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* * * * - 7 note(s)

article / Trad Mag n.151 (sept/oct 2013)


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418 réponses à ce sujet

#221 + Partager crmtlimousin

crmtlimousin
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Posté 30 nov. 2013 - 19:32

Juste deux détails:( pardon pour le retour en arrière)

Un.j'espère, dans mon propos, ne pas avoir confondu politique et utilité sociale, Diatoto. On ne décide pas de ce qui est politique ou non et dans la musique en particulier ( le populisme non merci!) mais on peut choisir d'être utile et d'être au carrefour des êtres et de la vie.

Et à cet endroit et dans cette quintessence, je préfère que la musique y soit juste plutôt que belle...contrairement à ce que pense pouvoir affirmer Catherine Perrier de l'avis de Julien Chastagnol...c'est un long débat...

Deux. La période de 73 était toute aussi profondément anxiogène et déprimante mais dans une autre incertitude que celle d'aujourd'hui: on était en train de sortir des trente glorieuses économiques, mai 68 n'était pas sûr de sa révolution culturelle et le conservatisme ambiant semblait lui avoir survécu, on fonçait dans le brouillard... le film "Tous au Larzac" en témoigne, je crois, très bien.

Et un troisième pour la route, vous y tenez à votre os sur les "néos" et les "archéos"quand même!!!


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#222 + Partager loic

loic
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Posté 02 déc. 2013 - 14:05

Deux choses, en vitesse, parce que c'est l'heure de manger :

1. C'est dingue, si le néotrad s'était appelé néofolk, il n'y aurait peut-être jamais eu tout ce débat ?! Comme l'a rappelé Tof, le terme "néotrad" vient de Thierry Laplaud ; terme fort mal choisi à mon avis, le néotrad est en fait du folk progressif, néofolk serait beaucoup plus juste. En même temps, c'est un peu de la faute à Mustradem : Musiques Traditionnelles de Demain... Je sais bien que c'est un jeu d'esprit sur le non-sens du concept, "tradition de demain", mais voilà quoi... néotrad du coup... hé hé.

2. Dire qu'on perd de plus en plus de vue les styles régionaux et les "terroirs" parce que le néotrad se développe, c'est un très mauvais argument. Le néotrad se développe oui, mais si on fréquente avec assiduité le grand "milieu" des musiques trad aujourd'hui, on se rend compte qu'il y a de plus en plus de musiciens spécialisés dans un terroir, avec des connaissances bien plus approfondies que celles qu'avaient les folkeux des années 70 (et pour cause, c'était le début de la redécouverte de ces musiques !). Et je vais en citer, allons-y :

Loïc Etienne (diato, Auvergne), Clémence Cognet (violon, Auvergne), Arnaud Bibonne (cornemuse, Gascogne), Camille Raibaud (violon, Gascogne), Julien Cartonnet (cornemuse, Morvan), Clément Guyard (flûte, Irlande), Matthieu Roulet (uilleann pipes, Irlande), Guillaume Vargoz (harmonica, Irlande), Guilhem Cavaillé (violon, Irlande)... Ce ne sont que quelques coups de coeur, il y en a beaucoup d'autres, et je ne connais pas tout le monde. J'invite Philippe Carcassés à rencontrer ces musiciens, qui ont tous entre 20 et 35 ans, pour s'apercevoir que de nombreux jeunes ont des connaissances très étendues sur la musique traditionnelle qu'ils pratiquent. Ce qui n'empêchent pas certains d'explorer des pistes plus contemporaines, plus "néo-traditionnelles", ce qui montre à ceux qui en doutent que c'est possible de faire les deux et d'être sensible aux deux esthétiques.

 

Scrogneugneu.

Gros copinage detecté ! :P



#223 + Partager rljp

rljp
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Posté 02 déc. 2013 - 15:17

On m'a toujours dit que ce n'était pas la taille des caractères qui comptait.

 

Philippe, les questions dans le domaine de l'éthnmusicologie ne peuvent pas se poser en ces termes et encore moins être résolues par oui ou par non. Utiliser la figure de style de la question rhétorique, chère à nos hommes politiques lorsqu'ils veulent nous asséner leurs arguments n'est pas productif et ne fera pas avancer le schmilblick. L'histoire de l'évolution des musiques ou non (aujourd'hui, on joue encore du baroque à 415...) relève de phénomènes historiques complexes et n'a que peu de choses à voir avec une quelconque notion simpliste de "permission" (de qui, de quoi?...), mot franchement détestable et qui rend tes arguments difficilement recevables.

1-Ah, mais nous avons parmi nous un éminent ethnomusicologue, qui se révèle enfin ! ;D  Dommage que nous ne puissions pas nous référer à de brillants travaux qui pourraient nous éclairer ici. Les arguments d'autorité... sans justifications, ne relèveraient-ils pas du dogmatisme et du refus de débat ?

En passant, un merci à Hervé Dréan qui nous a dans ce forum renvoyé à un article intéressant " la tradition n'est plus ce qu'elle était, sur les notions de tradition et de société traditionnelle en ethnologie". Toute référence scientifique est la bienvenue pour élever le débat !... enfin, moi, c'est mon point de vue... vous pouvez préférer délire verbalement.... mais je pense que c'est un peu dommage !

 

2-Toujours pour te répondre, il me semblait que les sciences (humaines notamment) fonctionnaient justement (dans l'approche méthodologique et épistémologique la plus fréquente).par la formulation d'hypothèses qu'il s'agit de démontrer ou d'infirmer. En quoi la formulation de Ph. Carcasses serait-elle déplacée ? Certes, il ne prétend pas être ethnologue !

Bref, on a l'impression, que la tendance majoritaire, c'est : courage, fuyons les débats de fond !

 

3-Personnellement, je ne vois pas pourquoi le fait d'utiliser un instrument "ancien" (relatif pour le diato !) confère à la musique un caractère ancien, traditionnel, ou néo-traditionnel. Et Julien Doré à la vielle, c'est du néo-trad ? Alors qu'à la guitare acoustique ou électrique c'est de la variété ?

