Quel aplomb Nevado...
Alors juste pour info, je me fiche bien se savoir que le Larousse a modifié ses définitions, je voulais juste te faire comprendre qu'il faut faire attention à la qualité de ses sources. Et si tu veux jouer à ce jeu-là, sache qu'il y a encore de belles boulettes dans ton dico, du genre dire que le fest-noz est une fête
traditionnelle : on est en pleine mystification là !!! Le fest-noz est une création des années 50, c'est un bal folk à répertoire breton généraliste. Et parler de biniou pour un bagad est une connerie puisque, même si cornemuse écossaise se dit
biniou braz en breton,
biniou utilisé seul fait référence au
biniou koz qui n'est pas utilisé dans les bagadou (ou alors de manière très très occasionnelle, par un seul musicien). Un bagad est donc constitué principalement de bombardes, de cornemuses écossaises et de percussions.
Ton assurance me fait peur et m'interpelle Nevado. Tu racontes n'importe quoi sur la société paysanne, avec une telle confiance en toi... Alors que tu es jeune et que tu connais ce milieu depuis peu de temps. Encore une fois je me suis construis plein de représentations mentales complètement erronées sur la tradition, le folklore, le monde paysan, etc... quand j'étais plus jeune, mais j'ai toujours écouté avec beaucoup d'attention les gens qui me semblaient avoir plus de savoir que moi, et je continue à le faire. Pas plus tard que dimanche, je me suis rendu compte que je ne connaissais rien à la scottish et à son histoire... J'aimerais que tu ne vois pas de prétention dans tout ce que je dis, on est tous des ignorants, on a tous des idées préconçues à un moment donné ; mais il faut savoir dépasser tout ça... enfin il me semble que c'est important. Dans le milieu trad/folk, il traîne énormément de mythes et d'idées fausses sur les danses et musiques traditionnelles et ça me ferait de la peine d'entendre tous les jeunes raconter n'importe quoi dans 10 ou 20 ans en balayant d'un revers de main toutes les recherches qui ont été faites dans ce domaine, sous prétexte que la majorité a raison.
Bon j'arrête là parce que j'ai l'impression de parler comme un vieux con et en plus je suis HS, désolé...Quant à savoir si le hip-hop va devenir une tradition, rien de sûr. En effet il faudrait qu'il y ait transmission sur plusieurs générations
sans qu'il y ait de modifications notables dans le style, ce qui n'est pas du tout certain. Contrairement à ce que pense pas mal de monde, la tradition n'est pas caractérisée par son évolution :
la tradition évolue, c'est un bel oxymore, mais c'est infondé : une tradition se définit à l'inverse par une certaine
stabilité des choses transmises, sinon il n'y a pas tradition. Par exemple, on ne parle pas de tradition du musette : le musette est un genre qui commence en gros dans les années 10, qui dérive des traditions italienne et auvergnate, mais dès que ce genre est créé, il ne cesse d'évoluer : le musette des années 10 n'est pas celui des années 20, qui n'est pas celui des années 30, qui n'est pas celui des années 40. En revanche, un point qui caractérise bien la musique traditionnelle, et c'est Olivier Durif qui l'explique très bien dans son livre (Musiques des Monts d'Auvergne et du Limousin), c'est l'
appropriation des thèmes traditionnels : demandez à 15 violoneux de tradition de jouer la même bourrée et vous aurez 15 versions différentes (mesures en plus ou en moins, rythme modifié, rajout/suppression d'une partie, mode utilisé, son personnel, ornements caractéristiques, etc). Pour être provoc, demandez aujourd'hui à 15 folkeux diatoniciens de jouer Flatworld et vous aurez 15 fois la même chose. Bon j'exagère un peu, ok... mais quand même : comme le jeu solo a quasiment disparu dans le revivalisme et qu'on ne jure que par les groupes et les boeufs, il faut bien une certaines uniformisation, c'est inévitable. De plus, l'enregistrement d'aujourd'hui apporte une version fixe pour tout le monde, alors que l'apprentissage musical dans la société paysanne favorisait la multiplicité des versions (voir à ce sujet la belle anecdote racontée par Durif du violoneux qui marche des km pour aller voir un autre violoneux qui lui apprend une bourrée, mais celle-ci est tellement difficile qu'une fois arrivé chez lui il l'a oubliée ! Du coup il est obligé d'y retourner le lendemain...). Attention, ce n'est pas une critique, juste un constat...
Bref, la naissance d'une tradition se fait facilement dans une société paysanne qui peut être assimilée à un isolat géographique ou presque ; c'est beaucoup plus difficile dans une société urbaine. C'est ce qui explique qu'à peine créé, le musette a évolué. Et je verrais bien le hip-hop suivre le même chemin. Mais l'avenir me donnera peut-être tort !
Quant à savoir si la musique auvergnate est plus pauvre que la musique indienne, autant se demander si Stéphane Grappelli joue mieux que Yehudi Menuhin. Mise en parallèle complètement débile !!