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A propos des banlieues ...


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118 réponses à ce sujet

#81 + Partager Tirno

Tirno
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Posté 15 janv. 2008 - 13:06

Bien dit, Elise, pour le naturel des gens de classer les choses! Oui, ca a des conséquences des fois dommageables, mais c'est super utile et c'est en tout cas pas "mal"!

#82 + Partager GEGE

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Posté 15 janv. 2008 - 13:35

je sais que je suis en décalage, mais c'est pour satisfaire la curiosité de Kalon. désolé pour la bonne marche du topic.... ^^U

Le problème de fond n'est pas simple, il est en plus pas nouveau, il y a eu une époque où ce que l'on appelait les blousons noirs existaient et avaient "le même rôle social" que nos bandes des banlieues. je sais que ça demande a être développé, mais là il faudrait que je rentre dans le détail sur le fonctionnement et le pourquoi de la bande et je risque de sortir du sujet, bien que certains seraient surpris de l'approche que j'en ai.


Si, si j'aimerais bien avoir ton approche ! :)


La première partie de mon développement traite de la genèse du groupe, (je n’utilise pas le terme bande, volontairement, de façon à ce que chacun puisse vérifier ce que j’avance par rapport a sa propre expérience).

Dans toutes les sociétés, il existe des rites de passage à l’âge adulte, qui permettent à » l’enfant » de s’émanciper, par exemple dans certaines tribus africaines, l’adolescent doit prouver qu’il est un vrai chasseur, plus proche de nous, dans la religion catholique, il y a la communion, etc……

Nous pouvons constater que dans notre société occidentale moderne, ces rites ont tendances a disparaître.

Le besoin, par contre, de s’identifier en tant que personne à part entière persiste toujours au niveau de l’adolescent (le parents qui comme moi ont eu a élever des ados ne me contrediront pas).

Ce besoin s’exprime, bien sûr, par un détachement des valeurs d’appartenance à la famille.

Le besoin d’identification va alors s’orienter vers l’extérieur et se transformer en un besoin d’appartenance à un « groupe ».

En général, dans les cités, le choix d’appartenance est limité, il y a le sport et la rue.

Si on prend en compte le salaire psychologique attendu, le sport n’y répond qu’en partie car certains n’y trouvent pas leur compte, il reste alors la rue.

Bien entendu, le groupe ne peut se former que si il y a plusieurs jeunes, mais là c’est pas difficile.

Le groupe, se forme donc, et commence à s’organiser, un petit peu comme un clan, dans lequel on voit apparaître un ou plusieurs leaders (on peut rapprocher cela du fonctionnement d’un groupe d’animaux, dans lequel le mâle dominant prend sa place).

Une fois organisé, il commence à vivre, il traine dans les galeries marchandes (sans aucune intention belliqueuse),il traine dans la cité, en fait c’est comme si il visitait son territoire .

A ce moment là, le groupe est formé, chaque membre a trouvé sa place, il existe au sein du groupe en tant que personne ayant un rôle.

La deuxième partie tente d’expliquer pourquoi ces bandes se révoltent.

Ce que j’ai pu constater (ceci quelque soit le groupe en question) c’est que une fois qu’il est formé et stable ( leader bien en place, chacun a sa place propre au sein du groupe), c’est le groupe qui commande et non plus ces membre, le phénomène d’émulation est très fort, on peut dire que le groupe a atteint sa maturité, c’est une micro société avec ses codes de reconnaissance internes etc…

Le groupe a besoin alors d’être reconnu en tant que tel par l’environnement global .

Très souvent il va attendre le moment opportun c'est-à-dire l’évènement qui lui permettra de s’exprimer en tant que groupe (exemple un association, va attendre les assises de la fédération dont elle est censé dépendre pour présenter son projet et essayer d’être reconnue par cette dernière).

Pour la bande de jeunes des banlieues, la seule façon d’exister est de passer dans les médias, et qu’on parle de leur quartier , donc d’eux, a n’importe quel prix.
Plusieurs exemples sont là pour etayer cette théorie, comment expliquer que des pillages soient commis lors des grands rassemblements d’étudiants notamment.

Simplement, il y a l’opportunité pour les bandes des cités (et d’ailleurs) de se faire connaître, qu’on parle d’eux dans les médias.

