Je trouve horrible de voir une émission diffusé en grand public où il en arrive à dire qu'il y a un vide dans la culture française de la danse bla bla...
à croire que tout ce qui tourne autour de la danse trad/folk au sein de la France n'existe pas(festival comme gennetines, les ateliers dans des associations...).
Je trouve dommage d'en arriver là
Alors moi, je vous le dis, nous méritons d'être connu et reconnu Partons conquérir le monde!!! Ce serait déjà un bon début, non? Vous en pensez quoi?
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Posté 23 mai 2012 - 11:35
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Posté 23 mai 2012 - 13:45
Je ne vois pas de problème à constater qu'il n'y a pas de danse populaire/traditionnelle française "commune".
Certes, ils ne parlent pas de l'existence de danses traditionnelles... il faut admettre que la communauté trad/folk/etc est très largement minoritaire, éparpillée, bien que très active.
Le sujet ici étant de savoir s'il y a une danse populaire commune en France


Des philosophes et journalistes, dont la vocation est sensée être la recherche de la vérité par la logique et la preuve, font ici étalage d'une ignorance et de raccourcis assez grandioses.
Tout d'abord, ils ne semblent pas maîtriser les sujets dont ils parlent.
Exemple le plus frappant : le passage sur le jazz (13:40)... Comme quoi les esclaves originaires d'Afrique ont, je cite, "inventé le jazz dans le travail" aux USA. Stop la connerie...
En travaillant dans les champs de coton, les mecs se seraient dits "eh, j'ai entendu un truc pas mal l'autre qui s'appelait le ragtime. Hey Larry, choppe la clarinette là-bas, moi j'prends mon trombone, on va essayer d'en tirer quelque chose qu'on appellera Jazz"
Juste deux dates :
- Fin de l'esclavage : 1865 (proclamation d'émancipation 1863).
- Premier enregistrement de jazz (attribué à ODJB) : début 1917.
(Je conviens que le premier enregistrement ne correspond pas à la création du jazz, mais ça fait quand même un écart de plus de 50 ans...)
Bref, le sujet n'est pas le jazz.

Pour reprendre sur l'émission et la thèse en elle-même :
"La meilleure illustration de ce phénomène de "déculturation française" vous l'avez trouvée dans l'émission strip tease consacré à deux françaises voyageant au Mali..." --> Ah ben ça promet ! Si les philosophes se basent sur ces deux françaises (bien que pleines de bonne volonté mais un peu "quiches" quand même - pour faire la danse des canards en réponse à une démo de danseuse africaine, faut quand même pas être une lumière

Revenons-en à la danse en France :
La vision de la capitale et la vision des régions n'est absolument pas la même. Il me semble qu'ils baignent dans une sorte de jacobinisme nostalgique en sous-entendant qu'avant, la France était unie par une culture de danses populaires communes et que maintenant ça a disparu, il n'y a plus que la danse des canards qui reste comme danse commune à tous les Français : preuve pour lui de notre perte d'unité culturelle.
Plutôt que de dire "avant il y avait les fêtes de villages...", ils ne se posent pas la question de savoir si l'unité de la danse populaire en France a déjà existé.
Sensibilisés aux milieux trad' de France (et d'ailleurs), nous sommes conscients que les cultures et traditions populaires de France sont un ensemble de cultures et traditions régionales...
Ils semblent avoir une vision très jacobienne de la France et colonialiste de l'Afrique. Je m'explique : je sens une vision des danses de "fêtes de villages" comme des gentils paysans/villageois qui dansent les danses populaires de France. Un peu comme ils voient la jeune danseuse malienne comme une gentille africaine faisant une démonstration des danses populaires du Mali. Le passage à partir de 2:23 sonne à mes oreilles comme : "Comme la culture de ces indigènes est riche. Comme c'est pittoresque...".
Ca me dérange beaucoup. Les vieilles idées ont la peau dure.
