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[diatoto]

Mais je t'interroge quand même, concernant le trad, sur ce détournement d'une pratique qui relève pour l'essentiel, si l'on s'en tient à ce qui a été recueilli depuis près de deux siècles, d'une oralité bien comprise qui se passe très bien d'écriture

Evoquer une période où les musiciens traditionnels n'utilisaient pas le solfège (et encore, ça ne m'étonnerait pas que certains aient développé des systèmes de notation complètement personnels...) pour démontrer son inutilité ne tient pas compte de l'évolution de la société, de la musique et de ses pratiques.

Je pense également que si les collecteurs n'avaient pas écrit une partie de cette "oralité", beaucoup de choses vieilles de deux siècles comme tu dis n'auraient pas survécu à l'après 14-18 et auraient été perdues à jamais. Je crois que le patrimoine de "l'oralité" doit aujourd'hui beaucoup à l'écriture.

Plus généralement, je m'interroge sur la manière dont on récupère le débat autour du solfège pour alimenter un discours politico-philosophique sur fond de lutte de classes qui ne recouvre aucune réalité sociologique aujourd'hui.

Car au risque de jeter un pavé dans la mare, les acteurs du trad (musiciens, enseignants, chercheurs ou en institution) sont issus eux aussi d'une certaine bourgeoisie moderne post soixante huitarde ...(enseignement, études supérieures pour la plupart...)

bourgeois...le mot fait mal...en tous cas une classe sociale non populaire...

[Ekks-O]

Je dirais même qu'il y a beaucoup de Bo-bos dans les tradeux.

[diatoto]

tiens j'avais oublié cette expression: "les bobos"...tout à fait ce que je voulais dire...

J'en profite pour ajouter le dernier couplet de la chanson de Renaud ( les bobos...pas terrible mais j'aime bien la fin...)

Ma plume est un peu assassine
Pour ces gens que je n'aime pas trop
Par certains côtés, j'imagine...
Que j'fais aussi partie du lot


...

[Erix]

Le solfège n'est pas indispensable, on peut apprendre des airs de musiques trad (et autres) d'oreille (les anciens disaient "de routine"),
je trouve prétentieux de dire que le solfège est inutile .

expérience perso :

Lors d'un bal trad, nous avons joué 4h de suite sans jamais répéter un seul air, à la fin de notre passage, nous avons constaté que nous avions interprété la moitié du repertoire trad que nous connaissons ... Merci les carnets de partitions...

Il m'est arrivé de jouer un air trad (une mélodie pas trop difficile que je ne connaissait pas) en public, pour la première fois ... en lisant sa partition : sans parto, c'est IMPOSSIBLE !

[revilo]

Diatoto, j'avais dit ce matin que je donnais mon avis et basta...bon me voilà dans la melée et j'ai peu de temps aujourd'hui à consacrer à celà.
En deux mots tout de même, et pour résumer:
—je n'ai rien à dire sur le solfége pour lequel je n'ai pas d'opinion négative. Aucune
— plus positivement, on peut être fondé à s'interroger de savoir pourquoi, en matière de musique trad, un système qui a fait ses preuves et qui est fondateur de la matière même de ces musiques (l'oralité pour faire court...j'ai pas l'temps, une autre fois) est aujourd'hui si peu référent alors qu'il est directement exploitable dans une pratique élémentaire par tout un chacun, sans aucune référence au passé dont il est pourtant issu —jouer à l'ancienne quelle horreur!—, juste en essayant de comprendre comment, dans la bouche ou les instruments de ceux qui l'ont pratiqué, il s'est structuré et répandu.
Les comparaisons sont toujours chiantes par les digressions qu'elles imposent ...mais quand même, juste une, rapide :
Il y a près de trente ans on a traité les gens qui cultivaient en "bio" de doux réveurs ( d'autres post soixantehuitarts...!). Ce mode d'agriculture qui reprenait en compte des choses oubliées et pas nouvelles, pratiquées tout au long de l'histoire des hommes, reste encore aujourd'hui marginal à cause du coût qu'il représente, des circuits de distributions organisés autrement, d'une idéologie dominante qui le marginalise. Et on voit bien que malgré cela cette agriculture est aujourd'hui inéluctable dans une gestion globale des ressources naturelles sur cette bonne vieille terre.
Comparaison n'est pas raison okey, mais pour moi l'oralité est un vrai chemin de liberté et de modernité, on peut en reparler une autre fois. Il suffit de rentrer dans la matière-même de ce langage par cette entrée pour comprendre combien elle n'est pas "ésotérique" et régressive mais cohérente et structurante des systémes créatifs de sa matière, on en reparles aussi.. bref qu'on ne s'y interresse pas assez, et également aux collectes entreprises depuis une quarantaine d'années, dont les résultats et les analyses sont si peu connus, même si des documents ont été publiés...
Quand à la "politique" , si tu veux bien, on en reparleras aussi une autre fois avec d'autres ingrédients.Cordialement

[pp]

je ne sais pas lire la musique , ni l'écrire... et pourtant j'ai composé quelques morceaux dont certains tournent dans les bals folks.
Ce n'est donc pas indispensable de connaitre le solfège.
Je n'ai jamais voulu faire l'effort d'apprendre la musique, mais c'est certainement vrai que ça bloque parfois , en même temps cela me laisse des portes (je ne cherche pas à savoir quelle note sera la mieux, les notes se placent et parfois ça sonne et parfois pas).
C'est sur que de pouvoir lire, cela fait gagner du temps , mais peut-être qu'il est plus difficile de faire respirer les morceaux ?
qu'en pensez vous?