Enfin, la disparition du groupe et ce qui reste après.

Au bout d’un certain temps, le groupe s’effondre car ses membres trouvent d’autres motivations, d’autres centre d’intérêts, les éléments du groupe sont alors eux même arrivés à maturité.

Là je ne parle que des membres, pas des leaders qui eux n’ont pas les mêmes salaires psychologiques que les autres membres.

Les leaders sont dans une situation qu’ils n’ont pas choisi, et là se situe ou non le basculement pour eux dans la délinquance , la vraie.


J’ ai essayé de vous exposer ma théorie, issue de l’observation, de l’expérience personnelle, je n’impose pas cette vision aux autres, je n’offre aucune solution, simplement je tente d’expliquer une partie du pourquoi, peut cela aidera–t-il d’autre personne à trouver des solutions, ou plus simplement à voir les choses différemment.

Le fait de vouloir faire court et synthétique, nuit bien entendu a l’argumentation, mais je suis prêt à apporter , dans la mesure de mes moyens, des réponses complémentaires.

Tout le monde, bien sur, ne partagera pas mon point de vue, mais je peux aussi revoir ma copie et me rendre compte que ce que j’ai avancé n’est qu’un tissu d’aneries.


#83 + Partager Elfi

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Posté 15 janv. 2008 - 13:46

Eh bien, mon avis est différent, ce n'est pas parce que c'est naturel (c'est à dire que nos parents nous a éduqué dans ce sens) que c'est "bien".
Pour moi cela s'appelle des préjugés (de classe, de race, de culture... etc) et ce sont justement les préjugés qui peuvent parfois empêcher de prendre du recul et d'anticiper.

Je n'ai pas de réponse manichéenne (c'est tout bien ou tout nul) aux problématiques que je soulève :
- les centres régionaux de musiques traditionnelles doivent ils s'attacher à travailler sur un territoire ou les populations qui y vivent
- doivent ils distinguer ou non le patrimoine du territoire des humains qui y vivent aujourd'hui ???
- le trad d'aujourd'hui est il représentatif de l'ensemble de la France et des français ?

je pense cependant que dans une société qui est en perpétuel mouvement ce sont des sujets de réflexion qui se tiennent ou faudra-t-il un jour appeler les centres, des centres régionaux de musique "autochtones"

en ce qui me concerne je préfère avancer avec ses questions emmerdantes qui sont pour moi autant de points de vigilance éthique, que de me barricader dans des certitudes confortables et consensuelles. Mais je suis une enquiquineuse de première, demandez à Kalon

#84 + Partager Tirno

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Posté 15 janv. 2008 - 13:46

ca fait plaisir de te lire, GEGE

#85 + Partager GEGE

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Posté 15 janv. 2008 - 14:19

flatteur..... :)

désolé elfi, nos post se sont croisés, je suppose que tu répondais à élise la rouquine. :O

#86 + Partager rougepied

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Posté 15 janv. 2008 - 14:32

- doivent ils distinguer ou non le patrimoine du territoire des humains qui y vivent aujourd'hui ???
- le trad d'aujourd'hui est il représentatif de l'ensemble de la France et des français ?

je pense cependant que dans une société qui est en perpétuel mouvement ce sont des sujets de réflexion qui se tiennent ou faudra-t-il un jour appeler les centres, des centres régionaux de musique "autochtones"

Je m'excuse par avance : je ne connais pas tant que ça l'univers du trad et j'aurai besoin de vos lumières pour comprendre ce dont vous parlez.

Je ne visualise pas trop ce que sont les centres régionaux de musiques traditionnelles ni ce que l'on entends par "trad d'aujourd'hui". Pourriez-vous expliquer en quelques mots ce que c'est ?
Concernant "trad d'aujourd'hui" : n'est-ce pas un peu un oximore ? A moins que par "trad d'aujourd'hui", on parle de ce qui était "populaire d'hier" ? (Si oui, alors je serais tenté de dire que le trad n'est pas représentatif de la France et des Français d'aujourd'hui, en tout cas, moins représentatif que la Star Academy... Image IPB)

#87 + Partager Elfi

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Posté 15 janv. 2008 - 15:54

Bon que les experts qui me lisent me corrigent.