Pouah, j'ai écrit pas mal... ben je conclus pas alors, je vais écrire d'autres conneries dans un autre topic !
J'aime également beaucoup un argument choc de la journaliste citadine : "oui mais à Paris, il y a pleins de cours de danse..." -> toi tu sors, tu sers vraiment à rien. Hehehe
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Posté 23 mai 2012 - 15:39
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Posté 23 mai 2012 - 15:56
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Posté 23 mai 2012 - 16:01

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Posté 23 mai 2012 - 16:03

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Posté 23 mai 2012 - 16:35

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Posté 24 mai 2012 - 11:46
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Posté 24 mai 2012 - 13:52

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Posté 24 mai 2012 - 16:05
- vicha, Eden et Hugal aiment ça
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Posté 24 mai 2012 - 16:17
Mais il y a les mots d'une part, et il y a le message qu'ils sont censés faire passer. Il y a aussi le message que veut faire passer celui qui met en ligne cette vidéo sur YT.
Comme c'est complexe mais intéressant, ce soir, vous aurez du grain à moudre. D'ici là, on peut peut-être éviter d'être inutilement agressif ou instinctif dans les commentaires YT...
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Posté 24 mai 2012 - 16:50
Avant de se demander "pourquoi les français ne dansent pas" faudrait essayer "est ce que les français dansent" ...
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Posté 24 mai 2012 - 20:11
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Posté 24 mai 2012 - 23:40
Je n'ai pas cherché à corriger l'expression orale des intervenants, et c'était un peu lourd à force...
Il y en a un qui remporte quand même la palme du discours creux, je vous laisse trouver.
Jérémie Piolat, philosophe et documentaliste.
0°) Vous venez de publier un essai très ? car il est le premier à s'interroger sur la déculturation des pays développés, notamment la France. Le livre s'appelle "Portait du colonialiste" [La Découverte] , et la meilleur illustration de ce phénomêne de déculturation, vous l'avez trouvé dans l'émission Strip-tease consacrée à deux Françaises voyageant au Mali. Elles s'habillent à l'Africaine, elles se font des nattes à l'Africaine, elles mangent africain. Et puis elles sont invitées dans une fête africaine et là, il y a des jeunes filles qui dansent très très bien... Comment vont-elles réagir ? [Extrait vidéo]
[01]
1°) Dans votre livre, et c'en est quasiment le point de départ, vous dites qu'en voyant cette scène, vous avez ressenti un sentiment de honte. Vous pouvez nous expliquer pourquoi ? Et pourquoi c'est le point de départ de tout ?
Ce n'est pas le point de départ du livre, [même si elle apparaît] quasiment au début.
Mais disons que la réflexion sur la danse commence là, effectivement. Le sentiment de honte vient du fait que j'ai un esprit plutôt ouvert, positif, et quand je vois ces deux Françaises, malgré tout ce qu'on a vu avant, et que vous avez décrit, qui commencent à dire : "on va répondre", je me dis que, peut-être, on va assister à la découverte d'une danse populaire encore vivante en France, que je ne connais pas. Et vraiment parce que j'ai bon esprit, je pense, à ce moment là en tous cas, vraiment, je ne peux même pas imaginer que ça va être la danse des canards. Donc, quand c'est la danse des canards qui répond à une telle force qu'on a vue avant, la danse de la jeune fille... Il faut savoir que c'est une danse qui demande au moins... on peut au moins reconnaître sans avoir accès au sens de cette danse, la technicité, la virtuosité de cette danse. Je dis technicité dans le sens : pouvoir lever les jambes aussi haut, répondre à un mouvement élevé à un temps qui est frappé, c'est un rapport aérien à la terre, qui est tout à fait d'ailleurs a contrario du discours de Sarkozy sur l'Afrique qui se répèterait toujours et sur un monde ennuyeux, qui serait celui de l'Afrique... Face à la danse de cette jeune fille qui demande une dextérité énorme, une virtuosité, qui est porteuse de sens, je m'attends effectivement à autre chose. A un équivalent même peut-être, mais quand je vois la danse des canards, je me pose la question:
"Comment se fait-il que ces femmes aient crû que l'équivalent culturel de ce qu'elles ont vu (la danse de cette jeune malienne) soit la danse des canards ?"
