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"La Marque Rouge" : le premier album du Quintet à Claques !


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470 réponses à ce sujet

#281 + Partager Tiennet

Tiennet
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Posté 04 nov. 2009 - 11:51


Je n'ai pas l'impression que le QàC représente LE néo-trad,

Pas LE néotrad, mais c'est DU néotrad.
Et au fait c'est quoi le néotrad ? -> http://www.tradzone....opic.php?t=6665


comme je n'ai pas l'impression que la critique veut dire : "je n'aime pas ce qui évolue ou ce qui est nouveau..."


Ben si, un petit peu quand même : l'adjectif "clinquant" accolé à néotrad est dépréciatif, on ne peut le nier... Le néotrad c'est du toc quoi. Après bien sûr, faudrait pas confondre néotrad et évolution du trad. Parce que y a d'autres manières de faire "évoluer" (j'aime vraiment pas ce mot...) le trad que de faire du néotrad, qui reste UNE approche parmi toutes celles possibles pour métisser (je préfère ! ;) ) les musiques traditionnelles.

Message ajouté après : 1 minutes:

L'acquisition du vocabulaire est indispensable, d'accord! Et c'est bien par l'imitation qu'on y arrive mais c'est pas ça la finalité.


:thumbup: YES !!!

#282 + Partager Rodrigue

Rodrigue
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Posté 04 nov. 2009 - 12:19

l'interprétation - qui me parait discutable - de la critique de Vian par Vl.

Vi semble en effet convoquer Vian à mauvais escient et c'est pour cela que je n'ai pas réagi tout de suite. Les deux citations, forcément tirées de leurs contextes, me semblent fustiger le conformisme des seuls compositeurs (ou des critiques).

Or, je crois que nous glissons vers les interprètes (qui persistent à jouer du dixieland, de la cabrette, de la musique baroque, ...)

Evidemment que la critique de Vian, si elle devait être étendue à tous les interprètes, de jazz, de trad, de baroque, de classique, ... devient grotesque.

Quant à la vision du compositeur par Vian, qui devrait obligatoirement cracher sur la tombe des autres pour trouver sa place, cela fait un peu Saint-Germain-des-Prés et culture d'élite. Il y a en fait de la place pour tous. En tant que danseur, je suis plus attaché à l'aspect fonctionnel d'une musique d'où qu'elle vienne, qu'à des concepts ou une idéologie.

#283 + Partager vl

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Posté 04 nov. 2009 - 13:00

l'interprétation - qui me parait discutable - de la critique de Vian par Vl.

Vi semble en effet convoquer Vian à mauvais escient et c'est pour cela que je n'ai pas réagi tout de suite. Les deux citations, forcément tirées de leurs contextes, me semblent fustiger le conformisme des seuls compositeurs (ou des critiques).


Forcément tirées de leur contexte ?! Voici le texte in extenso :