Au lieu d'enfumer tout le monde (les clients ?... certains ne semblent pas avoir une approche totalement désintéressée...) par la vacuité des superlatifs, ne pourrait-on pas tout simplement appeler un chat un chat ? Ces musiques qui n'ont pas de véritables liens avec une tradition, une culture, une région, une langue, une façon de penser le monde, ne faut-il pas plutôt les qualifier de MUSIQUES ACTUELLES, si ce n'est jazz ou de variétés (apparemment c'est moins vendeur ! Ou le positionnement marketing est moins lucratif). Mais les qualifier de musique actuelle, c'est une réalité objective si on prend un minimum de recul dans le temps et dans l'espace. Rendez-vous dans 10 ou 20 ans et vous verrez ce qu'on en dira !

 

4-Ph. Carcasses, est une personne engagée depuis des dizaines d'années dans ces musiques traditionnelles, et qui a permis de remettre en lumière des instruments et des traditions en voie de complète disparition (le Trad mag 150 de son courrier lui consacre aussi un article élogieux !  Excessif ?). Dans son courrier et sur le forum, il semble parler de ce qu'il connaît, sans avoir les mollets qui gonflent. Pourquoi son courrier modéré a-t-il déclenché des réactions aussi virulentes ?

Et n'oubliez pas de lire la réaction (pas toujours parfaitement claire !) d'Yvon Guilcher, le plus grand spécialiste scientifique des danses en France, qui abonde + ou - dans le sens de Carcasses.

 

Bref, un grand merci à Ph. Carcasses d'avoir le courage d'aller contre la pensée unique dominante et d'oser poser enfin quelques questions qui dérangent visiblement !

Avec en plus beaucoup d'humilité et une volonté remarquable de rechercher le consensus !

Il semblerait donc bien que les questions qu'il pose soient pertinentes... dans le respect des goûts et des approches de chacun !...

 

Et puis l'important, c'est que la musique nous apporte quelque chose d'irremplaçable, de l'émotion, de la transe, du plaisir... qu'importe le flacon...


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#224 + Partager -Y-

-Y-
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Posté 02 déc. 2013 - 15:37

À chaud, sur ton point no3 : ça n'est sûrement qu'une histoire d'étiquettes. Mais la musique traditionnelle (peu importe le sens qu'on veut bien lui donner), est bien une musique actuelle, du violoneux jouant avec des gants de box jusqu'au claviériste tentant la synthèse de Lucien Allard et Eddy Louiss. Les musiques que tu inclues dans « musiques actuelles » ont elles aussi des codes qui leur sont propres, et des pseudo-débats entre conservateurs et progressistes comme celui qui nous occupe.

 

Ne crois-tu pas que tu pousses le bouchon un peu loin en disant que les musiques « néotrad » n'ont aucun lien ? À mon sens (s'il faut faire une distinction, parce que personnellement, j'ai du mal à en faire) le néotrad serait une évolution de ce qu'on appelle trad, sans que ça lui confère une quelconque supériorité ou que ça ne rende obsolète la musique dont il s'inspire.

 

Enfin, le consensus est-il en toutes situations quelque chose de désirable ?


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#225 + Partager Ludoman

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Posté 02 déc. 2013 - 16:15

En quoi la formulation de Ph. Carcasses serait-elle déplacée ? Certes, il ne prétend pas être ethnologue !

Ses idées de base sont intéressantes :) (quoique simplistes je trouve, le milieu trad français n'est pas bipolaire, il y a eu, il y a et il y aura  beaucoup de fusions, d'influences, d'expériences, d'assimilations musicales... bref... et ne parlons pas des exemples très discutables qui mériteraient de beaux débats) et je suis assez d'accord avec la plupart, mais ça s'arrête pour moi au moment où il veut "censurer" une façon de jouer, de s'exprimer.  :eek: Relis les articles en faisant attention à la forme.

 

3-Personnellement, je ne vois pas pourquoi le fait d'utiliser un instrument "ancien" (relatif pour le diato !) confère à la musique un caractère ancien, traditionnel, ou néo-traditionnel. 

Tu rigoles ?
Tu parles de raisonnement scientifique mais il suffit de relire ta phrase ;)

 

Bref, un grand merci à Ph. Carcasses d'avoir le courage d'aller contre la pensée unique dominante

Tu peux détailler ton idée de pensée unique ?


Modifié par Ludoman, 02 déc. 2013 - 16:33.

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#226 + Partager deniis

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Posté 02 déc. 2013 - 16:47

 

Au lieu d'enfumer tout le monde (les clients ?... certains ne semblent pas avoir une approche totalement désintéressée...) par la vacuité des superlatifs, ne pourrait-on pas tout simplement appeler un chat un chat ? Ces musiques qui n'ont pas de véritables liens avec une tradition, une culture, une région, une langue, une façon de penser le monde, ne faut-il pas plutôt les qualifier de MUSIQUES ACTUELLES, si ce n'est jazz ou de variétés (apparemment c'est moins vendeur ! Ou le positionnement marketing est moins lucratif). 

 

Ce qui est entre parenthèses m’a beaucoup fait rire. J’aimerais bien savoir quelle est la région de France où les musiciens trad sont plus « banquables » que les musiciens variété ou jazz !

car de ce que j’en vois, pour l’essentiel des musiciens trad (ou de leur nemesis neotrad), la musique tient bien plus du sacerdoce que du métier lucratif enrichissant 


Modifié par deniis, 02 déc. 2013 - 16:48.

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#227 + Partager Calmar

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Posté 02 déc. 2013 - 18:41

????

oui c'est vrai , c'est relou ce sujet...

je retourne faire ma vie ... allons bien-penser sur un autre forum...

tcho!



#228 + Partager AlinWond

AlinWond
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Posté 02 déc. 2013 - 21:47

Bon, déjà, P.Carcassès : si pour toi/vous, l'existence de tous les musiciens que Tiennet a cité est une "nouvelle", ça explique pas mal d'incompréhensions croisées dans la discussion qui précède... (ne voir aucune connotation négative dans ma remarque - si on commence à comparer les étendues de nos ignorances respectives je suis certainement gagnante !)