Mais la réponse est dans la question. Parce que peut-être l'équivalent culturel, en culture populaire de la France, à la danse malienne, c'est la danse des canards.
[03]
2°)On est souvent face à des danses, dans ces pays du Sud, et on y est. A chaque fois qu'on voyage, on est confronté à cela. [Dans] tous ces pays-là, ils dansent, ils chantent, ils s'expriment avec leur corps ; nous ne le faisons plus, et souvent, on a l'impression même qu'on est fier de cela, qu'on est au dessus de ça... comment est-ce qu'on a perdu ce rapport à la danse ? On n'est plus acteurs de notre culture aujourd'hui, on en est les spectateurs : on danse dans les boîtes de nuit, on regarde les autres danser...
Qu'est-ce qu'on a perdu là-dedans ?
Il n'y a pas que la danse. [...] Je parle des pratiques cul
Je n'ai pas cherché à corriger l'expression orale des intervenants, et c'était un peu lourd à force...
Il y en a un qui remporte quand même la palme du discours creux, je vous laisse trouver.turelles populaires. Je circonscris le terme culture dans un sens précis. Par pratique populaire, j'entends des pratiques qui sont transmises et transformées par les peuples, et non pas par des professionnels et des institutions. Elles sont transmises, transformées en famille, dans la rue, etc.
Quand on a plus de culture populaire... cela peut concerner la manière dont on accueille les nouveaux-nés, dont on accompagne les anciens ; cela peut concerner les pratiques artistiques populaires (chant, danse), ... Quand on n'a plus ça, on a plus la possibilité de faire communauté, [ouverte] aux autres communautés. On a plus la possibilité de se rassembler et de faire sens.
[05]
3°) Pour vous, l'Occidental, l'Occidentalisé, est tissé de manques. Effectivement, il ne danse plus, il ne chante plus, il met ses enfants à la crêche, il met les viellards dans les asiles [mouroirs], ... Pour vous, tout ça est lié. A quoi sert de savoir danser ? A quoi ça sert aux autres [de savoir] ?
Quand on sait danser parce qu'on appartient à une culture populaire encore vivante, on ne sait pas que danser. La danse permet de travailler tout simplement un rapport subtil au temps. La danse est l'art de bouger son corps en rythme, pour en donner une définition simple. Donc, quand on remue la tête en marquant le temps fort d'un métronome ou d'une cadence, on n'est pas dans la danse, on est dans le pas militaire ou on est dans autre chose. Mais la danse, c'est quand on se joue de la cadence, quand on arrive à avoir une envollée entre les temps forts.
[06]
4°) Et ça, on ne sait plus [faire] en France ?
Non, ça on ne sait plus en France. On ne peut pas comparer la danse des canards (on pourrait faire une analyse scientifique [...]) à ce qu'est le mbala au Sénégal [...], aux grands nombres de danses turques et de danses gitanes. On ne peut pas. Ce n'est pas le même rapport au temps, ce n'est pas la même dextérité, ce n'est pas la même technicité, ce n'est pas le même savoir tout simplement.
Tour de table :
Michel Onfray, philosophe.
[06]
5°) Vous êtes d'accord ? Les Français, les gens des pays développés, aujourd'hui, ne dansent plus (en plus ils en sont fiers), et ils ont perdu quelque chose ?
Excusez-moi, mais on va être obligés de revenir à la Révolution française.
Avant que le jacobinisme ne triomphe, il y avait des régions, des provinces, il y avait des danses qui correspondaient à des espèces de biotopes, qui voulaient dire quelque chose.
[le journalisme propose la carmagnole révolutionnaire, puis le rigaudon provincial]
En Bretagne, en Alsace, en Corse, ..., ça voulait dire quelque chose parce que ça obéissait à une nécessité naturelle.