Les centres régionaux de musiques et danse traditionnelles sont des associations loi 1901 en partie issues de la mouvance revivaliste des années 70.
Ces centres sont fédérés avec d'autres associations au sein de la FAMDT (Fédération des Associations de Musiques et Danses Traditionnelles), née en 1985.
Aujourd'hui, labellisés par le Ministère de la Culture, ils assurent, avec une compétence régionale, une mission de délégation de service public en faveur des musiques traditionnelles et musiques du monde. Leurs principales missions sont la mise en réseau, l’aide à la création, l’information, la diffusion, la formation, la recherche, l’édition, la documentation. (cf site du centre Rhone Alpes le CMTRA ici : http://www.cmtra.org...p.php?rubrique2)

Quant à l'oxymore dont tu parles, il m'interpelle
cf Wikipedia Un oxymore, est une figure de rhétorique, une alliance de mots désignant des réalités contradictoires ou fortement contrastées, étroitement liés par la syntaxe. petit géant, soleil noir etc...

Le trad serait donc une musique du passé et on ne peut pas parler de musiques trad d'aujourd'hui ??? mouarf... tu ferais bien de lancer un nouveau fil de discussion, ça va faire de l'animation... ;D

Je faisais simplement la différence entre le collectage et l'étude historique du patrimoine d'une région d'un côté et la(les) pratique(s) actuelle(s)

NB Gégé, bien sûr que c'était à Elise que je répondais :puppyeyes:

#88 + Partager GEGE

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Posté 15 janv. 2008 - 17:22

le JT FR3 du lundi 14 janvier 2008

http://jt.france3.fr...index.php3?jt=0

sélectionnez: retour de la police de proximité.

La fin du reportage où on interview des habitants de la cité est interessante à plus d'un titre.

enfin je crois...

#89 + Partager C3c1L

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Posté 15 janv. 2008 - 20:12

Désolée, ça part un peu dans tous les sens, mais je repars sur le post de GEGE à propos des bandes.
Avec ma petite expérience professionnelle dans les quartiers, je me pose toujours la même question : quand une bande se révolte, pourquoi s'en prend-elle systématiquement aux "amis" ? Les premières structures à être détruites sont souvent celles qui accueillent ces bandes (MJC, écoles...). Et comme les bandes restent sur leur territoire, les bagnoles qui crament sont celles du voisin ou de la famille.
J'en ai discuté avec plusieurs collègues, et c'est un truc qui nous a toujours laissés perplexes.
Est-ce une simple méconnaissance du monde extérieur à la bande ? Sinon, quel est le message ?

#90 + Partager Tirno

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Posté 15 janv. 2008 - 20:54

C'est difficile de se révolter contre l'inconnu ;)

Je me souviens de deux jeunes qui rentraient en weekend d'un institut (pour "délinquants"? "jeunes en déperdition"? je sais pas vraiment) dans un train qui se vantaient de combien ils abusaient de la confiance de leurs encadrants (aller acheter des cigarettes, continuer de fumer de la beuh en weekend, etc). Et ils ne parlaient pas positivement du tout des dits encadrants. Pourtant, je n'ai pas de doute que ces encadrants étaient *la* pour les enfants, que c'étaient leurs meilleurs "amis", la partie la plus stable de leur vie etc.

Besoin de révolte et d'indépendance? Impression que l'ecole et les MJC sont un symbole du "monde d'adultes" qui ne les comprend pas qui leur impose des règles, qui parle de manière condescendante, qui a tj raison, etc. ?

#91 + Partager Chamusique

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Posté 15 janv. 2008 - 21:13

C'est du défoulement "de proximité" ?
Je me souviens de guerres pas possibles entre deux quartiers à Troyes (ça remonte à environ 10 ou 15 ans): personne en dehors des quartiers ne savaient ce qui se passait : rien (surtout rien) dans la presse locale, les rumeurs bien distordues à souhait mais dans les écoles, on avait des échos de tout ça (des nouvelles des anciens élèves...) et ce qui était sidérant c'était justement l'effet de miroir de ces quartiers qui étaient très semblables de par les conditions de vie et les populations qui y habitaient, c'était même pas "West Side Storiesque" tellement les bandes étaient interchangeables...
Les gens extérieurs ont commencé à être informés (très mal) à partir du moment où les pompiers se sont mis en grève à cause des agressions répétés dont ils faisaient l'objet : des voitures étaient incendiées pour "le plaisir" de l'embuscade. J'avais connu ce genre de truc aussi au Chambon Feugerolles dans la Loire : là au contraire la désinformation allait plutôt dans le sens de "gonfler" énormément les faits...