 

Ensuite, rljp... et quelques autres (mode enquiquineuse dépourvue d'humour "on") : je suis peut-être très susceptible, mais je trouve un peu agaçantes les remarques récurrentes sur le thème "vous ne voulez pas débattre sur le fond, vous n'avez pas d'arguments solides, vous êtes des capons qui se réfugient dans les blagues à deux balles". Il a récemment été discuté, dans une autre rubrique sur le forum, de l'impression défavorable d'évitement que pouvaient ressentir certains lecteurs, face à des participants qui manifestaient une "distance" et un peu de dérision lors de débats de fond... alors OK, c'est vrai, je comprends, mais bon sang allez donc un peu fouiner dans les archives ou dans les tags du forum et vous verrez bien si oui ou non ces sujets-là ont été débattus, discutés, reconsidérés et argumentés par ces gens-là que vous accusez de frivolité.

Et puis, d'accord, Philippe Carcassés est peut-être un éminent personnage auquel la musique trad doit beaucoup, mais des gens comme Tof ou Diatoto ont aussi donné de bien belles choses, et donnent encore, ils ont peut-être moins de "dizaines d'années" d'expérience mais enfin, ce n'est pas comme s'ils étaient nés de la dernière pluie. (mode enquiquineuse "off", enfin je vais essayer)

 

Et je suis d'accord avec Y pour dire que la recherche systématique de consensus n'est guère intéressante dans une réflexion argumentée - ceci dit je n'ai pas l'impression que Carcassès cherche "le consensus" - en revanche, oui, il expose ses opinions avec sincérité, sans agressivité et sans chercher à systématiser les oppositions... et c'est fort appréciable.

 

Enfin puisqu'il se confirme que l'origine du débat se réduit finalement à "les musiques néotrad ont-elles le droit de s'appeler néo-trad ?"... Franchement, je trouve plutôt marrante la proposition de la requalifier sous le chapeau "musiques actuelles". Et alors les musiques qu'on voudrait bien qualifier de "trad"... composées, jouées, chantées, dansées actuellement, par des musiciens actuels, dans nos calendriers actuels et sous nos parquets actuels, elles ne seraient pas actuelles ?

C'est un peu comme l'appellation "musiques du monde", ça... les musiques "pas du monde", elles sont d'où ? De la lune ?

Bref, si on veut jouer au petit jeu des appellations pas tout à fait adéquates, on n'a pas fini...

:)


Modifié par AlinWond, 02 déc. 2013 - 21:53.

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#229 + Partager philippe carcassés

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Posté 02 déc. 2013 - 22:32

Joëlle, je vous réponds.

Vous semblez connaître les musiques trad. andines (boliviennes, je pense) puisque vous faites allusion aux zampognas et tarkas. Ce que vous dites est exact. Là-bas (en Bolivie en tout cas) il n' y a pas eu de coupure. Et je dirai aussi qu'ils n'ont pas connu non plus la culpabilisation. Tradition, terroir, et même le mot folklore...Là-bas ça ne fait rougir personne, au contraire. Le lien, le continuité avec les ancêtres, tout ceci est revendiqué haut et fort. On offre des zampognas aux enfants dans les écoles. On chante en aymara janiu waliquiti markatarmasina, achachilla nakata amtasina (ce n'est pas bien d'oublier son village, il faut se rappeler des anciens), ou bien Viva mi patria Bolivia sur un rythme de cueca, toutes choses qui ici en France font louche ou font sourire (le terroir, c'est vieux jeu ou pétainiste). Il est inconcevable là-bas de faire du "trad" sans le relier aux racines. Ce pays m'a formé, j' y ai vu des choses d'une très grande profondeur (comment peut-on dire que "la tradition, ça n'existe pas" quand on a vécu avec les Aymaras ou à Potosi?). Mais j'ai commis peut-être l'erreur de vouloir transposer ces valeurs, qui me semblent bonnes et belles, en France...En France, nous n'avons plus de telles proximités avec les racines, et je l'ai expliqué dans l'article qui a fini dans ce journal Trad Mag, que je ne lis pas. Mais j'ai voulu quand même faire référence à ce qu'il en reste, des racines des peuples de France, ces cultures populaires tant méprisées du pouvoir central et tant ignorées des médias. Et, à l'heure actuelle, tant américanisées, triste cerise sur un triste gâteau.

En Bolivie, des groupes qui créent, il y en a à la pelle ! Mais ils créent tous dans le style; on cherchera vainement une influence jazz ou manouche dans leurs créations. Certains sont modernes, ils ont des guitares électriques et font des clips. Mais jamais de jazz ou de manouche dans leurs musiques. Non que le jazz ou le manouche soient "mauvais", bien au contraire (comme si la question était là !), mais ceci pour dire qu'ils assument leur ancrage. Et c'est ce que j'ai voulu faire comprendre ici. Je ne voudrais pas que ce qu'on appelle le néo-trad, musique de bonne qualité et virtuose, finisse par chasser ici les musiques encore ancrées dans un terroir, même si cet ancrage est évidemment du "réchauffé", par rapport à l'Amérique du Sud.

Je crois que ce genre de point de vue est devenu incompréhensible en France, ou du moins très minoritaire. Le dogme qui y règne est "du nouveau sans cesse et à tout prix", sans se préoccuper des conséquences. Je n'aurais jamais écrit tout ça si je n'étais pas inquiet. Je n'en veux pas à ceux qui font du néo-trad ! mais je crains, je l'assume, le grand métissage mondial des cultures, en musique, en cuisine comme dans ce qu'on voudra. Cette grande soupe universelle a, à mon humble avis, particulièrement touché la France. Je me lève donc pour faire quelque chose. Ce combat a été plus fort que ma discrétion naturelle.

Voilà; mais je désespère maintenant de me faire comprendre ici. J'ai essayé de faire un petit test avec le Flamenco, mais personne n'y a répondu.


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#230 + Partager teddy

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Posté 02 déc. 2013 - 22:56

Enfin, j'ai quand même l'impression que tout le monde est d'accord.


????

oui c'est vrai , c'est relou ce sujet...

je retourne faire ma vie ... allons bien-penser sur un autre forum...

tcho!

 

eho, ça va pas non !? Tout le monde peu bien-penser ici.