Quand la France devient la France, avec ce que cela suppose de jacobinisme, de parisiannisme, de centralisation, etc, la destruction de toutes les identités régionales, on devient une espèce de France qui danse à peu près la même chose.
Qu'est-ce que nous propose le marché aujourd'hui ? La danse des canards (la danse des cadavres ?!). On a ça parce que ça ressemble à notre époque. Les danses régionales n'ont plus de sens. On voit aujourd'hui des gens avec de costumes folkloriques et puis des Nikes... qui sont en train de danser, et on se dit : mais qu'est-ce que ça veut dire ? C'est comme parler des langues régionales qui n'obéissent plus à aucune nécessité naturelle. Il y a un darwinisme qui fonctionne sur la question de la danse : quand la danse obéit à une nécessité culturelle, sociale, sociologique, politique, elle existe ; quand il n'y a plus ces nécessités-là, les danses disparaissent. Alors, arrivent des danses internationales, cette espèce de danse des canards. Et vous aviez raison de dire tout à l'heure que quand on opine du chef sur un métronome, on ne danse pas, parce que le rythme, c'est plus subtil et c'est plus complexe... C'est une des manifestations de la décadence et du nihilisme de notre époque. Notre civilisation s'effondre, se délite ; il y a une espèce de danse universelle où l'on a même plus besoin d'apprendre à danser, il suffit debouger, de s'exciter, de s'énerver,...
Une journaliste.
[08]
6°)
Pardon, mais on entend quand même des cours de danse partout dans Paris, et sans doute ailleurs, bruisser toute la journée, des cours de tango argentin, de passo doble, de salsa, de danses africianes, etc. Alors oui, il n'y a pas les danses populaires françaises, mais c'est peut-être un peu chauvin de les regretter beaucoup... précisément, on peut peut-être être humble sur ça, nous les Français qui sommes si fiers de notre culture, de nos lumières, de nos concepts philosophiques, etc,
[J.P.: Ce n'est pas mon cas]
... avoir cette humilité là de dire : pour la danse, on n'est pas super forts, mais du coup,qu'est-ce qu'on se régale avec les danses, non pas standardisées, internationales...
[M.O. : Mondiales, oui, cosmopolites !]
... mais voilà, on danse les danses de l'autre : c'est quand même un peu un moyen de rencontrer un peu la culture de l'autre.
[08]
7°) Pour vous, Jérémie, ce n'est pas du tout la même chose ? Danser le paso doble, le tango ou le jerk, ça n'a rien à voir ?
Il s'agit d'un autre sujet. Je ne dis pas qu'on ne doit pas danser le paso doble ou la salsa. Au contraire, je pense que c'est en fréquentant, en rencontrant et en pensant cette rencontre avec les danses populaires encore vivantes, et non folkloriques, c'est à dire [celles] qui sont encore en devenir (comme le mbala sénégalais, le chaabi maghrebin)... donc on doit rencontrer ces danses-là.
Mais moi, ce que j'interroge, c'est l'absence de ces danses, l'incapacité d'apprendre et de transmettre des danses en milieu populaire français. C'est cela que j'interroge. Il ne s'agit certainement pas de chauvinisme. Je dirais même que le seul lieu où il y a encore des danses populaires qui naissent, ce sont les quartiers où il y a une forte population immigrée. Par exemple, le hip-hop, pour moi, fait partie... Je parle du hip-hop de rue, c'est à dire quand un enfant se met à écrire en rimes et en écrivant comme ça, il dit, il arrive, il a accès à une certaine vérité... Je parle du hip-hop de rue quand il se danse dans la rue. Je n'est rien contre non plus... j'adore le rap, y compris celui qui passe à la télé ou qui ne passe pas à la télé, mais là je parle du hip-hop de rue. Il y a là une culture populaire, parce qu'elle est portée par les individus qui vivent dans le quartier, elle se transmet dans la rue.
