
J'ai une réflexion qui me trotte dans la tête depuis un temps certain, voilà, je vais être un petit simpliste mais j'espère que je me ferai comprendre...
J'ai remarqué que souvent on lie le musicien à ses racines en lui donnant une légitimité supplémentaire pour ses origines et en lui collant la pression en même temps...
Si vous êtes breton du Trégor, forcément vous êtes supposé à la fois avoir une sensibilité ou une connaissance supérieure sur la musique du Trégor et en même temps on vous demande d'être meilleur...
Au début j'avais ce présupposé aussi s'en m'en rendre compte, mais aujourd'hui il me gêne beaucoup
- parce que je ne vois pas pourquoi on colle la pression au musicien sur des critères qui ne sont pas sa démarche, son niveau avéré, sa sensibilité réelle, sa volonté...
- et parce qu'on l'enferme dans un carcan, si le musicien ne souhaite pas faire du "pur trad" ou "défendre" son terroir, c'est son choix
Au risque de faire frémir certains (surtout parmi les anciens ), mon avis perso, c'est que c'est la démarche qui fait l'authenticité.
Et dans l'absolu, un jeune d'une cité du 93 qui serait intéressé par le trad et le collectage en Auvergne, et qui aurait une démarche intègre et approfondie, aurait à mes yeux au moins autant de légitimité et d'authenticité qu'un jeune Auvergnat qui se "contenterait" de reprendre la musique qu'il a entendu dans sa région sans se préoccuper ni du sens, ni de la qualité de ce qu'il joue
Jje pense aussi plus généralement si on veut que les gens soient ouverts à notre esthétique, c'est aussi à nous d'ouvrir notre maison trad.
Sur le papier ça a l'air sensé, mais essayer d'amener ce sujet dans une commission de collectage... et essayez d'imaginer les réactions des gens du cru devant ce jeune un rappeur de banlieue débarquant "en vrai" en Béarn, en Bretagne ou dans le Berry...

ou même imaginez qu'un musicien africain vienne enregistrer nos chansons traditionnelles comme l'avait fait Damon Albarn d'Oasis avec des musiciens et chanteurs maliens (album Mali Music)