Posté 21 avril 2007 - 08:23
Mes amis,
Pour une fois que je suis à peu près d’accord avec mon frère, profitons-en. B)
On connaît tous les tares du PS : le carriérisme de ses éléphants, son immobilisme, son insupportable bonne conscience, sa capacité à lancer des œillades à droite et des coups de boule à gauche… Bref, c’est un vrai parti de majorité.
J’ai quant à moi, toujours défendu le vote minoritaire. J’ai un gros réservoir de sympathie pour Dominique Voynet et son courageux pragmatisme. J’ai quasiment toujours voté écolo au premier tour depuis plus de 15 ans. Je ne vois pas quand le vote minoritaire peut, sans stratégie, s’exprimer si ce n’est au premier tour d’une présidentielle. Je ne veux pas en France d’un bipartisme à l’américaine. J’exècre le chantage socialiste « nous sommes réalistes, nous sommes le seul rempart contre la droite etc. », bref le nucléaire socialiste ou la bougie gauchiste. On connaît ça par cœur.
J’ai toujours refusé d’être rendu responsable de la débâcle du 2e tour par les prophètes du 21 avril. Le responsable de la défaite du PS, c’est le PS.
Il me semble pourtant qu’aujourd’hui la configuration politique n’est plus tout à fait la même qu’en 2002 :
- la « vraie » gauche, malgré les séduisants discours de ses leaders, a été incapable le moment venu, de se rassembler derrière une liste unitaire alors qu’elle a eu 5 ans pour ça
- nous ne sommes plus dans la nécessité d’un vote visant à sanctionner 5 ans de privatisations « de gauche », de frilosité, d’errements programmés et assumés. J’ai voté écolo en 2002 parce que Voynet s’est fait piétiner par Jospin au gouvernement. Mais depuis 2002, il n’y a plus d’écolos au gouvernement.
- le véritable danger aujourd’hui, c’est Sarkozy. Pas besoin d’en rajouter, ça paraît tellement évident que j’ai le sentiment d’enfoncer une porte ouverte. Ce n’est pas Le Pen, malade et fini. Sa fille, la bête immonde, est en pleine forme, elle, elle le sait et envoie son père faire le zouave devant les caméras pendant qu’elle fait profil bas, attendant une alliance avec Sarkozy si celui-ci est élu, comme Berlusconi l’a fait en Italie avec les néo-fascistes et les autonomistes pour garder sa majorité.
- je ne vote pas pour des têtes de nœuds, mais pour des idées. Et pas de grandes et pures idées immaculées : pour des crottes d’actions, des poussières de résultats qui auront demain des conséquences que nous ne connaîtrons pas. Je me fous complètement de Ségolène Royal. C’est une pétasse carriériste qui recycle les oripeaux de mai 68 pour racoler le vote féministe. Entre autres. Si elle est élue, elle fera ce qu’ont fait les autres, ce que fait Destot à Grenoble : elle gérera. Un coup à gauche, un coup à droite. Mais si mes enfants peuvent respirer demain sans masque ou sans devoir acheter un permis à une multinationale dirigée par les amis de Sarkozy, je le devrai à une Voynet du futur qui, entre deux jets de fumier et un incendie de moutons sous ses fenêtres, aura, en douce, pendant que les éléphants regardaient ailleurs, fait passer une loi sur l’eau. Ou sur l’air. Ou sur le littoral. Bref, tout ce que la droite s’est acharnée à détruire depuis 5 ans. S’il existe encore des intermittents du spectacle demain, si je peux continuer à faire quelques dizaines d’années ce métier que j’aime et pour lequel je crois avoir quelque talent sans avoir à bosser la nuit chez McDo pour nourrir ma famille, s’il y a encore demain une culture dans ce pays, ce ne sera pas pour quelques millions d’euros saupoudrés ici ou là. Ce sera parce qu’une réflexion, en route depuis les années 60, aura progressé à gauche (n’importe où à gauche), sur la qualité de la vie. Sur le partage des richesses. Donc sur la diminution du temps de travail. Donc sur la nécessité de la dissociation travail / salariat, etc. Et tout ça, je le répète, c’est du concret (les intermittents le savent), ce ne sont pas de grandes idées creuses et romantiques comme nous les chantent des Ariane Mnouchkine qui, en d’autres temps, savent fort bien nous expliquer aussi que les grèves ne servent à rien.
On ne peut pas dire aujourd’hui que la droite et la gauche c’est la même chose. C’est une réflexion de droite, ça. Que le PS et l’UMP c’est bonnet blanc et blanc bonnet. En dépit qu’on en ait, la gauche construit peu ; la droite détruit. Que l’écologie est soluble dans la droite comme elle l’est dans la gauche. La véritable écologie concerne tout et tout le monde. C’est dire si elle est éminemment politique.
Quant aux malheureux tentés par le vote Bayrou, ils confondent programme de gauche avec gros bon sens paysan et rodomontades de cul des vaches. Ce n’est pas tout à fait la même chose. Tout ça volera en éclat dès après le deuxième tour, et quel que soit le résultat, Bayrou retrouvera bien vite ses amis milliardaires et ses manières de De Villiers centriste.
Le PS n’est pas une rutilante locomotive censée nous emmener vers des lendemains qui chantent. C’est un char à bœufs qui va lentement. Qui sème beaucoup de merde en route. Mais qui est capable de recycler à peu près n’importe quoi. (On peut refuser de tremper les mains dans la merde. Mais quand on possède une voiture, un portable et des chaussures chinoises, il y a déjà un bon pas de fait.)
Mais pour ça, il faut qu’il y ait encore un PS. Pour toutes ces raisons, je voterai socialiste, pour une fois sans aucun état d’âme, dès dimanche.
Et je vais vous dire : L’AVANTAGE A LES ELIRE DES MAINTENANT , C’EST QU’ON NE LES AURA PAS SUR LE DOS PENDANT 5 ANS A NOUS FAIRE LA MORALE ET A NOUS RENDRE RESPONSABLES DE LEURS ECHECS S'ILS SONT BATTUS !!!
Des bises zàtousszéàtoutes.
Tof
PS (…décidément) : on me dira, comme Voynet le fait très bien toute seule (Charlie-Hebdo de mercredi) : « Personne ne fera d’écologie si les Verts sont laminés. » Elle défend sa boutique, c’est normal. Ca se défend et c’est un risque. Je ne suis pas sûr qu’elle ait raison. Mais si le PS n’est pas au 2e tour, nous aurons tout de même à faire des choix qui nous feront encore bien plus mal au cul.