Un des trucs qui m'avait scié, (c'était à Troyes) c'est quand une de mes élèves un bras dans le plâtre, m'avait expliqué : "Oh c'est rien : j'ai pris une balle, mais ça a juste éraflé !" sur le même ton que : je suis tombée de vélo (remarquez, qu'il y avait aussi des coins de table qui avait des allures de mains un peu trop lourdes de temps en temps aussi...)

Une des réponses de la municipalité, avait été "la revalorisation" du quartier. Un bon coup de badigeon, des portes d'entrée avec code et interphone et surtout, une bonne petite augmentation des loyers, entrainant une migration vers les villes périphériques des familles n'ayant pas la possibilité de faire face au sur-cout...

Je suis bien content d'être "au vert" maintenant (même si, à la campagne, les gens peuvent aussi être très emm... de temps à autre, ce n'est en rien comparable à la tension permanente que l'on peut ressentir quand on travaille dans "les quartiers"...)

#92 + Partager Elise la rouquine

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Posté 15 janv. 2008 - 22:28

ce n'est pas parce que c'est naturel (c'est à dire que nos parents nous a éduqué dans ce sens) que c'est "bien".


Il y a le naturel / l'instinctif et il y a le social :
Faire des classes et des catégories et leur attribuer des caractéristiques c'est instinctif... :] Le contenu est élaboré aussi bien par l'expérience que par l'enseignement.

#93 + Partager GEGE

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Posté 16 janv. 2008 - 09:09

Désolée, ça part un peu dans tous les sens, mais je repars sur le post de GEGE à propos des bandes.
Avec ma petite expérience professionnelle dans les quartiers, je me pose toujours la même question : quand une bande se révolte, pourquoi s'en prend-elle systématiquement aux "amis" ? Les premières structures à être détruites sont souvent celles qui accueillent ces bandes (MJC, écoles...). Et comme les bandes restent sur leur territoire, les bagnoles qui crament sont celles du voisin ou de la famille.
J'en ai discuté avec plusieurs collègues, et c'est un truc qui nous a toujours laissés perplexes.
Est-ce une simple méconnaissance du monde extérieur à la bande ? Sinon, quel est le message ?


Nous nous sommes aussi posé la même question, car le phénomène est assez fréquent, et les instances organisatrices ainsi que les intervenants ont été tout aussi perplexe.

Pour ces instances, la premiere réaction était un constat d’échec de la politique sociale dans la cité, beaucoup avaient envie d’arrêter en prétextant qu’il n’y avait rien à faire et qu’après tout on avait qu’ a les laisser tranquille et puis tant pis.

Jusqu’au moment ou une autre explication est apparue :

En observant le phénomène, on s’est aperçu qu’il se produisait en général au moment ou la structure commençait à obtenir des bons résultats sur la fréquentation des jeunes de la cité.

En effet petit à petit, la curiosité les a fait venir, tout d’abord timidement, puis de façon plus régulière, dans la maison de quartier qui proposait quelques activités (bien modestes c’est vrai) et un espace de discussion.

Alors me direz vous, pourquoi s’en prennent-ils à ces structures ?

Quand je parlais précédemment de l’organisation des « bandes », j’ai dit ceci :

« Enfin, la disparition du groupe et ce qui reste après.

Au bout d’un certain temps, le groupe s’effondre car ses membres trouvent d’autres motivations, d’autres centre d’intérêts, les éléments du groupe sont alors eux même arrivés à maturité.

Là je ne parle que des membres, pas des leaders qui eux n’ont pas les mêmes salaires psychologiques que les autres membres.

Les leaders sont dans une situation qu’ils n’ont pas choisi, et là se situe ou non le basculement pour eux dans la délinquance , la vrai.
«


Là est une partie de la réponse, ces fameux caïds , considèrent que ces structures sapent leur autorité de chef, et en arrive à vouloir le détruire ou en tout cas le vandaliser, sachant que de ce fait les institutions vont démissionner et qu’ils auront a nouveau tout pouvoir dans la cité.

