Foula! Ca en fait un tas de trucs a répondre. Merci en tout cas pour tous vos commentaires sur le sujet.
Je rappelle juste (plus a moi-meme qu'autre chose, vu que c'est moi qui écris des tartines - certains se souviendront peut etre de l'aphorisme sur la culture et la confiture) mon but avec ce post: déterminer les "absolus" et les "relatifs" dans l'enseignement de la danse (que ce soit en bal ou en atelier - je pense pas que y'ait de "l'un ou l'autre", ou de question a se poser - doit on faire des ateliers ou peut on a apprendre sur le tas - la réponse est clairement "si on veut on peut et si on veut pas on est pas obligés" aux deux questions).
Pour le moment, je dirais qu'un des absolus est d'apprendre en musique. Apprendre a écouter la musique. Apprendre comment concilier l'explication, quelle que soit sa forme avec la musique qui nous parle, au début on a besoin d'un interprete: la musique nous dit "un et deux, trois et quatre", mais le but est que la musique nous parle directement et qu'on y réponde en dansant, sans que ca passe par un autre langage. Enfin... peut etre ca marche pas du premier coup pour tout le monde non plus, mais je pense qu'a terme c'est un passage obligé. Meme raph, qui n'a jamais rien appris

il écoute la musique et il danse. (peut etre on pourrait ajouter "regarder les autres et les imiter" comme absolu, mais c'est peut etre plus un but a long terme qu'une methode d'enseignement).
Je suis toujours fasciné par les contredanses du genre "haste to the wedding" ou y'a un frappé des mains au milieu - la moitié d'une salle d'élèves le fait faux - je pense qu'a partir de ce moment, ils peuvent rien apprendre de plus en danse sans apprendre au préalable a "compter dans la tete" - c'est a dire compter sans compter, tout simplement écouter et trouver naturel de frapper dans les mains a ce moment la.
Je ne pense pas que tous les débutants abordent la danse de la même façon . C'est pour ça, d'ailleurs que c'est compliqué de trouver LA bonne méthode .
Et aussi je ne vois pas pourquoi le fait de dire 1, 2 ,3 et 4 aide plus que de dire pam,pam, trois p'tits pas.
Les relatifs... c'est justement le but de ce topic. Je l'ai dit au début et d'autres l'ont répété: ce qui marche pour l'un ne marche pas pour l'autre. Et c'est ca qui différenciera le bon prof du mauvais prof. S'il voit un truc qui marche pas et qu'en corrigeant d'une facon ca marche toujours pas, ben il cherche a faire autre chose. Des fois on sait pas quels sont les "autre chose" qu'on a a disposition... une petite liste:
[*:2ccakygr]compter "musicalement" (un et deux, 3 et 4 pour un an dro)
[*:2ccakygr]compter "non musicalement" (un et deux, 3 et 4)
[*:2ccakygr]donner les pas (gauche droite gauche, droite gauche droite)
[*:2ccakygr]une phrase en rythme: pose pose pose pour la valse,
[*:2ccakygr]une phrase en rythme mais qui ne dit rien sur les pas - catégorie différente du genre ma-zur-ka, ce qui m'a pas aidé *du tout* pour la mazurka - en fait, ce qui m'a surtout pas aidé c'est de pas apprendre en musique et les gens qui insistent que c'est pas facile. C'est facile si on prend une démarche pédagogique - ca prend une bonne demiheure de pratique pour comprendre le mechanisme de base et quelques mois avant d'apprécier pleinement la danse sans se sentir completement perdus, mais dans la grande échelle des choses, c'est "facile".
[*:2ccakygr]une phrase chantée: le fameux pas chassé, croise et pointe, pointe pointe du rondeau de reims - je m'en souviens encore 2 ans plus tard sans jamais avoir repratiqué la danse
[*:2ccakygr]une description verbale - j'ai une amie pour qui la scottisch, c'est deux pas a droite, deux pas a gauche, quatre pas tournés. De toutes les mentionnées, celle ci me parait la plus improbable - ca veut rien dire comme description - mais c'est ca qui a fonctionné pour elle.
[*:2ccakygr]montrer le pas et laisser les gens l'imiter
[*:2ccakygr].....???
Ensuite, nouvelle liste, les méthodes pédagoiques progressives: du pas simple au pas complexe, du pas lent au pas rapide, du pas sans bras au pas avec bras - y'a des trucs vraiment bien dans cet ordre d'idée pour couvrir une grosse partie des danses bretonnes: an dro, hanter dro, ridée 6, laridé 8, autres formes de laridés qui permettent de passer a la gavotte simple: gauche droite gauche droite gauche droite (tres proche de l'an dro aussi) puis a la gavotte de poullaouen et la gavotte 3 et 4. C'est aussi l'approche qui fait que les gens confondent facilement les danses, mais voila...
A partir des ces possiblités, quelles sont les méthodes qui marchent le mieux et lesquelles sont celles qui marchent jamais (rarement)? Par exemple, je vois souvent les gens enseigner par l'exemple - moi ca me sert car je comprends le "vocabulaire gestuel des danses" et j'ai la proprioception (je crois que c'est ca le mot