Donc ce n'est pas du tout de dire, de regretter que nous n'aillons plus de danses populaires, c'est interroger pourquoi nous n'avons pas l'équivalent de ces danses subtiles en France. Qu'est-ce qui s'est passé ? Que nous est-il arrivé ? Il faut savoir... à l'origine de mon livre, il y a l'étude des philosophes de la décolonisation (Memmi, Césaire, Fanon), qui ont quand même mis à jour cet instant du processus colonial où le dominé adopte le discours du dominant et se met à détester sa culture. Or, normalement, les cultures immigrées extra-occidentales, qui ont subi la colonisation auraient dû disparaître. Or, elles sont encore vivantes. Je les connais, je les fréquente depuis que je suis né pour X raisons, et je n'ai vu que des cultures vivantes.
[10]
8°) Vous dites qu'elles ont même servi à se défendre contre le colonialisme, que ce soit pendant l'Apartheid, pendant l'esclavage...
Oui, il y a aussi cet aspect-là. Là où elles sont vivantes, c'est une protection contre l'idéologie dominante parfois, c'est une protection contre la fascination pour la télévision ; même si on regarde beaucoup la télévision, il n'y a pas que ça quand on a une culture populaire vivante. Elles ont aussi servi à affirmer un autre type d'identité, comme à travers les Black Panthers, à raconter aussi les émeutes de rues, en RSA donc, avec les danses de l'ANC... Tout ça pour dire qu'en posant cette question, en voyant que les cultures populaires n'ont pas disparu chez ceux qui ont subi la violence du crime colonial durant des siècles, je m'interroge. Je me dis : comment se fait-il que c'est ici qu'elles ont disparu. Qui est colonisé en fait ? Voilà l'interrogation de mon livre. Donc, il n'y a aucun chauvinisme à dire qu'il n'y a pas de danses populaires en Europe de l'Ouest (je ne parle pas que de la France [...], je suis Français donc je m'intéresse effectivement à la France). Il n'y a aucun chauvinisme à ça. C'est vraiment pour arriver à poser la question. Que nous est-il arrivé ? Qu'est-ce qui fait que quelque part, nous ressemblons à des colonisés tels qu'ils sont décrits par Césaire quand il parle de ces peuples qu'on a privés... à qui on a arraché leur richesse culturelle par exemple.
[12]
Franck Nouchi, journaliste.
9°)
Il me semble qu'il y a un contre-exemple. Quand vous parlez des pratiques culturelles en général... tout à l'heure, Michel Onfray s'est livré à une analyse opposant le jacobinisme au régionalisme... moi, il me semble qu'il y a eu une pratique culturelle qui échappe un petit peu à ce que vous dites, c'est la pratique culinaire. Il suffit d'ouvrir un poste de télévision pour se rendre compte que la pratique va croissant, que les gens sont de plus en plus passionnés par ça, que là, il n'y a pas d'opposition entre la cuisine traditionnelle française et les cuisines exotiques importées en France. Elles sont même le reflet de l'Histoire de France. On voit que le couscous par exemple aujourd'hui est devenu le deuxième plat national français. Donc je pense qu'il faut faire attention. C'est vrai ce que vous dites pour la danse, ce n'est peut-être pas vrai pour toutes les pratiques culturelles.
[12]
Yves Roucaute, philosophe.
10°)
Moi, je ne suis pas contre du tout ce qui est dit. Simplement, je pense que l'histoire de colonisé/colonisant,dominant/dominé, ça ne marche pas du tout. Mais à l'inverse, ce qui marche effectivement, je pense, et là je crois que c'est quelque chose de fort, c'est qu'avec la mondialisation... il n'y a pas qu'en France qu'on voit ce problème-là. Dans beaucoup de pays développés, industriels, on s'est rendus compte qu'il y a une sorte de destruction au niveau de la danse, de certaines danses coutumières ou certaines danses dites populaires (qui l'étaient d'ailleurs), et en France bien sûr, on subit aussi. Et je suis assez d'accord sur l'histoire, d'ailleurs j'en parle beaucoup dans mon livre, sur l'histoire de... la bouffe au fond, du vin, des fromages, etc.