[Sorcier]

pp> non, pas forcément, si le mec ( ou la nénette ) est accroché(e) à sa part', bah, il a perdu, il a rien compris.
C'est juste pour voir avec ses yeux un air, et l'entendre alors qu'on l'a jamais entendu.
Après, un bon tradeux saura mettre et faire tourner une bourrée en bourrée et pas en valse. Ca facilite juste l'apprentissage de l'air.

[diatoto]

ça marche revilo!

mais la musique bio sans pesticides ni solfège...ça me donne envie de rebondir...

[Chamusique]

Laissons notre mémoire toute entière disponible pour les musiques que nous voulons vraiment intégrer à notre précieux système nerveux et gardons notre "temps de cerveau disponible" pour les choses que nous préférons (et les annonceurs publicitaires de la téloche qu'ils aillent se faire...)

Et pour les musiques de passage, les part' ça le fait bien.

J'aime bien les vieilles partitions de danses écrites du XIXe. C'était pas trad oral au départ, un peu salonard bourgeois parfois peut être, mais il y avait des connections avec le populaire et tirés de leur contexte historique, certains airs vont très bien dans nos bals trads (il faut faire le tri bien sûr).

Pour ce qui est du politique, je suis un instit issu de l'immigration, du monde ouvrier et des trente glorieuses et je suis pas certain d'avoir tout capté dans les posts précédents...

[diatoto]

Pour ce qui est du politique, je suis un instit issu de l'immigration, du monde ouvrier et des trente glorieuses et je suis pas certain d'avoir tout capté dans les posts précédents...

Il n'empêche qu'en général, les acteurs du mileu trad ne proviennent pas du monde ouvrier. Mais heureusement qu'il existe des exceptions car un tel déterminisme serait déprimant...

[Chamusique]

Voui, de même qu'il peut y avoir au pire, un côté hyper conservateur aussi...

[diatoto]

m'enfin, constater une chose et exprimer une idéologie sont deux choses différentes quand même!

[aurelief]

ben perso je joue de la vielle je ne sais pas du tout lire le solfège ni le rythme je ne connais limite pas les notes sur ma vielle et je me debrouille comme sa.
c'est mon oreille qui travaille.
j'ai peut être de la chance d'avoir le rythme paske je fais de danse trad depuis toujours mais je suis sur qu'on est pas obligé de savoir lire le solfège pour faire de la musique trad
les partitions ne sont qu'un outil de travail

[Sorcier]

oui, tu as raison, un outil !!

une secrétaire peut se passer d'un ordinateur aujourd'hui, pourvu qu'elle est une bonne mémoire ( pour se rappeler de ce qu'il faut taper ), des bons doigts ( pour écrire beaucoup de lettres ), etc.

Oui ce n'est qu'un outil !

[P'tite Julie]

Je joue d'un instrument classique, le hautbois, pour lequel travailler sans partition, et donc sans connaître les bases du solfège, est difficile, avant de vraiment le maîtriser à fond. Je ne joue que depuis 2 ans.

Je pense que le solfège permet de développer certaines qualités comme pré-entendre un morceau dans sa tête rien qu'en lisant les notes et le rythme, mais qu'il fige également les morceaux.

On perd un peu sa capacité à improviser quand on a appris un morceau sur partition, du moins pour ma part.

Cependant, il m'arive également de reconnaître des morceaux à l'oreille, grâce à ma mémoire, mais je préfère directement les noter pour ne pas les oublier.

En résumé le solfège sert pour rédiger les pense-bête, pour combler les trous de mémoires !

[Sorcier]

dans le jazz, ce sont des bêtes de solfège ( pour la plupart ), et pourtant, leurs morceaux sont loin d'être figé non ? ( question ouverte )

[Ekks-O]

Alors attention, pour moi le solfège peut à al fois permettre une grande liberté (du fait que c'est la science de l'arrangement) mais aussi bloquer ceux qui sont moins à l'aise avec leur instrument qu'avec le solfège...

[Ludoman]

Le raccourci "le solfège" = "la science de l'arrangement" me semble un peu rapide quand même... :.

Ceci dit, c'est assez lié ou du moins la science de l'arrangement est très facilité par le solfège (grilles d'accord, motifs rythmiques, expression...)

[P'tite Julie]

dans le jazz, ce sont des bêtes de solfège ( pour la plupart ), et pourtant, leurs morceaux sont loin d'être figé non ? ( question ouverte )

Remarque très pertinente !!! Je me suis peut être embrouillée entre le fait de suivre une partition et de maîtriser le solfège.

[Sorcier]

c'est pas grave, on est la justement pour en discuter