qui me permet de savoir si je suis bel et bien en train d'imiter juste ou imiter faux. Mais les débutants, c'est la pire facon d'apprendre - ca leur sert (souvent) strictement a rien vu qu'ils ont pas encore la capacité de comprendre ce qu'ils voient. Meme chose pour la séparation bras-jambes semblable au probleme main gauche main droite en piano et en accordéon - y'a des gens qui apprennent l'un apprennent l'autre puis combinent les deux. Moi j'ai besoin d'apprendre les deux en meme temps. Et pour ce qui est d'apprendre lentement puis accélérer... pas bon pour moi - mais tres efficace pour d'autres.
Maintenant, pour revenir a certaines réponses...
Mais justement est-il besoin de définir le temps et le contretemps?
Pourquoi veux tu "respecter" plus le temps que le contretemps?
Je pense pas que ca ait une grande importance sur le sujet, mais j'aimerais etre sur qu'on se comprenne. Ma définition du temps fort c'est qu'il est immuable, c'est pour ca que c'est un temps fort - c'est circulaire comme définition, mais voila. J'en sais trop rien ce que faisaient les "anciens" mais je pense que de tous temps il y a eu des bons et mauvais danseurs. De nos jours aussi, si on regarde en bal, y'a des gens qui sont pas sur le temps. C'est une faute. Recommencer les avant arrière du circassien avec deux temps de retard parce qu'on ne sait pas écouter la musique, c'est une faute. Que nous commettons tous, certes, mais ca veut pas dire qu'on a "l'autorisation" de le faire. On s'en fout completement en bal, mais d'un point de vue pédagogique, ca sert a rien de l'enseigner (apart dire que tout le monde se trompe de temps en temps et que c'est pas grave). Et pourquoi attacher de l'importance au temps plutot qu'au contre temps? Parce que par définition descriptive, le temps c'est le truc auquel on attache de l'importance. Celui sur lequel presque tout monde sera en train de danser la meme chose (c'est a dire que si c'est un sol qui fait du bruit, le "poum" sera assez "sec" et fera pas "poumpoumpoumpoum").
Tout ca, c'est tres descriptif. Qu'on le veuille ou non, y'a un rythme, en musique et en danse. Ensuite, s'il faut codéifier ca, le rendre prescriptif, que ce soit pour perpetuer la tradition ou pour enseigner, bonne question.
Le débutant n'a pas besoin d'un cadre aussi stricte que ça. Je pense qu'il faut plutôt insister sur le mouvement du corps en relation avec la musique plutôt que de trop décomposer les pas sur des temps précis .
[...]
Peut être qu'en enlevant un peu de rigidité ça passera mieux, puisque [la bourrée] n'est pas codifiée à ce point.
Je pense pas qu'il faut négliger le besoin pédagogique de rigidité. C'est bien joli de dire - "un pas de bourrée, ca peut aller comme ca et comme ca et comme ca, et il se décompose en deux (rarement 3) parties dépendant de la musique (qu'il faut écouter) et y'a des frappés qui font comme ca et comme ca, et on peut en inventer tout plein et on fait un peu ce qu'on veut". Ca, a nouveau, c'est la vérité descriptive. Mais pédagogiquement faut commencer quelquepart, y aller progressivement. Je pense que c'est meme encore un absolu. Il faut y avoir un cadre limitatif qui permette au débutant de savoir par lui meme s'il fait juste ou faux. Ce cadre sera artificiel et devra ensuite etre étendu voire completement détruit.
Ce qui me rappelle une perle: pour moi, apprendre a danser, ca a plus été une affaire "d'apprendre à apprendre a danser". C'est débile comme phrase, mais pour ma façon d'apprendre, ca a été très important. Ca me permet de prendre n'importe quelle explication, qu'elle soit verbale ou visuelle et la traduire en un mouvement de mon corps. (enfin plus ou moins - j'ai encore de nombreuses et belles années de progression devant moi

).
moi j'ai jamais rien compté, et j'ai jamais rien appris d'ailleurs.
je danse tres simplement et naturellement, apres avoir regardé les autres, mais surtout j'écoute la musique!
Pourtant nos aïeux ne comptaient pas....
[...]
Pour moi cela me donne l'impression que nous nous analysons les choses alors qu'eux les "vivaient".
Apprendre comme ca, c'est l'inverse d'apprendre par un enseignement. Si on parle d'enseignement, c'est justement pour accélérer ou rendre artificiel un processus naturel. C'est un peu le particulier de la "tradition" que nous avons perdu. A l'epoque, les enfants apprenaient a parler, a marcher, a danser, a jouer d'un instrument, etc. de la meme facon: par imitation. Maintenant, rares sont les enfants qui ont l'occasion d'apprendre comme ca. Et rares sont les gens qui de plus de dix ans qui arrivent encore a apprendre comme ca. Meme pour les langues, l'immersion totale, ca marche bien une fois qu'on a les bases de la langue, mais faut avoir une petite idée, un dictionnaire, etc. Ca aide beaucoup.
Et ca touche aussi la codification et la liberté... y'a tout un débat linguistique sur le langage, le prescriptivisme et le descriptivisme. Mais qu'on soit prescriptiviste et qu'on dit qu'un mot féminin a un "la" devant, ou qu'on soit descriptiviste et qu'on dit que le mot "maison" prend un la devant, ca n'empeche que dire "le maison", c'est faux. Et ca choquera encore plus la personne qui a appris en imitant que celle qui a appris par un enseignement. De la meme facon, les "anciens", de nos jours prennent beaucoup de plaisir a critiquer la facon de danser d'un tel ou un autre et je pense qu'on aurait tort de penser qu'il en était autrement il y 50 ans, 100 ans ou 200 ans.
Lors de collectage il fit l'expérience de faire danser des danseurs dits "traditionnels" sur une musique que nous aurions considérée comme décalée avec les pas.
Ca veut dire quoi, une musique que nous aurions considéré comme décalée? Que les temps forts se situent autre part dans la mélodie? Ou avec la meme mélodie mais des temps forts différents? Tres intéressant en tout cas.
Aie, c'était long tout ca...