Il y a, justement, un ancrage qui est resté... il y a cette massification sans doute, cet individualisme aussi, qui fait qu'on est moins en groupes aussi, parce qu'il y a moins de villages, etc. [...] En fait la grande danse française, c'étaient quand même les danses de villages, c'étaient des danses populaires. Il n'y a pas tellement de rapport avec dominant/dominé.
Je donne un exemple de "dominé" (c'est un concept que je trouve flou) : les esclaves blacks qui étaient pris aux Etats-Unis, ils ont inventé en fait le jazz, ils ont inventé cette culture dans le travail, etc, qui n'avait pas de rapport non plus avec leurs cultures d'origine. C'est quelque chose qu'ils ont créée. Il y a sans doute du r??, etc, mais c'est une nouvelle culture qui est arrivée. Les gars venaient du Mali, du Niger, du Togo, etc, ils se sont tous retrouvés, et puis ils ont créé cette culture jazz.
De la même façon, sur la techno... moi je pense que le rap par exemple, ça reste, c'est une culture populaire en réalité. C'est justement une culture de banlieue, etc, qui exprime sans doute mieux, à mon avis, que le beebop [hip-hop?] (je ne suis pas spécialiste comme vous). Je trouve que quand on l'entend, quand on écoute les paroles, il y a quelque chose qui passe, qui est de l'ordre précisément, sans doute, d'un dire, qui ne peut pas se dire de manière... classique j'ai envie de dire, ou traditionnelle...
[15]
11°) Cela dit, ça ne date pas d'hier. Céline déjà, dans Mort à crédit, regrettait ; il disait : les Français ne dansent plus. Un dernier mot ?
Il y aurait beaucoup de choses à dire ce qu'à dit Monsieur sur le dominant-dominé. Moi, je pense que cette perte des cultures populaires est issue d'une histoire de dominants et de dominés, de gagnants et de perdants. Cela remonte à très loin (cf. mon livre) ...
[Y.R.: Le colonialisme remonte au Néolithique, si vous voulez, alors bon...]
Je parle du colonialisme moderne, pas de celui des fourmis ou des termites. Je suis un tout petit peu au-dessus.
[Mais ça remonte vraimen au Néolithique. On le voit en Grèce, on le voit en Egypte...]
Oui, oui, bien-sûr, je comprends votre point de vue, mais pour finir, donc...
La prise de terres ne s'est pas toujours accompagnée d'une destruction des cultures en place.
[Globalement si...]
C'est autre chose.
[Pour finir], par rapport à ce que vous disiez sur le hip-hop, ce qu'il a de commun avec les pratiques populaires vivantes, c'est justement cet art, à travers le flot, de s'échapper du temps fort.
Je n'ai pas cherché à corriger l'expression orale des intervenants, et c'était un peu lourd à force...
Il y en a un qui remporte quand même la palme du discours creux, je vous laisse trouver.
Message ajouté après : 5 minutes:
Sinon, ce sujet ne serait-il pas mieux dans "Univers du trad, du folk,... " ?
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Posté 25 mai 2012 - 00:14
- Les premières victimes du colonialisme de la république ont été les cultures "non-républicaines".
- La chose qu'il remarque c'est "la technicité et la dextérité" - c'est emblematique de la culture occidentale et ça suffit comme seule explication au fait que les gens ne dansent pas (plus).
- Je crois surtout que cette émission continue de véhiculer l'idée que les philosophes sont marrants et importants (les français sont connus pour avoir une tendance "intellectuelle"), tout en préservant l'idée que ça ne change rien. J'ai peur que les philosophes ne sont que tolérables s'ils mettent tout en oeuvre pour ne pas avoir un impact.