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#231 + Partager Tya

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Posté 02 déc. 2013 - 23:19

Juste une remarque, Philippe, car cela fait bien trois fois que tu précises quelque chose qui m'oblige à ma gratter la tête.
Pourquoi adresser des courriers à Trad'Mag, puisque tu ne lis pas ce journal ?
 
Voici un journal qui existe depuis vingt-cinq ans, qui fait "autorité" (puisqu'il est le seul — vaste débat) dans le domaine des musiques traditionnelles, et tu écris à Trad'Mag alors que tu n'as pas connaissance de ce qu'il se raconte dans ses pages.
C'est un peu comme si quelqu'un venait ici pour débattre avec fermeté du folk, du trad, ou du neotrad, alors que cette personne participe à trois bals et un concert dans l'année et ne fiche jamais les pieds (qu'elle y danse ou non) dans un des nombreux festivals de l'hexagone. Ne nous rassure pas sur ce point, hein, on imagine que pour être autant au parfum de ce qu'il se fait si négativement en France, tu es un collectionneur de forfaits de festivals européens. 
 
Un conseil, Philippe (absolument pas autoritaire, je te l'assure) : reprend les Trad'Mag, depuis leur premier numéro. Allez, fais un effort, depuis l'édito du premier numéro (c'était il y a un quart de siècle), même. Pas inintéressant, tu verras…

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#232 + Partager Eden

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Posté 02 déc. 2013 - 23:44

(Juste pour info, Philippe a également précisé qu'il n'avait pas écrit à tradmag mais à une personne et que-si j'ai bien compris- cette personne a transmise la "lettre" au mag )


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#233 + Partager diatoto

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Posté 02 déc. 2013 - 23:51

@rljp

Si tu avais lu le topic avec plus d’attention, tu aurais vu que j’avais déjà souligné la grande pertinence des  réflexions d’Hervé Dréan. En ce qui concerne Yvon Guilcher, j’ai souvent renvoyé sur ce forum à son ouvrage incontournable « la danse traditionnelle d’en France » (Il se trouve également que je lui ai servi de musicien de stage à plusieurs reprises ce qui prouve, malgré ses positions très tranchées, sa bienveillance en pratique!...)

Je ne remettrai pas en question le fait que je serais bien incapable de coucher sur le papier des réflexions du même acabit mais est-ce que cela m'enlève toute légitimité pour dire que je ne suis pas d’accord avec Philippe Carcassès ?... D'ailleurs en matière de contributions de qualité, on était plusieurs à attendre les tiennes, rljp, après ton entrée fracassante et ton premier message sur le mode de "tout le monde il est trop nul sur ce forum"

Dans l'article qui a donné naissance à ce topic, Philippe nous interpelle, nous alerte. De quoi?... « Peur sur la ville le trad » ?... Attention des impostures musicales nous envahissent et mettent en danger la qualité, l'authenticité, la VERITE du trad... (Il est vrai que la peur est à la mode en ce moment et que sous prétexte de préserver ou plutôt retrouver l'harmonie collective d'antan, on n'hésite pas à faire le contraire en désignant certaines brebis galeuses sous couvert bien sûr du sacro-saint bon sens populaire...). Libre à toi rljp de trouver novateur et anticonformiste cet appel qui n'est ni plus ni moins qu'une énième version de la querelle des anciens et des modernes ou de sa soeur jumelle la théorie de la décadence. Comme le rappelaient certains sur ce topic, on retrouve cet antagonisme dans à peu près tous les domaines et à travers tous les âges. Il suffirait de remplacer les quelques mots spécifiques de notre sémantique pour rendre ce discours complètement adapté au jazz, à l'art contemporain, au judo, au cassoulet... On n'est pas si loin que ça du tradotron... En tous cas très près du concours d'enfonçage de portes ouvertes!.. Sans parler du concours d'Images d'Epinal... Comment ne pas sourire devant la comparaison au premier degré de deux pays aux histoires si différentes que sont la France et la Bolivie... Au passage l'image d'Epinal concernant la France, ce n'est pas la gigue provençale ou le rondeau mais le musette et la chanson rétro, un genre pour lequel ça ne m'étonnerait pas que Philippe aie une certaine aversion...(déduction sociologique de comptoir de ma part, tu me confirmes?...)

Mener ses projets avec sincérité, partager son enthousiasme et ses coups de coeurs avec d'autres, visiblement ça ne suffit pas. Il faut aussi montrer le "mal", le circonscrire, l'écarter... Loin de moi l'idée bisounours de tout aimer mais ça me met toujours mal à l'aise ce besoin de pointer du doigt. En quoi cela vous met-il en danger?... Qui vous oblige à aller au boombal ou à acheter le dernier... Qui oblige qui à quoi?...

Et parfois on se demande si on vit dans le même monde car je ne suis pas persuadé que les productions "trad comme il faut" soient si minoritaires, au contraire, je trouve qu'elles se portent plutôt bien actuellement.

(Je passe sur l'étiquetage des musiques qui semble être pour vous une science exacte...lol)

Pour conclure et pour me défendre des accusations de suppôt du néotrad qui me guettent, j'ai envie de renvoyer dos à dos les deux discours stéréotypés de notre antagonisme philo-tradique préféré. Celui des bonnets rouges du trad... et celui des néotradeux (la tradition doit évoluer pour vivre...) Entre les gardiens du temple et les obstétriciens accoucheurs du trad vivant, j'en ai parfois ma claque! L'ambiguité du revivalisme, mouvement soixante-huitard s'il en est, c'est vraiment s'approprier des concepts liés à la collectivité (la tradition, la communauté, la transmission, l'oralité etc...) pour servir en fait un individualisme forcené!...Gloups.


Modifié par diatoto, 02 déc. 2013 - 23:56.

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#234 + Partager teddy

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Posté 03 déc. 2013 - 00:00

diatoto PRÉSIDENT !!!

 

 

 

 

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#235 + Partager rljp

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Posté 03 déc. 2013 - 00:05

À chaud, sur ton point no3 : ça n'est sûrement qu'une histoire d'étiquettes. Mais la musique traditionnelle (peu importe le sens qu'on veut bien lui donner), est bien une musique actuelle, du violoneux jouant avec des gants de box jusqu'au claviériste tentant la synthèse de Lucien Allard et Eddy Louiss. Les musiques que tu inclues dans « musiques actuelles » ont elles aussi des codes qui leur sont propres, et des pseudo-débats entre conservateurs et progressistes comme celui qui nous occupe.