Après cette réflexion, il est indispensable de changer notre vision des choses, c'est-à-dire que la destruction des structures est un premier signe de réussite et non pas d’échec, c’est le moment de renforcer les équipes car on est sur la bonne voie.

pour ce qui est des voitures, ce n'est simplement que du vandalisme gratuit, inconscient, comme la destruction des abris de bus etc..

enfin , je dit gratuit et inconscient, c'est pas tout à fait exact, ça fait partie du besoin qu'on parle de leur cité, peut importe que ce soit en mal, l'important c'est d'en parler, du coup ils vont pas aller bruler les voitures dans une autre cité, car c'est de l'autre cité qu'on parlerait..

et encore un post à rallonge. désolé. :ehh:

#94 + Partager MarieT

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Posté 16 janv. 2008 - 09:42

Par expérience professionnelle ,d'accord avec les analyses de Gégé auxquelles à mon avis il faut rajouter une dimension plus large, celle de la place de ces phénomènes dans la société ;la manière dont chaque société répond,à une époque donnée ,a un impact important sur l'évolution de ces micros-sociétés.
Quand Gégé évoque "la destruction des structures comme premier signe de réussite" il a raison et ce sont toujours les mêmes réactions qui ont prévalu lorsque des passages de l'obscurantisme à la lumière se sont profilés dans des sociétés.
Pour moi (et sans connotation de jugement quelconque) l'instinct grégaire qui prévaut dans ces phénomènes est un instinct de survie, primaire, qui ne peut évoluer qu'avec l'accession de ses membres à la réflexion, à la culture, à une appréhension moins étroite du monde qui peut leur permettre de reprendre leur liberté de penser et se détacher de l'inféodation à un groupe . Ce n'est pas le fruit du hasard si actuellement ces comportements semblent reprendre de la vigueur alors que petit à petit les quartiers ont été dépouillés des services qui faisaient un énorme travail de fourmis dans ce sens. A la présence des éducateurs de prévention,de rue, d'animateurs on a préféré la répression et construire des prisons....toute l'histoire de notre société démontre que c'est grâce à l'intelligence, la reflexion, la connaissance que nous sommes passés de la barbarie à la civilisation

#95 + Partager GEGE

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Posté 16 janv. 2008 - 10:19

C'est du défoulement "de proximité" ?
Je me souviens de guerres pas possibles entre deux quartiers à Troyes (ça remonte à environ 10 ou 15 ans): personne en dehors des quartiers ne savaient ce qui se passait : rien (surtout rien) dans la presse locale, les rumeurs bien distordues à souhait mais dans les écoles, on avait des échos de tout ça (des nouvelles des anciens élèves...) et ce qui était sidérant c'était justement l'effet de miroir de ces quartiers qui étaient très semblables de par les conditions de vie et les populations qui y habitaient, c'était même pas "West Side Storiesque" tellement les bandes étaient interchangeables...

...)


Aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours vu et entendu parler de ces batailles rangées entre bandes de différents quartiers.

Est-ce si étonnant que cela ?

Je dirais même que tout temps, dans toutes les société, ces batailles ont existées.

Tu parles de « West Side Story », un autre exemple peut être pris : « La guerre des boutons » le mécanisme est le même.

Prenons même la version je dirait « amusante » Interville, c’est une certaine forme de combat de quartier.

Le quartier, le village (français , africain ou autre), doit donner une image de force, soit pour se protéger voire dans les cas les plus primaires pour des politiques expansionnistes.
Pourquoi les cités devrait-elles déroger à ce principe ?

Je ne vois là rien de sidérant, une micro société fonctionne sur un mode tribal très archaïque dans lequel on retrouve les mécanismes vitaux primaires basés sur le territoire et sur l’instinct de survie.

C’est très proche du fonctionnement de la meute pour certains animaux.

Les gens extérieurs ont commencé à être informés (très mal) à partir du moment où les pompiers se sont mis en grève à cause des agressions répétés dont ils faisaient l'objet : des voitures étaient incendiées pour "le plaisir" de l'embuscade. J'avais connu ce genre de truc aussi au Chambon Feugerolles dans la Loire : là au contraire la désinformation allait plutôt dans le sens de "gonfler" énormément les faits...

