ateliers, mais pour mois ca fait pas partie de l'essence d'une bourrée. Celui qui fait les figures sans etre dans l'essence de la bourrée, il fait de la contredanse.
Autre exemple, la gavotte. La gavotte est pour moi essentiellement une question de solidarité, de rythme entre danseurs, de déplacement relativement libre sur un pas avec l'obligation de tenir compte de tous ses voisins. Autant dire que je pense que c'est rare de danser une gavotte hors de bretagne

Dernier exemple, atelier mazurka avec Pierre Corbefin. Il explique l'importance de marquer le 1er des 3 temps et montre une mazurka sur laquelle il y a apparence de 3 temps mais qui est en fait un pas marché sur 2 temps. Il dit "si vous faites comme ca, vous etes plus dans la mazurka [de samatan], mais dans la scottish".
Je pense qu'il a raison de de positionner comme ca. Rien ne m'empeche de danser comme je veux ma mazurka, et ca peut etre très agréable, mais autant savoir qu'on est plus dans la mazurka de Samatan. (Ensuite, pourquoi on voudrait etre "dans la mazurka de Samatan"... chacun ses motivations)
Et vous, qu'en pensez vous?
(d'ailleurs l'essence de danses me rappelle les idées d'Eric Thézé sur la fonction des danses: l'ivresse, l'hypnose de la valse, l'hésitation de la mazurka, le jeu de la scottish, etc)