 

Ne crois-tu pas que tu pousses le bouchon un peu loin en disant que les musiques « néotrad » n'ont aucun lien ? À mon sens (s'il faut faire une distinction, parce que personnellement, j'ai du mal à en faire) le néotrad serait une évolution de ce qu'on appelle trad, sans que ça lui confère une quelconque supériorité ou que ça ne rende obsolète la musique dont il s'inspire.

 

Enfin, le consensus est-il en toutes situations quelque chose de désirable ?

1-Tu as raison ! Certes toutes les musiques jouées actuellement constituent des musiques actuelles ! Mais le problème de l'étiquetage imprécis, c'est qu'il peut nous induire en erreur et faciliter la confusion. Quand je danse sur une gavotte de l'Aven folk, lente, émouvante et triste, je vais avoir l'impression qu'il y a un lien avec la Bretagne, d'où viennent la plupart des gavottes. Puis j'apprends que le lien avec la gavotte "traditionnelle" de l'Aven est ténu, pour ne pas dire inexistant, mis à part une ressemblance du pas de danse : qu'il s'agisse du mode musical (il me semble), du tempo, de l'énergie de la musique, et de la danse comme élément d'une suite complexe.

Certes ces gavottes de l'Aven (je crois que les bretons n'aiment pas trop le terme pour désigner cette danse !) folk sont jolies et constituent une forme de néotrad sensible et intéressante. Mais peut-on parler d'une évolution d'une musique bretonne ?

C'est une question qui a été déjà étudiée par Yvon Guilcher (le spécialiste scientifique principal des danses trad). Le jean constitue-t-il une évolution du costume traditionnel en Auvergne ou en Bretagne ? Non. C'est un changement radical, qui n'a pas les même fonctions sociales et qui n'a pas de lien évident avec le passé ou la culture locale. Parler d'évolution dans ce cas est fallacieux : c'est pareil pour la musique.

J'ai bien aimé le commentaire précédent de Tiennet sur le terme de néofolk qui serait plus judicieux que néotrad. En effet quel rapport le néotrad entretient-il avec la musique trad ? Ici encore le lien est souvent difficile à trouver... sauf peut-être l'instrument de musique. Et encore !

Bref, le CRITERE me paraît clair. Si j'écoute une musique, elle sera qualifié de trad si elle entretient un lien avec un lieu, une culture, une langue, avec quelque chose de repérable dans l'espace et le temps. Or souvent des musiciens de bal nous font danser sur des morceaux dont nous sommes bien incapables de déterminer l'origine.... voire même de deviner la danse en question (en supposant que nous connaissons bien les danses en question et la culture locale).

Donc j'écoute un morceau. Est-il trad ? Je m'abstrais du lieu où je l'écoute et je me dis : peut-on trouver d'où il vient ?

Ou est-ce seulement de la musique agréable à écouter ou à danser (un peu comme on veut), mais qui n'est pas franchement localisée ?

Si oui, c'est du néotrad (qu'on devrait donc appeler néofolk, voire musique actuelle... si je persiste !). Utiliser le terme de trad pour des musiques qui n'ont aucune racine me semble douteux. Je me rappelle en Bretagne avoir écouté à un fest-noz un groupe local jouer un endro... à mon avis ça n'avait rien d'un endro. Je suis persuadé que, joué en Alsace ou en Catalogne, tout le monde aurait dit : oh la jolie scottish ! Donc c'est du néotrad, pardon du néofolk, ouaip... de la musique actuelle !

 

2-Les débats entre conservateurs et progressistes n'ont aucun sens ici. Quels sont les "des codes qui seraient propres" au musiques trad et que respecteraient les musiciens néotrad ? A ma connaissance, il n'y en aucun. Ou plutôt les derniers qui restent relèvent de la danse et du respect (relatif ! et forcément un peu évolutif) de certains tempos et temps forts. Mais que constate-t-on ? De plus en plus de musiciens jouent des musiques "a-sexuées" (si je puis dire !!!), a-topiques (sans lieu de référence) pour lesquelles chacun peut reconnaître tout et le contraire de tout, ou trouver ce qu'il a envie de danser. Effectivement, c'est plus cool pour le musico, qui peut faire ce qu'il veut, interpréter à sa manière et délirer autant qu'il lui plaira. Tant mieux pour lui. Tant pis pour les danseurs ! Enfin... comme dit Guilcher dans sa réponse sur Trad Mag, les VRAIS danseurs... pas ceux qui s'éclatent simplement... D'ailleurs ces derniers passeront dans peu de temps à autre chose... On va essayer de définir les vrais danseurs en disant ceux qui ont a peu près assimilé les subtilités de la danse et le plaisir de la différence, et qui s'intéressent (de près ou parfois d'un peu plus loin, selon le degré de maturité de chacun et son vécu) à la culture qu'il y a derrière... si c'est un peu trad !

 

3-Alors pour reprendre une question qui a été évoqué précédemment dans ce forum, les musiciens néo-trad n'ont pas envie de s'emm. la vie avec un cadre de musique à danser contraignant et rigoureux, en rapport avec une tradition particulière. Donc le bal trad, avec des danses de quelque part (et non pas des mazurscotvalses : tout est dansé pareil en schamallow) n'intéresse pas le musicien néotrad. D'où la tendance à faire des musiques créatives avec un rapport de plus en plus lointain avec une tradition ou un lieu culturel. Et d'où l'aboutissement : on veux faire du concert. Là c'est valorisant on fait nos compos (égo + SACEM !).

Sauf que les concerts de musique... c'est pas ce qui manque ! Par contre danser, et des danses variées et qui nous rapprochent avec des lieux et des gens qu'on aime... ça c'est plus dur à trouver !

 

4-Pour le consensus, n'est-ce pas un peu facile ? Apparemment tu es thésard, donc la polémique scientifique et la critique des savoirs tu dois connaître. Mais le savoir, à l'instant t, c'est bien quand même le fait d'arriver à des connaissances validées (certes provisoirement) sur certains domaines. Et dans ce domaine des musiques trad, je crains d'être un peu catégorique, mais la réalité n'est pas forcément le discours à la mode : vive l'évolution des musiques, vive la transgression des vieux codes... mais ça fait pas des dizaines d'années qu'on entend ça ? Ca a commencé avec Stivell début 70, non ? Enfin si j'en crois ce que j'en ai lu...

Et la réalité sur laquelle nous interpelle Carcasses, n'est-ce pas que des pans entiers de musiques traditionnelles sont en train de disparaître, car n'intéressant plus personne : trop ringard, faut faire de l'évolutif (en fait... autre chose, c'est un prétexte). En réalité, j'ai l'impression que les gens ne s'y intéressent pas, car ils ne connaissent pas. Et c'est tout le problème de cette discussion : comment parler de certaines choses si vous ne voyez pas ce à quoi je pense ? Et parfois pour reprendre le terme de Diatoto, c'est bien d'ethnomusicologie qu'il faudrait parler...

Mais mes compétences sont limitées.

Bref, je relais l'alerte de Carcasses : ATTENTION, la richesse des musiques trad françaises est en danger, et pourtant c'est si génial, et c'est de si bonnes vibrations ! Nous nous mobilisons pour la biodiversité, pour les animaux et les plantes, mais et les hommes ? Mobilisons nous pour faire vivre ces traditions musicales si riches et si festives... mais qui supposent une connaissance (pas aisée) de certains codes (comme le dit Y)... codes presqu'inconnus de tous.

Vive la trad-diversité et la richesse des cultures humaines ! Non à l'uniformisation des cultures et des musiques !


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Posté 03 déc. 2013 - 01:08

Quand je danse sur une gavotte de l'Aven folk, lente, émouvante et triste, je vais avoir l'impression qu'il y a un lien avec la Bretagne, d'où viennent la plupart des gavottes. Puis j'apprends que le lien avec la gavotte "traditionnelle" de l'Aven est ténu, pour ne pas dire inexistant, mis à part une ressemblance du pas de danse : qu'il s'agisse du mode musical (il me semble), du tempo, de l'énergie de la musique, et de la danse comme élément d'une suite complexe.
Certes ces gavottes de l'Aven (je crois que les bretons n'aiment pas trop le terme pour désigner cette danse !) folk sont jolies et constituent une forme de néotrad sensible et intéressante. Mais peut-on parler d'une évolution d'une musique bretonne ?


Sachant que dans l'Aven, ils aiment bien les airs en majeur pompier au biniou-bombarde, oui ça contraste un peu. Mais c'est juste l'appropriation de cette danse-là par des néotradeux. À ce titre, pourquoi serait-elle moins légitime que la cohorte d'échappés de bagads qui font un copié-collé de Gus Salaun ? Si l'argument c'est de respecter la « vraie » tradition, alors la recopie de style sans recul critique ça vaut pas mieux qu'un déroulé de gamme blues avec modulation au triton et tout le tremblement…
 

C'est une question qui a été déjà étudiée par Yvon Guilcher (le spécialiste scientifique principal des danses trad). Le jean constitue-t-il une évolution du costume traditionnel en Auvergne ou en Bretagne ? Non. C'est un changement radical, qui n'a pas les même fonctions sociales et qui n'a pas de lien évident avec le passé ou la culture locale. Parler d'évolution dans ce cas est fallacieux : c'est pareil pour la musique.

 
Continuons le parallèle biologique de l'évolution (même si la « scientisation » des sciences humaines c'est vraiment un poison, mais c'est un autre sujet). Dans la nature tout ne découle pas d'un continuum bien lisse. Des pertes, des coupes, des mutations soudaines, ça existe. Quand le jazz a débarqué dans nos contrées, on a eu affaire à un ajout bien brutal. Et pourtant ça a crée des styles à part entière ce contact brutal (Yves Menez ou probablement aussi les auvergnats de Paris). Alors, ça rejoint les objections déjà soulevées auparavant : on dirait que le problème c'est de se réclamer des musiques traditionnelles. Mais est-ce qu'une fois pour toutes on pourrait arrêter de donner des leçons sur ce qui est trad / pas trad, c'est d'un anachronisme fou puisque la société qui servait de contexte à ces musiques là n'existe plus.
 

J'ai bien aimé le commentaire précédent de Tiennet sur le terme de néofolk qui serait plus judicieux que néotrad. En effet quel rapport le néotrad entretient-il avec la musique trad ? Ici encore le lien est souvent difficile à trouver... sauf peut-être l'instrument de musique. Et encore !
Bref, le CRITERE me paraît clair. Si j'écoute une musique, elle sera qualifié de trad si elle entretient un lien avec un lieu, une culture, une langue, avec quelque chose de repérable dans l'espace et le temps. Or souvent des musiciens de bal nous font danser sur des morceaux dont nous sommes bien incapables de déterminer l'origine.... voire même de deviner la danse en question (en supposant que nous connaissons bien les danses en question et la culture locale).
Donc j'écoute un morceau. Est-il trad ? Je m'abstrais du lieu où je l'écoute et je me dis : peut-on trouver d'où il vient ?
Ou est-ce seulement de la musique agréable à écouter ou à danser (un peu comme on veut), mais qui n'est pas franchement localisée ?

 
Je crois qu'il disait plutôt qu'on ferait pas autant chier les neotradeux si y'avait pas le mot trad à intervenir. Après, sur le répertoire que je connais un peu, toute la question du terroir, des racines et cie se confronte toujours à un problème : si tu écoutes les sources tu te rends compte que c'est plus souvent une histoire de styles de personnes, et que le lieu joue peu de rôle là-dedans. C'est évidemment plus complexe que ça, mais ce qui marque un style dans une région c'est plus souvent l'influence d'un grand joueur qu'une qualité intrinsèque liée à la pancarte de la commune. Pour continuer dans le contre-exemple, c'est aussi possible d'aller au plus près de la source et de trouver des porteurs de tradition (quand il en reste encore) qui ne sont pas capables de faire la distinction entre deux danses pour des morceaux trad de chez trad.
 