--- début du texte de Vian

* Le sergent J. B. P. m'a écrit une lettre adressée
à Jazz Hot tout entier (ou entière ? est-ce un maga
zine ou une revue? A vous, Dauzat). Le sergent J. B. P. aurait pu signer sa lettre, je trouve. Voilà une partie de ce qu'il a dit, le sergent. « Vous êtes bop. Bon. Ça va, on le sait. Mais alors au moins soyez respectueux, foutez-nous la paix. Personnellement, je suis un amateur acharné et connaisseur de jazz. Pourquoi vous le cacher (sic) ? Je suis anti-bop. Mais alors à fond pour le New Orleans. Vous vous demandez certainement où je veux en venir ? Tout simplement à ceci. Si vous dites que le New Orleans est « vieux machin, vieux style, vieux jeu »... Bon, eh bien alors jouez franc jeu. Laissez-nous.
Arrêtons-nous déjà ici. Au passage, admirons la modestie du sergent. « Personnellement je suis un amateur acharné et connaisseur de jazz ! » Faisons respectueusement remarquer au sergent que s'il est anti-bop, il a tort de se dire connaisseur de jazz. Car les connaisseurs savent que ce mot de « bop » n'a aucun sens et n'a été utilisé qu'à des fins journalistiques. Il y a le jazz tout court ; et s'il est amateur acharné, le sergent devrait s'abstenir de l'enterrer comme ça, le jazz. Incidemment, qu'est-ce qu'un connaisseur ? Savez-vous, sergent, que la moyenne des gens qui « rédactent » Jazz Hot ont un minimum de quinze ans de familiarité avec cette musique?
Soyez bop ou N. 0., mais pas les deux à la fois, dit un peu plus loin le sergent. On ne peut concevoir ces deux extrêmes, à moins d'être complètement cinglé...
Mais, sergent, permettez-moi de vous dire respectueusement que vous nous cassez les roubi-gnoles. Et pourquoi n'aimerions-nous pas les deux à la fois ? J'adore écouter les vieux enregistrements de Jelly Roll, et j'adore Ellington dans Tattoed Bride, et j'adore Gillespie et Parker. De quel droit voulez-vous me limiter, bougre d'emmerdeur? Et j'adore Ravel aussi, si ça vous intéresse. Et Albinoni, l’Adagio, c'est aussi bon que la Black and Tan. Quant à Wozzeck, ça m'émeut autant que Echoes of Harlem, et tant pis pour vous si vous avez les feuilles un peu réduites.
Voulez-vous que je vous dise, mon sergent aimé. Vous nous accusez d'être méchants, hargneux par-dessus le marché. Mais vous, sergent, vous êtes gentil, peut-être ? Vous faites semblant de ne pas comprendre. Nous, on ne s'en cache pas, quand on voit un ou plusieurs types reproduire ce qu'un ou plusieurs autres ont fait, bien mieux qu'eux, voici vingt ans, ça ne nous intéresse pas. Un écrivain qui écrirait de nos jours comme Balzac, n'aurait non plus le moindre intérêt. C'est un faussaire. C'est pourquoi nous sommes, à votre grand étonnement, les premiers à louer Louis quand il sort un bon disque, Louis a le droit de jouer dans ce style : c'est lui qui l'a fabriqué. Mais tous les jeunes soi-disant « Nouvelle-Orléans » qui vous enchantent sont de pitoyables attardés. Je vais vous dire quelque chose, sergent; je connais personnellement des musiciens de chez Luter, de chez Reweliotty, qui adorent les Bud Powell, Parker, Dizzy, bref tous ceux que vous nommez bop et qui sont, surtout, des musiciens dignes de ce nom. Ces musiciens qui persévèrent dans le style N. O. que ses créateurs illustrèrent si bien ne le font que parce que ça se vend, grâce à de bonnes andouilles comme le sergent J. B. P. qui sont un peu demeurés et dont l'horizon musical est si limité qu'il ne dépasse pas celui du public de Chemisier Rose et Pompier blanc. (Entre parenthèses, une chanson populaire charmante.)
De bonnes pommes comme le sergent J. B. P. qui achètent leur peinture au Bazar de l'Hôtel de Ville, leurs musiciens originaux chez Plumeau et leur sens critique chez Mezzrow. Vous ne lisez pas Daniel-Rops ou Max du Veuzit, sergent? Z'avez tort. Ça vous plairait. Quand à l'exemple que nous sommes pour les jeunes ! Mon sergent chéri, quel âge croyez-vous que nous ayons ? Soixante, soixante-dix ? Et la prochaine fois, signez votre lettre, on sera encore plus gentils avec vous.

Avril 1953

Boris Vian “Chroniques de jazz” 1967
ISBN 2-264-00877-6

-- fin du texte de Vian

Alors ? Certains passages de la critique du disque "La Marque Rouge" persistent à me rappeler cet épisode des chroniques de Vian.

Evidemment que la critique de Vian, si elle devait être étendue à tous les interprètes, de jazz, de trad, de baroque, de classique, ... devient grotesque.

Quant à la vision du compositeur par Vian, qui devrait obligatoirement cracher sur la tombe des autres pour trouver sa place, cela fait un peu Saint-Germain-des-Prés et culture d'élite. Il y a en fait de la place pour tous. En tant que danseur, je suis plus attaché à l'aspect fonctionnel d'une musique d'où qu'elle vienne, qu'à des concepts ou une idéologie.


Brr. No comment.

PS : Merci Tof, c'est bien ce bouquin que j'avais en main. Au fait Tiennet loin de moi l'idée de critiquer Vian !