Un des trucs qui m'avait scié, (c'était à Troyes) c'est quand une de mes élèves un bras dans le plâtre, m'avait expliqué : "Oh c'est rien : j'ai pris une balle, mais ça a juste éraflé !" sur le même ton que : je suis tombée de vélo (remarquez, qu'il y avait aussi des coins de table qui avait des allures de mains un peu trop lourdes de temps en temps aussi...)

...)


Là on atteint des paroxysmes, je ne remet pas en cause ce que tu cites, mais je crois qu’il ne faut pas en faire une généralité, il y a des épisodes ou la violence est très forte car les bandes sont toutes puissantes, mais ça ne dure jamais.

Pour le cas de l’élève qui a pris une balle, peut être qu’il serait intéressant de savoir d’où elle venait, car dans beaucoup d’affaires similaires, soit c’était un tir d’origine accidentelle, soit venant d’une personne déséquilibrée habitant la cité, en tout cas rien ne dit que les bandes se tire dessus.

L’inquiétude peut c’est vrai être dans cette apparente banalisation que tu soulignes dans l’esprit même de la victime.

Une des réponses de la municipalité, avait été "la revalorisation" du quartier. Un bon coup de badigeon, des portes d'entrée avec code et interphone et surtout, une bonne petite augmentation des loyers, entrainant une migration vers les villes périphériques des familles n'ayant pas la possibilité de faire face au sur-cout...

Je suis bien content d'être "au vert" maintenant (même si, à la campagne, les gens peuvent aussi être très emm... de temps à autre, ce n'est en rien comparable à la tension permanente que l'on peut ressentir quand on travaille dans "les quartiers"...)


J’ai aussi vécu en province, dans une charmante petite ville de l’indre, Issoudun pour être précis.
J’ai pu constater dans les années 70_80 , à l’époque ou je fréquentais les bals populaires, que ces batailles rangées existaient déjà entre les villages.

J’ai vu en fin de bal, des bandes de villages différents s’affronter , et je peux vous dire qu’elles n’avaient rien a envier aux cités.

Je me souviens particulièrement d’un bal à Ste Lizaigne où il fallait absolument pas dire que tu étais d’Issoudun au risque de te faire démonter à l’extérieur du bal par les jeunes de ste Lizaigne.

Donc, je crois pas que les choses soient vraiment si différentes entre jeunes des cités d’aujourd’hui et jeunes des villages de cette époque .

Message ajouté après : 4 minutes:

Par expérience professionnelle ,d'accord avec les analyses de Gégé auxquelles à mon avis il faut rajouter une dimension plus large, celle de la place de ces phénomènes dans la société ;la manière dont chaque société répond,à une époque donnée ,a un impact important sur l'évolution de ces micros-sociétés.
Quand Gégé évoque "la destruction des structures comme premier signe de réussite" il a raison et ce sont toujours les mêmes réactions qui ont prévalu lorsque des passages de l'obscurantisme à la lumière se sont profilés dans des sociétés.
Pour moi (et sans connotation de jugement quelconque) l'instinct grégaire qui prévaut dans ces phénomènes est un instinct de survie, primaire, qui ne peut évoluer qu'avec l'accession de ses membres à la réflexion, à la culture, à une appréhension moins étroite du monde qui peut leur permettre de reprendre leur liberté de penser et se détacher de l'inféodation à un groupe . Ce n'est pas le fruit du hasard si actuellement ces comportements semblent reprendre de la vigueur alors que petit à petit les quartiers ont été dépouillés des services qui faisaient un énorme travail de fourmis dans ce sens. A la présence des éducateurs de prévention,de rue, d'animateurs on a préféré la répression et construire des prisons....toute l'histoire de notre société démontre que c'est grâce à l'intelligence, la reflexion, la connaissance que nous sommes passés de la barbarie à la civilisation


Entièrement d'accord avec toi. :)

#96 + Partager Willy

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Posté 16 janv. 2008 - 10:28

J'essaie de suivre le débat depuis le début et je dois bien avouer que l'envie d'y participer me démange mais malheureusement je ne trouve rien d'interressant à ajouter...Je voudrais juste remercier Gégé pour la précision de ses posts, la simplicité et la vulgarisation du vocabulaire utilisé. Il y a certains posts que je ne finis même pas de lire tellement ils sont vagues, généraux et remplis de mots qui m'embrouille plutôt qu'autre chose. On sent qu'il y a ceux qui parlent de ce qu'ils connaissent, expérience de terrain, et ceux qui veulent philosopher sur un phénomène de société !
Merci Gégé !

