" Le saviez-vous ? Yvon Guilcher transforme l'eau en vin, sépare les océans en deux et fait revenir l'être aimé.
Hagiographie et index de ses nombreuses et précieuses contributions au milieu trad/folk/néo qui nous intéresse tous exceptés, on peut aussi admettre que y'a du vieuxconnisme dans l'air (et que c'est pas un coup d'essai de sa part)."
@ -Y-
(Pardon de la ramener encore... )
J'admets que le ton dithyrambique de mon panégyrique ait pu amuser, et prête le flanc à l'ironie.
Car de même que la famille Bonaparte a rendu suspect et impossible tout recours au plébiscite, l'hystérie des fans des Beatles a définitivement ridiculisé toute manifestation d'idolâtrie fanatique.
Et puis, il est toujours de bon ton pour un esthète éclairé d'afficher une retenue blasée revenue de tout.
Désolée, il y en a qui ont le superlatif facile, tout comme certain(e)s rougissent pour pas grand chose.
C'est une question de tempérament. On ne se refait pas...
Néanmoins, l'enthousiasme n'est pas toujours incompatible avec l'esprit critique, et je crois n'avoir rien abdiqué de l'acuité du mien en dressant ce portrait, exact dans les faits., dont aucun n'est contestable.
Sauf à me prouver le contraire...
J'ai seulement préféré orienter l'énergie née de la polémique vers l'éloge de la personne incriminée que vers le dénigrement de mon interlocuteur ou de Camille, même si ça me démangeait bien, car "je peux [avoir la remarque assassine et acérée] si je veux", pour paraphraser l'Argan de Molière. (Oui je la ramène en tartinant une couche de plus de culture classique, vu qu'on semble vouloir me confondre avec les crédules décérébrés qui ont recours aux marabouts.) Mais c'eût été se montrer contre-productif et desservir la cause que j'essayais de défendre. Maladroitement, à ce qu'il semble...
Si je me suis permis de rappeler tout ce qu'Yvon Guilcher a apporté au bal folk, c'est parce que :
1) même si je n'ai découvert l'existence de la pratique revivaliste des danses et musiques traditionnelles qu'il y a peu, ignorée des médias et invisible qu'elle est derrière le quai 9 3/4 (Allusion au portail donnant accès au monde des sorciers invisible des humains "normaux" dans Harry Potter, pour ceux qui ne seraient pas familiers de cet univers-là), je n'ai entendu parler pour la première fois des recherches de son père, JM Guilcher et de son propre travail que deux ans après avoir fréquenté ateliers, bals folks et fest-noz. Et j'ai trouvé sidérant que personne, profs de danse, musiciens, danseurs ne disent jamais ce qu'ils doivent à leur enseignement initial, à leurs recherches, à leur créations...
Et depuis cette découverte, je suis tout aussi consternée de la quantité de danseurs qui se régalent de ces danses sans avoir la moindre idée de leur histoire, ni la moindre volonté de la connaître.
Mais ça ne m'empêche pas de m'amuser comme tout le monde et de me fondre dans les pratiques communes, même si je les sais peu orthodoxes... Si j'avions su, j'aurions venu plus tôt... (Et j'aime bien Gennetines, aussi, quand même... Enfin, ça dépend des parquets...)
2) dans cette perspective, et à la lumière des multiples talents ci-dessus rappelés, on fait quand même un peu tous figure de nains qui dansent sur les épaules d'un géant. Alors quand les nains s'amusent à piquer des épingles sur les épaules dudit géant ou à lui tirer les poils, faut pas s'étonner qu'il rue dans les brancards et qu'il cherche à désarçonner ceux qui le chatouillent un peu trop.
3) et traiter de crétin un type qui a quand même un certain génie et une érudition qui nous renvoie tous dans les cordes, ben ça me fait monter la moutarde au nez, et j'éternue. Mais c'est bon pour la santé, les cataplasmes à la moutarde, non ?
Car ça fait un peu mal au coeur qu'un grand savant, parce que c'est quand même ce qu'il est, aussi, se fasse insulter par des tas de gens qui ne lui arrivent pas à la cheville, et se sente aussi bouleversé par ce qui arrive à sa chère chanson.
Cela dit, oui, Yvon Guilcher est un puriste, et je comprends que ses positions puissent passer pour intransigeantes.
a) Pour preuve que je ne renonce pas à ma liberté de penser (bon, et là, c'est un autre chanteur qui parasite le débat, mais on le renverra en Patagonie fissa) et à le critiquer, je ne suis pas du tout sûre d'être d'accord avec sa position dans le débat pour ou contre l'institution d'une formation diplômante en danse trad.
Je pense même le contraire, quelles que soient les concessions qu'il eût fallu faire sur l'authenticité de ces danses.
Car une fois qu'on a pris acte de la mort de tradition et de son mode de transmission inscrit dans la vie, autant entériner les choses et instituer un autre mode de transmission qui repose sur autre chose que sur l'énergie impressionnante, le dévouement sans faille et le désintéressement absolu de tous ces profs, animateurs, et autres musiciens bénévoles qui cumulent cette passion avec leur vie professionnelle et familiale, ce qui hypothèque tout de même, à long terme, cette pratique, puisque nul ou presque ne la rencontre dans sa scolarité, et qu'il faut bien du hasard ou de l'atavisme familial pour en croiser le chemin.
Mais ceci est un autre débat.
b) Sur le sujet présent, oui, on peut tout à fait considérer que la cure de rajeunissement et l'éclairage médiatique massif qu'apporte Camille à la danse trad vaut bien qu'on la malmène un peu. C'est pas faux.
C'est la rançon de la gloire, comme disaient Tya et ses quatre "likeurs". Oui, il y a de ça. Lâcher du leste pour étendre son public. Mais c'est justement ce qu'Yvon a toujours refusé de faire, si j'ai bien compris, s'asseyant sur une gloire bien plus vaste que celle qu'il a connue pour demeurer fidèle à ses convictions.
Et ce n'est pas parce qu'on trouve ignoble la malbouffe des fast foods et qu'on préfère des rillettes sans OGM, et qu'on préfère une belle danse à l'exhibition d'un hirsute défouloir qu'on est un vieux con.
L'âge ne fait rien à l'affaire, et à bien choisir, je serais plutôt tentée de traiter de jeunes cons ceux qui sont infichus de savoir lire partitions ou textes analytiques capables d'enchaîner plus de deux arguments de suite, et auxquels l'insulte et l'anathème tiennent lieu de raisonnement.
(Pour que ce soit clair, les trois dernières lignes ne s'adressent évidemment à personne d'ici, mais aux fans les plus éructants de ladite chanteuse.)
Juste, si l'on exige du respect pour Camille, s'insurgeant qu'on la trouve [...je ne dirait rien de ce que je pense de son art, refrénant même l'envie d'affubler de guillemets ce dernier terme] autant éviter de traiter de con quelqu'un à qui l'on doit tant et qui est, tout de même, d'une supériorité intellectuelle et artistique incontestable et pas assez reconnue.
Voilà...
Après, je conçois que les trop longues interventions soient malvenues et outrepassent la bienséance du forum et je ne m'attarderai pas... J'essaierai...
Modifié par Anne Paul, 16 mars 2018 - 21:57.