#16 + Partager
Posté 25 mai 2012 - 07:41
HEIIIINN ????????? IL ÉÉ OOUUUUUUUUU ???????
#17 + Partager
Posté 25 mai 2012 - 09:20
Tandis qu'en France, pays developpé et riche, ce sont les danses et cultures urbaines qui ont pris le pas dans les têtes des français, et au niveau nationnal.
Mais Paris et sa super capitale n'en a rien à faire de ce qui se passe dans les campagnes et ce qui se transmet depuis la révolution.
"Si je trouve pas ça à Paris ou si ça ne passe pas à la télé, c'est que ça n'existe pas"... Ca m'énerve !!
#18 + Partager
Posté 25 mai 2012 - 11:54
Passons sur la méconnaissance manifeste de tous les intervenants sur, entre autres, les pratiques populaires de la danse en France (à part celles issues du mouvement hip-hop). Ce n'est même pas une question de définition de la danse populaire, c'est que la salsa est évoquée, mais ni le musette, ni la pratique en Bretagne (pourtant médiatisée).
Cependant, J.Piolat pose deux questions (si je ne m'abuse) que je trouve intéressantes :
1°) Pourquoi, en Europe occidentale, dans des sociétés globalement urbaines et migrantes (et cosmopolites), on a perdu ce sens (ce besoin, pour M.Onfray) de la danse, et donc sa pratique ?
>>> N'ayant pas lu son livre, je ne peux pas cerner la thèse de J.Piolat, à la seule lumière de sa définition de la culture populaire. C'est à dire que j'entends son constat et sa question, mais pas sa réponse.
En gros : "Contre toute attente (et des auteurs comme Césaire), le colonisateur occidental n'a pas réussi à imposer ses danses populaires aux colonisés, et surtout aux immigrés, qui sont pourtant minoritaires dans une culture dominante."
"Le colonisateur occidental a perdu le sens et la pratique de ses danses populaires, alors que d'autres populations, non".
Là, il y a beaucoup à dire... C'est faux pour les Antilles françaises, même si de nos jours, la danse créole s'est, comme partout sur le territoire de la République, folklorisée, et si, surtout, renait une pratique populaire d'anciennes danses d'esclaves (gwoka en Guadeloupe, bélé en Martinique), par un besoin identitaire très marqué des populations noires majoritaires, mais non dominantes au niveau économique. C'est faux dans toute une frange de population immigrée non pratiquante (pour ce qui est de la transmission). C'est flagrant dans des populations immigrées en recherche d'identité. Pour ce qui est des ex-colonisés, il faudrait se projeter dans l'avenir, lorsqu'une forte proportion de la population africaine vivra dans les villes, déracinée et mélangée.
Est-ce une conséquence normale du changement de mode de vie (urbanisation, mondialisation) ?
Est-ce une perte ou une modification de valeurs sociétales ?
Est-ce que notre civilisation (gréco-judéo-chrétienté + Lumières + révolution industrielle + ...) portait en ferment cette fragilité ?
Pour ma part, je pense que ce sont plutôt Onfray et Nouchi qui ont raison; il suffit de sortir du cas français et de regarder du côté de l'Espagne (ancien colonisateur, mais pas dans le même contexte que la France), et la Suède (pas colonisateur, sauf à remonter aux temps des vikings).
2°) Pourquoi des personnes issues de ces sociétés "répondent" à une danse traditionnelle africaine par la danse des canards ?
>>> Les Européens assimilent depuis les débuts de la colonisation les danses africaines (et d'autres "sauvages") à une non-danse ridicule, une "singerie banania".
C'est peut-être ce que veut illustrer celui qui a mis en ligne la vidéo. Son site paraît d'ailleurs très engagé (un article sur le cannibalisme dans l'Europe préhistorique). Je serais pour lui répondre de manière simplement informative (et pas interprétative ou spéculative), par le biais de vidéos, par ex., le concert de Komred, un festival (Maîtres sonneurs), une scène tirée des archives, et une scène tirée de bals (musette, folk). Quelqu'un ?