#97 + Partager GEGE

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Posté 16 janv. 2008 - 10:56

de rien willy,ce que tu me dis me touche énormément merci a toi. :)

#98 + Partager MarieT

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Posté 16 janv. 2008 - 11:12

Il y avait aussi (peut-être toujours??) les bagarres entre ceux du bourg et ceux de la campagne ; j'ai entendu souvent mes parents l'évoquer quand ils parlaient des bals auxquels ils se rendaient. Par contre ils étaient bien en peine de fournir vraiment une explication, si ce n'est un rejet, un mépris des gars du bourg (a priori sortis de la terre par un statut d'ouvrier ou d'artisan) pour ceux qui étaient toujours "bounhoumes".
Pour faire suite aussi à Chamczyk(j'ai pris une balle), il ne faut pas oublier les réactions obligées de prestance "même pas mal" qui deviennent aussi des moyens de tenir car si on ouvre la voie à ses failles , à ses souffrances, tout peut s'effondrer...

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Elfi
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Posté 16 janv. 2008 - 13:03

Elise, tu ne sais pas à quel point notre facilité à attribuer des caractéristiques en fonction des étiquettes et des classements "innés"
réjouit les publicitaires et les pros du marketing (le joli monde d'où je viens).

Est ce que ces préjugés sont justifiés, est ce que ces attributions sont réelles, peu importe, c'est tellement pratique, de toute façon l'important c'est de vendre sa lessive, n'est ce pas...

Alors continuons à servir la pub, les communicants et les politiques... bêêêêêhhh

je vais essayer de vous trouver des exemples parlants et je vous les recolle ici

#100 + Partager GEGE

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Posté 17 janv. 2008 - 11:49

Je me permet de relancer ce topic, car on a parlé beaucoup des violences, des bandes etc…

Mais très peu en fait des structures qui sont mises en place à l’intérieur même des cités.

Je parle là de l’action sociale dans les quartiers par l’intermédiaire des centres sociaux aussi appelés maisons de quartier.

Peut être qu’a partir de là , nous pourrons définir ce que le monde du trad peut apporter et comment il peut le faire.

Je vais prendre comme exemple la définition du centre social tel qu’il est présenté par la municipalité dans la commune où je vis :



Proche de vous, le centre social vous aide dans vos démarches mais aussi lieu de rencontre et de convivialité, c’est un partenaire toujours présent dans votre quartier…

Un lieu d’écoute:

Au centre social, vous pouvez rencontrer une conseillère en économie sociale et familiale, être aidé dans vos démarches administratives, rencontrer une assistante sociale, trouver le bon interlocuteur pour votre enfant en difficulté, être orienté en cas de souffrance familiale.

Un lieu de vie:

Les centres sociaux sont aussi des lieux d’éveil pour les enfants, des lieux d’échange et d’entraide pour les adultes. Sous le même toit, l’aide sociale côtoie la PMI, Protection Maternelle Infantile, le service de vaccinations, la halte-garderie, le centre de loisirs, des activités d’éveil pour les enfants, une bibliothèque et une ludothèque.

Les habitants du quartier s’y rencontrent à l’occasion d’ateliers d’apprentissage, d’activités de loisirs et des fêtes de quartier.

Certains d’entre vous, trouverons peut être inutile d’avoir afficher cette définition car ils connaissent déjà par cœur cette structure, pour d’autre par contre, je pense qu’il est utile de connaître ce qu’il y a derrière le mot centre social afin qu’ils puissent mieux participer au débat en connaissance de cause.

Peut être que je commet une erreur en continuant ce topic, mais j'ai envie qu'on traite à terme de toutes les facettes de ce topic, afin de peut être répondre à Kalon à propos des premiers post.


oups! désolé, j'aurais pas dû, c'est vrai que ça fout une mauvaise ambiance , en plus c'est pas tellement trad tout ça. :ehh: