Je ne sais pas si il y a déjà un sujet là-dessus.......(Copié d'accrofolk)
Eric Champion
« C'est quelqu'un qui arrive à un équilibre hors norme entre la qualité de son geste, la qualité de la relation à ou aux autres, la qualité de l'énergie, la qualité de la présence. Si l'équilibre n'est pas le bon cela sera un gymnaste, un représentant de commerce, un excité, un charismatique,… L'alchimie est délicate. Quand cela est, c'est une évidence, il y a une force qui se dégage, une esthétique indéniable, c'est de l'ordre de l'artistique.
Pour les critères, c'est bien difficile tant la chose est complexe, peut-être le naturel, l'absence de sur-jeu, la fluidité, la facilité / qualité du geste, la justesse de la relation, l'émotion, la capture de mon attention ! »
Pierre Corbefin
« Le premier des critères me paraît être celui de l'émotion dégagée. Un bon danseur est émouvant. Sachant que le plaisir est, peut-être, le premier stade de l'émotion (voire sa prémisse) : avoir du plaisir à regarder quelqu'un danser. Mais est-ce un critère ? Peut-être serais-je plus proche de la question en parlant d'interprétation, d'expression. Un bon danseur, c'est celui qui ne donne pas l'impression de réciter (aussi parfaite qu'elle soit, la récitation reste un exercice froid, sans profondeur). C'est celui qui, à partir d'un modèle donné, a su mettre sa personnalité en symbiose avec le modèle. Si on reconnaît la danse interprétée, on perçoit en même temps ce que l'interprète a d'unique. Ce qui suppose une maîtrise technique parfaitement aboutie, mais cette maîtrise peut être visible, ou pas. Un bon danseur serait donc celui qui tendrait vers l'épurement. Ceci avant même de se pencher sur le style, l'intonation, dimensions auxquelles on n'échappe pas quand on a affaire à la danse traditionnelle.
"Voilà, c'est ça. Une bourrée, c'est ça. Voilà bien là ce mouvement particulier qui échappe finalement à l'analyse et qui est la marque profonde (la reproduction réussie pour ce qui nous concerne, nous "revivalistes") qu'une société humaine a su imprimer sur cette forme d'expression, ce langage qu'est la danse. »
Françoise Etay
« Un bon danseur, c'est pour moi quelqu'un qui a bien intégré un style, qui en est même totalement imprégné, et qui a un sens rythmique très aigu. Dans le cas des bourrées et de quelques autres danses qui, à mon avis, sont d'un esprit proche, le bon danseur sait, en outre, gérer l'énergie propre à la danse, et les variations qu'il y apporte, en relation avec le jeu du musicien, concrétisent sa maîtrise. »
Edith Lozano Huguet
« Je définirai un "bon danseur" comme une personne qui allie avec une aisance, faisant croire à la simplicité, le mouvement à la musique, douceur, souplesse, force, retenue et présence.
Un bon danseur doit être beau à regarder. Il doit y avoir harmonie complète entre le dansem en mouvement et la musique.
Quand on danse avec lui, il doit y avoir un partage équitable entre puissance et douceur. II doit y avoir osmose entre les partenaires sans pour autant annihiler l'individualité (principalement dans les danses où il n'y a pas de contact physique) sans oublier le regard, l'intérêt particulier pour le partenaire »
Mes critères d'évaluation : justesse des pas alliée à un style découlant du répertoire, du terroir, En un mot danser une bourrée du Berry avec le style du Berry et pas de l'Auvergne, ou bien danser une mazurka du centre France différemment d'une mazurka du sud-ouest. À chaque région, à chaque province correspond une façon de danser différente, inscrite dans le mouvement, dans la position du corps, dans les appuis,... »
« Un bon danseur est celui qui connaît assez la danse qu'il interprète en ayant cette conscience de "sa carte d'identité", sa logique, son essence en accord avec le caractère et les qualités de la pratique communautaire culturelle de cette danse.
Mais il se doit d'avoir d'autres qualités. La plus évidente est, évidemment, d'avoir une maîtrise assez lucide de son corps pour pouvoir l'adapter à la danse en question, pour pouvoir être dans le "confort corporel". En outre, pour être totalement en accord avec le caractère communautaire fort de la danse traditionnelle, il doit pouvoir s'abandonner au groupe et éviter ainsi d'entrer dans la performance individuelle qui nuit souvent à la qualité d'un bon danseur. Ces atouts évitent de tomber dans différents travers et notamment celui du "folkeux" qui s'arrête souvent à la simple esthétique de la danse en oubliant les forces intrinsèques des danses : c'est du mouvement sans saveur ni sensibilité...
Enfin, cerise sur le gâteau, la qualité suprême d'un excellent danseur est celle de maîtriser assez tous ces éléments et cette connaissance pour pouvoir jouer avec l'espace de liberté qui lui est laissée par la danse tout en restant en accord avec la logique du mouvement de celle-ci : l'interprétation intelligente.
(« L'individu traditionnel acquérait par imprégnation la danse à la fois en tant que langue du groupe mais il avait la possibilité d'une parole personnelle ». Y. Guilcher) »
« Dans l'ordre décroissant :
- maintien, tenue du corps, sourire.
- qualité d'équilibre dans les mouvements et qualité d'ouverture et de rendu des jambes et pieds.
- sens du rythme, respect du tempo musical, respiration.
- technique dans les assemblés, les mouchetés, les chassés, les pas battus (brisés, entrechats et ailes de pigeon).
- danse bas sur demi-pointes (quart de pointe), énergie et vivacité dans les mouvements, capacité à syncoper.
- force, puissance, grâce, légèreté, endurance, élévation.
- variété de son répertoire de pas dans les mouvements, les rythmes et les variations. »
Lucienne Porte-Marrou
« Il écoute la musique et il suit parfaitement la mesure - élégant dans son allure - bonne tenue du corps, sans raideur. Il sait conduire sa partenaire, il est capable d'adopter "le style" de la danse qu'il pratique et une bonne danseuse le suivra sans difficulté. »
extraits écrits par Antonius Arena (1500-1544), auteur averti et critique. Ses observations sont bien pertinentes aujourd'hui encore.
« (...) La qualité de la danse manifeste celle de l'homme. Etre un bon danseur, ce n'est pas connaître beaucoup de danses. Beaucoup de gens savent exécuter les pas correctement, mais leur danse demeure sans grâce(...). On en voit qui ne cessent de se retourner en dansant, pour s'assurer, en observant le voisin, que leur danse est correcte. On dirait larrons qui se tortillent sous le fouet du bourreau, ou encore Janus, qui a le visage tourné des deux côtés. Certains font de leur visage mille grimaces. Il y en a, on dirait qu'ils se croient en train de fouler du raisin, tellement ils appuient sur leurs pieds. Certains danseurs, enfin, avaient l'impression de savoir toutes les danses du moment qu'ils gigotaient beaucoup ».
Et Yvon Guilcher de conclure : « on les voit, on s'y croirait. Echappez à tous ces travers, et vous commencerez à danser. Vous n'aurez plus à acquérir que l'essentiel : la grâce ».
Et vous ????????????