Est ce que t'es pas un tout petit peu en train de te contredire toi même là ??
Non !
Je me suis mal fait comprendre, je recommence...
Camille, tu mélanges harmonies d'un accompagnement et harmonies intrinsèques à un morceau (donc liées à la composition). Ou, en d'autres termes, tu mélanges harmonies pour faire joli et harmonies minimales.
Exemple : je prends une bourrée d'Auvergne, "Fleur de genêt" par exemple. On peut dire que ce morceau est construit autour des Ier et Ve degrés (bon déjà ça n'a pas de sens de dire ça puisque, si on veut être rigoureux, la notion d'harmonie n'existe pas en musique traditionnelle d'Auvergne...). En d'autres termes, si je joue avec un cabrettaïre et que je veux accompagner ce morceau avec mon accordéon, je peux seulement utiliser do majeur et sol majeur, si le morceau est joué en do (c'est d'ailleurs ce que faisaient les premiers accordéonistes ayant joué avec des cabrettaïres. On retrouve la même chose dans les premiers enregistrements trad irlandais avec l'accompagnement piano, années 20-30). C'est cette caractéristique qu'on retrouve dans beaucoup de musiques traditionnelles qui a fait dire à des observateurs issus de la bourgeoisie que la musique trad, du point de vue musical, c'était "simple", quand ce n'était pas "simpliste" voire "pauvre". Seulement, leur jugement est biaisé par leur culture musicale bourgeoise, ou l'harmonie a une importance démesurée... par contre ces mêmes observateurs sont peu sensibles à l'énergie, aux accents, à l'articulation, au phrasé, aux formulettes rythmiques codifiées, aux variations, aux ornements, etc. Quand on a de la musique classique plein la tête et qu'on découvre la musique trad, c'est le grand écart culturel, et si on remarque tout de suite ce qui manque par rapport à ce qu'on connaît, on perçoit plus difficilement ce qu'il y a en plus. Bref je m'égare... Pour en revenir à ma bourrée, c'est vrai que
l'harmonie intrinsèque au morceau est simple puisque je peux l'accompagner avec deux accords sans que ça frotte. Mais en fait, quand j'accompagne cette bourrée, j'utilise au moins 7 accords différents. Pas pour enrichir cette musique, qui n'a rien demandé à personne, et qui est déjà bien assez riche... je le fais parce que ça me plaît bien comme ça, point ! (tiens, revoilà la notion de plaisir...) Là, il s'agit des
harmonies de mon accompagnement. Mais le morceau peut s'en passer.
Par contre, un morceau comme "British String" appelle bien plus que deux accords pour un accompagnement basique ou minimal, car il est harmoniquement plus complexe (mais ce n'est pas pour autant qu'il est plus "intéressant", il y a tellement d'autres facteurs qui entrent en jeu). Ce que je constate (et non pas ce que je reproche Camille !! je dis pas "vous devez" mais "vous pouvez faire comme ça") dans le Quintet, c'est que vos accompagnements restent basiques, dans le sens où les accords épousent classiquement la mélodie et où ils sont rarement enrichis. D'ailleurs le terme "enrichi" pour un accord est ambigu, il instaure presque une échelle des valeurs dans les accords, certains étant pauvres, peu intéressants, d'autres étant riches et plus intéressants. Ne pas se laisser piéger par la terminologie !
Bref, utiliser les accords "enrichis" de temps en temps est une façon d'enrichir les
arrangements mais pas de rendre la
mélodie plus intéressante.
Pour finir, j'ai peur de passer pour le-mec-qui-sait-mieux-arranger-que-tout-le-monde alors je tenais à dire que je ne pense pas arranger mieux que vous quand je joue, simplement j'ai entendu des choses qui me surprennent bien plus !