>>> Les Européens assimilent leurs propres danses ex-populaires rurales dans leur ensemble à la danse des canards, grotesque, en sabots et costumes.
C'est ce que je tends à penser.
Il vont correctement diagnostiquer que les danses africaines rurales n'entrent pas dans le même registre que les danses pratiquées en boîte de nuit ou à l'occasion d'un mariage (que tout le monde peut au moins esquisser, car faisant partie de notre culture commune). Ils les comparent donc avec le seul archétype de danse disponible, mais à cause du 1°), et donc par manque d'expérience et de sensibilité, ils ne perçoivent pas l'énorme décalage avec une danse traditionnelle "authentique" (ou non), et n'hésitent pas à les mettre sur le même plan, sans scrupules ni remords.
#19 + Partager
Posté 26 mai 2012 - 11:47
Il y en a un qui remporte quand même la palme du discours creux, je vous laisse trouver.
Le coup du couscous peut-être?....
Pour celui qui veut approfondir le sujet sur la question de l'acculturation dans le rapport dominant/dominé et éviter les nombreux pièges d'un tel sujet, je renvoie à la lecture du bouquin de Christian Béthune "Le Jazz Et L'Occident".
#20 + Partager
Posté 28 mai 2012 - 02:19
Sans compter que ces deux impies nous ridiculisent aux yeux des dominés !!!
Message ajouté après : 1 minutes:
Trêve de blagues, le Thierry il ferait peut être bien de penser un peu moins, ça le décrisperait. Le pauvre me semble ravagé de complexes, et en plus ils est arrogant c'est désagréable.
Non mais il la prend pour une débile ou quoi ? Qu'est-ce que c'est que ce paternalisme puant ? J'aime pas qu'on me projette ses complexes dessus. Et là je pense que le Thierry écrit juste tout un bouquin d'un gros fantasme inaccessible (visiblement lui doit avoir du mal à sentir la vibe, je suis désolée pour lui mais c'est pas une raison pour être méprisant).la danse de la jeune fille... Il faut savoir que c'est une danse qui demande au moins... on peut au moins reconnaître sans avoir accès au sens de cette danse, la technicité, la virtuosité de cette danse. Je dis technicité dans le sens : pouvoir lever les jambes aussi haut, répondre à un mouvement élevé à un temps qui est frappé, c'est un rapport aérien à la terre
Rodrigue
Prudence car l'extrait vidéo est sacrément décontextualisé. Je pense qu'il vaut mieux ne pas pas prêter d'intentions particulières à ces deux filles, qui se sont mises à chanter un truc marrant à l'improviste dans une ambiance de fête.2°) Pourquoi des personnes issues de ces sociétés "répondent" à une danse traditionnelle africaine par la danse des canards ?
Au début de la vidéo, la fille aux tresses annonce :
"On peut faire pareil que nous !"
Elles sont juste en train de montrer quelque chose que les cent cinquante gosses derrière la caméra peuvent reprendre facilement. Elles auraient pu montrer n'importe quoi d'autre, le malheur veut que les journalistes et les philosophes et tous les Grands Penseurs Garants de notre Culture s'en soient emparés pour s'inventer un sujet de débat à 23h.
Et l'autre qui crève son complexe en ridiculisant les gens puis en jouant les consternés. Minable.
Moi, je ne suis même pas en mesure de dire si ce que danse la malienne est traditionnel ou pas. Si ça se trouve, c'est un extrait de son prochain spectacle, parce que c'est lundi soir et qu'elle sort de son cours de danse qu'elle prend dans son club à Bamako, deux rues derrière.
Non non, c'est que sur l'I-phone, maintenant il doit y avoir une application pour ça.on a peu de chances de tomber sur un Malien qui ne connaitra rien des danses traditionnelles de son pays, car le Mali et tous les pays africains sont faiblement développés, donc avec une ruralité forte.