J'ai eu besoin de quelques jours de réflexion pour clarifier les nombreuses réactions que suscitaient en moi cette lettre ouverte... parce qu'il y a matière, et qu'elle touche à plusieurs sujets récurrents dans les débats au sujet des responsabilités des organisateurs. C'est son premier mérite, le deuxième étant d'éviter le manichéisme absolu, en acceptant de reconnaître quelques qualités à un festival qu'elle critique vertement. Ceci étant dit, je me sens obligée de répondre aux dites critiques, parce que j'ai une dette énorme envers le bal de l'Europe, où j'ai découvert les danses et musiques trad et folk il y a maintenant dix ans, où je suis retournée chaque année... et qui s'en prend souvent plein la figure, pas toujours très justement. Voici donc mon avis, que je vais séparer en plusieurs messages parce que ce sera long... vous êtes prévenus. (Et, juste avant de me lancer : merci pour la métaphore de l'oignon, je la trouve particulièrement pertinente).
Première critique : « Vous ne me traitez pas bien, je méritais mieux que ça ».
Jac Lavergne trouve inacceptable de ne plus être programmé au Bal de l'Europe... au motif qu'il l'a déjà été, et à de nombreuses reprises ! Je trouve l'argument renversant, et le pire c'est qu'il n'est pas le premier à se scandaliser ainsi. Il faudrait donc que l'AEADT accompagne ses réponses positives d'un petit avertissement : « Attention, le fait de vous inviter cette année ou plusieurs années de suite n'engage pas l'association à perpétuer cette invitation ad vitam aeternam » ? Curieux de voir comme, dans tout autre événement où ce sont les organisateurs qui sollicitent les artistes, ceux-ci ne sont jamais choqués de ne pas être sollicités. Mais dans celui-ci, où se sont les artistes eux-mêmes qui demandent à venir, si on leur dit « non, désolé, pas cette année », certains se roulent par terre comme des mômes en tapant du pied...
Et paradoxalement, tout en se plaignant de n'être plus dans la prog, il se plaint de ne pas avoir été suffisamment « soigné », lorsqu'il y était. Encore une fois, cette plainte a déjà été entendue... je crois qu'elle est compréhensible pour les musiciens qui voudraient être traités à Gennetines comme dans certains autres festivals : en tant que personnes « spéciales », qui ont droit à des égards particuliers car ce sont eux qui apportent le « produit » autour duquel vit tout le festival. C'est un point de vue compréhensible, mais le bal de l'Europe n'est pas conçu comme ça. Ce n'est pas pour rien que ça s'appelle « rencontres » et non « supermarché de bals ». Peut-être est-ce à voir comme un moment et un lieu d'échanges de savoirs et d'expériences sur la danse ? Participatif ? Pour ceux qui contribuent à son organisation – en donnant soit du temps d'animation danse, soit de la musique, soit du temps de vaisselle ou de ménage... – tout est gratuit, y compris nourriture et boisson (et quoi qu'en dise Jac Lavergne, elles sont fournies très abondamment ; avec tous les tickets que reçoit un bénévole ou un musicien il y a de quoi sustenter deux ou trois personnes ; et un effort constant d'amélioration qualitative est fait, on en voit les effets d'année en année). Les autres contribuent en payant. Et pour le logement, tout le monde est logé à la même enseigne. C'est clair, c'est dit dès le départ, où est le problème ? Ceux qui n'ont pas l'impression d'y recevoir quelque chose d'assez important pour eux, ou à la mesure de ce qu'ils donnent... ce qui est acceptable et très légitime... si ça ne les intéresse pas suffisamment de pouvoir aller aux bals et aux ateliers des autres... de vivre ces quelques jours avec eux... peut-être qu'il n'ont effectivement pas « intérêt », au sens premier du mot, à venir.
Sur la question de « mal payer » les artistes, j'ai entendu tellement de choses contradictoires, et si peu qui soient chiffrées, que je réserve mon avis jusqu'à ce qu'on me fournisse des données précises et une comparaison réelle avec les autres festivals.
Pour finir sur les conditions matérielles : de nombreux musiciens préféraient St Gervais, non pour une question de « qualité artistique » comme certains l'ont dit (les critères et la qualité étaient exactement les mêmes à Gennetines), mais pour une simple raison de confort : possibilité, justement, de loger en dur, magasins, bars, téléphones qui captent. C'est peut-être la raison pour laquelle la place de J.Lavergne était plus là-bas qu'à Gennetines, puisque ces conditions matérielles lui semblaient tout juste suffisantes ?
Et râler parce qu'on n'a pas ouvert l'accueil spécialement pour lui en dehors des horaires d'ouverture, franchement... encore une fois, ce n'est pas comme si les conditions logistiques, horaires d'accueil comprises, n'étaient pas annoncées clairement des mois à l'avance.
Modifié par AlinWond, 20 avril 2017 - 23:26.