Si oui, c'est du néotrad (qu'on devrait donc appeler néofolk, voire musique actuelle... si je persiste !). Utiliser le terme de trad pour des musiques qui n'ont aucune racine me semble douteux. Je me rappelle en Bretagne avoir écouté à un fest-noz un groupe local jouer un endro... à mon avis ça n'avait rien d'un endro. Je suis persuadé que, joué en Alsace ou en Catalogne, tout le monde aurait dit : oh la jolie scottish ! Donc c'est du néotrad, pardon du néofolk, ouaip... de la musique actuelle !

 
Oui bah, citons le bon vieux voyage de monsieur Dumollet qui pourra, sans modifier une seule note, être interprété par des populations différentes comme un air de quadrille, un air de saut béarnais, une marche du centre-Bretagne, etc. Faudra dire aux néotradeux que la parenté de leur démarche remonte aux opérettes, ils seront, j'en doute pas, flattés.
 

2-Les débats entre conservateurs et progressistes n'ont aucun sens ici. Quels sont les "des codes qui seraient propres" au musiques trad et que respecteraient les musiciens néotrad ? A ma connaissance, il n'y en aucun. Ou plutôt les derniers qui restent relèvent de la danse et du respect (relatif ! et forcément un peu évolutif) de certains tempos et temps forts.
Mais que constate-t-on ? De plus en plus de musiciens jouent des musiques "a-sexuées" (si je puis dire !!!), a-topiques (sans lieu de référence) pour lesquelles chacun peut reconnaître tout et le contraire de tout, ou trouver ce qu'il a envie de danser. Effectivement, c'est plus cool pour le musico, qui peut faire ce qu'il veut, interpréter à sa manière et délirer autant qu'il lui plaira. Tant mieux pour lui. Tant pis pour les danseurs ! Enfin... comme dit Guilcher dans sa réponse sur Trad Mag, les VRAIS danseurs... pas ceux qui s'éclatent simplement... D'ailleurs ces derniers passeront dans peu de temps à autre chose... On va essayer de définir les vrais danseurs en disant ceux qui ont a peu près assimilé les subtilités de la danse et le plaisir de la différence, et qui s'intéressent (de près ou parfois d'un peu plus loin, selon le degré de maturité de chacun et son vécu) à la culture qu'il y a derrière... si c'est un peu trad !

 
Passons sur certaines contradictions dans ta démonstration, mais il est où le problème ? Les néotradeux menaceraient la survie d'une musique locale ? Mais comme dit plus haut, faut arrêter, les jeunes qui ont une connaissance approfondie des sources, du style et tout le tintouin, et qui produisent une musique qui correspond aux critères que tu énonces (dans lesquels je me reconnais en partie), y'en a, et c'est même plutôt une tendance montante dans le milieu trad, de ce que j'ai pu voir. Même pire, certains sont des VRP multicartes et ont une activité musicale à la fois dans, mettons, la plus abrupte des formations microtonales en honneur des violonaires de l'Artense et  dans un combo trad-fusion recyclant du Hendrix à la vielle à roue. (Je sais pas si ce croisement en particulier existe mais c'est sûr que ce genre de profil existe).
 

Et d'où l'aboutissement : on veux faire du concert. Là c'est valorisant on fait nos compos (égo + SACEM !).
Sauf que les concerts de musique... c'est pas ce qui manque ! Par contre danser, et des danses variées et qui nous rapprochent avec des lieux et des gens qu'on aime... ça c'est plus dur à trouver !


C'est vraiment curieux, j'aurais dit exactement l'inverse : les lieux de concert où s'exprimer à partir du matériau trad, ça existe peu et c'est une solution pas très viable pour les musiciens. J'ai souvenir d'avoir vu une salle de concert atteindre péniblement les 200 personnes pour une sortie de disque de Katé-mé, alors que ces mêmes musiciens auraient réuni deux ou trois fois plus de monde s'ils produisaient une musique pour le bal.
Et puis, la Sacem, ça profite surtout aux productions « triple A » des majors françaises, pas aux indépendants du milieu trad, faut arrêter les fantasmes.
 

4-Pour le consensus, n'est-ce pas un peu facile ? Apparemment tu es thésard, donc la polémique scientifique et la critique des savoirs tu dois connaître. Mais le savoir, à l'instant t, c'est bien quand même le fait d'arriver à des connaissances validées (certes provisoirement) sur certains domaines. Et dans ce domaine des musiques trad, je crains d'être un peu catégorique, mais la réalité n'est pas forcément le discours à la mode : vive l'évolution des musiques, vive la transgression des vieux codes... mais ça fait pas des dizaines d'années qu'on entend ça ? Ca a commencé avec Stivell début 70, non ? Enfin si j'en crois ce que j'en ai lu...
Et la réalité sur laquelle nous interpelle Carcasses, n'est-ce pas que des pans entiers de musiques traditionnelles sont en train de disparaître, car n'intéressant plus personne : trop ringard, faut faire de l'évolutif (en fait... autre chose, c'est un prétexte). En réalité, j'ai l'impression que les gens ne s'y intéressent pas, car ils ne connaissent pas. Et c'est tout le problème de cette discussion : comment parler de certaines choses si vous ne voyez pas ce à quoi je pense ? Et parfois pour reprendre le terme de Diatoto, c'est bien d'ethnomusicologie qu'il faudrait parler...

 

Jy vois pas de la facilité. Je suis pas sûr que ça soit super pertinent d'arriver à un terrain d'entente tout le temps, mais surtout la recherche du consensus peut aussi amener à une solution qui ne satisfait véritablement personne (là encore, c'est un autre sujet).
Pour la perte de pans entiers, pour répéter ce qui a été dit plus haut, j'ai l'impression que y'a un biais de perception, ça intéresse de plus en plus de monde ce côté retour aux racines. Et puis oui, à mon sens, l'évolution c'est une bonne chose. Mais c'est pas caler une anatole sur le thème de Mme Bertrand ou avoir un djembé qui va faire que c'est une évolution, non ? En Irlande, tu as des musiciens comme Donal Lunny qui ont bossé autour des similitudes entre musique trad et pop et qui ont proposé une synthèse de ces musiques. Ça n'empêche pas la musique traditionnelle de continuer…


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crmtlimousin
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Posté 03 déc. 2013 - 07:22

Et ben Bon Diou...!!! Tous ces mots pour un débat, copié-collé d'un même initié, il y a près de quarante ans, à l'époque par Yvon Guilcher à propos de la musique d'Alan Stivell en Bretagne, débat inutile s'il en est (et tous les débats ne le sont pas) ou l'on se justifie à coup de "science" ou de "liberté" d'un domaine —la musique— dont justement la "science" est soumise au goût de chacun et ou la liberté indiscutable de chacun à ce sujet se heurte à une résistance essentielle qui n'est pas le goût de l'autre mais celle de l'objet musical à aller là où on lui dit d'aller...lol.

