
"Carnet de notes" Eric Montbel, Recueil de répertoire pour chabrette et autres cornemuses du Centre. 205 airs notés. CRMTLimousin, juillet 2007.
Un bouquin « comme on aimerait en voir plus souvent », un format carré inhabituel, une chouette présentation, l'objet est à la fois beau et pratique. Le look « à l'ancienne » mais pas trop rétro est sympa : des photos de chabretaires toutes époques confondues nous accompagne discrètement au long de l'ouvrage.
Je dois avouer que j'ai ressenti comme un brin de nostalgie. A l'époque de « Le grand rouge », j'avais sollicité timidement Éric Montbel pour avoir une adresse de fabriquant de cabrette ; dans sa caisse d'instruments, il y avait des bouts de machins de ce qui semblait être une cornemuse. « Non, ce n'est pas une cabrette, c'est une autre cornemuse... » A l'époque, on en était là. Et nous voilà, beaucoup plus tard, avec ce recueil en main, dernière étape en date, de cette aventure étonnante de la renaissance de la chabrette limousine.
Je ne joue pas de chabrette... C'est un tord... Mais je suis décidément trop « Massif centralien » et je pense qu'un jour ou l'autre ça finira par se produire...
Revenons au Carnet de notes. Il est précisé : 200 airs pour la chabrette limousine et autres cornemuses du Centre. La cabrette en est aussi évidement et, en fait, ce recueil peut concerner tous les instrumentistes intéressés par le répertoire Limousin Auvergne.
Les airs sont classés par catégories : Regrets Noëls Cantiques (et oui...) Marches, Bourrées, Sautières, Mazurkas scottischs polkas, Valses. On remarquera un classement séparé entre bourrées de plein-jeu et bourrées d'entremain (idem pour les valses). Les tonalités choisies correspondent à celles que l'on trouve sur une 16 pouces, Sol Do plus les altérations usuelles (et zut, le Fa# grave : fabriquants de musettes, pliz, généralisez la double clé : Fa et Fa# grave !) Pas de surcharge au niveau des ornements : des petites croix discrètes pour les picotages, un signe pour les vibrés et des indications de trilles. Chaque morceau est accompagné d'une très courte notice signalant son origine, ses particularités et des références discographiques.
Le répertoire est en grande partie constitué de collectages (beaucoup d'airs ont été recueilli auprès de violonaires) mais on trouve aussi ça et là des airs du répertoire de cabrette toujours choisis pertinemment. Des airs de composition récentes sont aussi parfaitement intégrés à l'ensemble. Les textes d'introduction expliquent très bien la « forgerie » complexe qui a permis la constitution de ce répertoire : la reconstruction instrumentale de la chabrette n'aurait pas fait sens sans elle. Le paradoxe, c'est que cette musique si bien adaptée à un instrument, est tout à fait à même de faire le bonheur de beaucoup d'autres.
Merci donc à Éric Montbel, d'avoir mis à notre disposition ce répertoire magnifique.
Sur mon pupitre, un autre recueil :

Isabelle Pignol Partitions (Mustradem 2007)
C'est un recueil format A4, une présentation assez standard mais clair.
Il est indiqué sur la couverture : « Compositions d'inspiration traditionnelle et contemporaine, pour tout instrument » et aussi « Airs à danser (ou pas !) et chansons » ce qui résume très bien le contenu.
Pour chaque morceau sont indiqués : les type de danse (ou pas...), le bourdon et un rappel discographique. On regrettera peut être l'absence d'indication de coups de poignet pour les viellistes et aussi l'absence de grilles harmoniques.
Aborder ce recueil, c'est entrer dans un univers musical personnel, c'est donc délicat. Que peut-on jouer si on n'est pas vielliste ? Est-ce que ce n'est pas trop ardu ? Par où commencer ?
Un coup d'oeil sur le sommaire : bourrées 2 temps, bourrées 3 temps, scottish, mazurka, valse, cercles circassiens, plinn, on est bien dans de la musique à danser (ou pas).
Pour les instruments « classiques » pas de problème : on ouvre, on lit (les débutants en solfège feraient bien tout de même d'avoir les CD). Pour les diatos, je ne saurais trop dire (le diato étant pour moi encore un grand mystère...). Pour les cornemuses centrales, c'est un défi intéressant. En gros, l'indication de bourdon permet de savoir comment transposer en fonction des cornemuses disponibles. Il faut procéder à quelques changements de tonalités ou d'octave mais finalement assez peu d'impossibilités notoires (une cornemuse avec une double clé pour l'auriculaire droit est tout de même souhaitable). Pas de chromatismes tout azimut : on est dans un univers modal et si complications il y a, ce n'est jamais gratuit (et donc, en les travaillant, c'est payant !)
J'aime bien les morceaux avec des métriques variables qui créent des climats particuliers.
Le degré de difficulté des morceaux est variable : du facile, à intégrer d'emblée dans un répertoire de bal déjà constitué et des morceaux (j'allais écrire des oeuvres) plus ambitieuses sur lesquelles il faudra se pencher plus longuement. C'est par exemple, le cas des chansons qui nous font entrer dans l'aspect le plus singulier de ce répertoire. On est ici sur le fil, entre le rire et les larmes, avec je ne sais quoi de douloureux mais de ludique en même temps. Difficile à décrire et très attachant.
Voilà, les deux recueils de ma rentrée vont m'accompagner un bon bout de temps.
Entre un recueil plus patrimonial (mais non dénué de création) et une oeuvre très personnelle, pourquoi choisir l'un plutôt que l'autre, alors que l'on peut avoir les deux ?
Et deux plaisirs valent mieux qu'un.