Toute culture et, plus encore, toute forme d'art est soumise à un cycle végétatif comparable aux saisons de la nature dans lequel la perpétuation du sens nécessite son renouvellement périodique sous peine de sa destruction par engorgement, affadissement, eutrophisation, décadence...Pour autant, dans cette quête d'un nécessaire ailleurs, c'est, tout aussi cycliquement, le "retour aux sources" qui va s'imposer à un moment donné. On sait aujourd'hui que les petits maîtres qui ont copié Rembrandt longtemps après lui ne sont pas devenus Picasso mais Picasso lui-même a passé sa vie au Louvre a regarder les grands anciens...

Dans les cultures musicales populaires, le piège est toujours tendu autour de la version soit-disant référente, celle susceptible d'initier et de commander toutes les autres. Or quand on recherche dans la chanson traditionnelle francophone, on finit par retrouver les sources lettrées au XVIe et XVIIe siècle de chansons longtemps mastiquées, tournées et retournées ensuite par des milliers de voix et mémoires, dans un effet de polissage, détournement des paroles et du sens et de la mélodie qui sont autant de sources de poésie et, aujourd'hui, les vraies raisons artistiques que nous avons de les chanter.

Ainsi dans telle chanson, le "vert bocage" peut devenir "l'amer bocage" enfin "la mer-bocage", toutes évolutions "sacrilèges" ou "déviantes"qui sont pourtant autant de chances pour l'interprète de retrouver une intériorité et un appui dramaturgique inédit et personnel à sa chanson multi-centenaire...Certes, nous ne sommes plus dans ce détail-là aujourd'hui, mais on voit bien que le monde occidental ne sait aujourd'hui comment se tourner avec son patrimoine et il oublie que d'autres cultures ont un autre rapport à celui-ci. Voici ce qu'écrivait à Pékin dans son recueil Stèles (en 1912 déjà) Victor Segalen prenant à partie la conception du monde européen sur la conservation en dur du patrimoine au regard de l'attitude du monde chinois:

...Rien d'immobile n'échappe aux dents affamées des âges. La durée n'est point le sort du solide. L'immuable n'habite pas vos murs, mais en vous, hommes lents, hommes continuels (...)     On ne saurait mieux dire...
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diatoto
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Posté 03 déc. 2013 - 09:46

Après la Bolivie, la Chine! Mais arrêtez de prendre en exemple ces pays qui nous ont quand même légué deux catastrophes culturelles majeures avec les remix d'El Condor Pasa à la flûte de pan et le secret des moines de Shaolin à Bercy!...

(Rq : Question patrimoine culturel, les chinois ont quand même pas mal morflé avec la révolution culturelle....)

S'il y a quelque chose de typiquement occidental, ou du moins de typiquement français, en tous cas de spécifique à la question des musiques du monde vue de la France, c'est un peu ce dénigrement de sa propre situation par rapport à d'autres plus exotiques et toujours plus mieux bien. C'est un peu comme si la musique traditionnelle française n'était pas assez entrée dans l'histoire pour pasticher une triste formule célèbre. Mais je crois qu'il y a maldonne et que tout cela renvoie a un problème bien franco-français en lien avec la question du jacobinisme, l'identité culturelle etc... On met en miroir des formes culturelles qui n'ont pas lieu d'être. On met par exemple la bourrée en face du tango argentin. Pour évidemment déplorer la confidentialité de la bourrée par rapport au "rayonnement" du tango... Mais cela n'a pas de sens, si on veut comparer des stéréotypes internationaux, il faut mettre en avant le musette contre lequel tous les revivalismes se sont dressés mais qui symbolise la culture française à l'étranger. Si vous voyagez et qu'on vous demande de la musique française, à votre avis de quoi les gens parlent-ils?...Pas du congo de captieux ou de la gavotte de l'aven, même lente!...  Et parfois même dans des pays sensibilisés à leur propre musique traditionnelle comme l'Irlande et bien pour certains faudra leur jouer Amélie Poulain. Bon j'exagère... De nombreux pays dont le stéréotype musical national est bien identifié ont probablement aussi des formes musicales plus locales, anciennes et confidentielles. Loin de moi l'idée de porter des jugements de valeur mais j'ai souvent l'impression que dans les milieux revivalistes, tout se passe en France comme si on voulait comparer un dialecte confidentiel de notre côté avec une langue nationale de l'autre d'où les lamentations permanentes sur l'état des lieux.. Et cela durera tant qu'on n'aura pas résolu la question du jacobinisme en France qui nous met dans un perpétuel décalage historique et territorial sur la question des musiques du monde et de la perception des cultures étrangères.
 


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Posté 03 déc. 2013 - 10:35

Hey ben moi je suis pour l'évolution-mouvantes des traditions-évolutives, mais quand même : apparemment, y'aurait un cabrettaïre parisien qui jouerait avec un accordéoniste! Italien en plus!

Non mais là, ça va vraiment trop loin...


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Ludoman
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Posté 03 déc. 2013 - 10:46

 

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Passons sur certaines contradictions dans ta démonstration, mais il est où le problème ? Les néotradeux menaceraient la survie d'une musique locale ? Mais comme dit plus haut, faut arrêter, les jeunes qui ont une connaissance approfondie des sources, du style et tout le tintouin, et qui produisent une musique qui correspond aux critères que tu énonces (dans lesquels je me reconnais en partie), y'en a, et c'est même plutôt une tendance montante dans le milieu trad, de ce que j'ai pu voir

 

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