#284 + Partager *Laurent16

*Laurent16
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Posté 04 nov. 2009 - 15:30

Et moi qui aime tant rajouter de l'huile sur le feu, là je trouve qu'on est dans un faux débat : si on est artiste, on est forcément créateur et quand on est créateur, on explore la création, pas besoin d'explorer là où les autres ont déjà mis les pieds sauf si on est artisan. Les artisans eux, reproduisent une technique à l'identique et ça n'empêche pas que ce soit beau!!!!!!!!

Il y a des summums dans le baroque, dans le jazz, dans toutes les musiques. Une musique correspond forcément un peu à une époque. Lorsque l'époque change, le public, l'élite demande d'autres qualités à une musique et celle-ci évolue forcément.

Et puis il y a des génies dans la musique, des individus qui mènent un style très loin.

Cela n'empêche pas d'aimer les anciens styles tout en sachant que comme l'époque a changé nous n'arriverons jamais au niveau des anciens dans ce style qui se jouait à l'intérieur d'une culture complexe et disparue.

Le trad a connu également des évolutions historiques, par l'introduction de nouveaux instruments par exemple. Il évolue beaucoup actuellement car la société dite traditionnelle est en pleine refonte (voir le débat sur l'identité nationale en ce moment, on voit bien que ça travaille les gens) voilà le sens de la phrase de Chamczyk "puisqu'on est dans le bouillon, bouillonnons!" (très bon vraiment très bon).

C'est pas parce que nous sommes en mouvement que nous ne pouvons apprécier le passé. Parfois même il est bon de revenir au passé quand on perd ses marques dans le présent. Ce passé peut nous influencer dans des créations nouvelles qui disent quelque chose de nouveau dans notre monde.

BREF IL N'Y A AUCUNE CONTRADICTION DANS TOUT CA. Il ne faut pas opposer artiste et artisan. Chacun a sa place dans le monde!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!! Allez un peu d'amour.

#285 + Partager Tof Sacchettini

Tof Sacchettini
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Posté 04 nov. 2009 - 15:34

Il évolue beaucoup actuellement car la société dite traditionnelle est en pleine refonte (voir le débat sur l'identité nationale en ce moment, on voit bien que ça travaille les gens) .


Ca "ne travaille pas les gens", ça travaille quelques déchets humains au gouvernement qui, par opportunisme, voudraient que ça travaille tout le monde...

#286 + Partager chroí

chroí
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Posté 04 nov. 2009 - 15:48

Et moi qui aime tant rajouter de l'huile sur le feu, là je trouve qu'on est dans un faux débat : si on est artiste, on est forcément créateur et quand on est créateur, on explore la création, pas besoin d'explorer là où les autres ont déjà mis les pieds sauf si on est artisan. Les artisans eux, reproduisent une technique à l'identique et ça n'empêche pas que ce soit beau!!!!!!!!


Parce que c'est bien connu: pour créer, il suffit d'arranger des noix sur un bâton et de le lancer en l'air....

#287 + Partager Ekks-O

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Posté 04 nov. 2009 - 15:50

Ouah, c'est une métaphore typiquement suisse ça ?

#288 + Partager chroí

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Posté 04 nov. 2009 - 15:51

Il y a des summums dans le baroque, dans le jazz, dans toutes les musiques. Une musique correspond forcément un peu à une époque. Lorsque l'époque change, le public, l'élite demande d'autres qualités à une musique et celle-ci évolue forcément.


Et donc, ya plus rien d'intéressant dans la pratique d'une musique lorsque l'époque s'en désintéresse?

Message ajouté après : 28 secondes:

Ouah, c'est une métaphore typiquement suisse ça ?


C'est une tentative de création par l'absurde. Je suis un artiste du sens!

#289 + Partager Rodrigue

Rodrigue
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Posté 04 nov. 2009 - 18:07

Vi, la réponse de Vian dans son entier me conforte dans le sens que j'ai donné à ta citation, et je comprends mieux pourquoi il y a dérapage:

J'adore écouter les vieux enregistrements de Jelly Roll [...]
j'adore Ellington dans Tattoed Bride [...]
j'adore Ravel [...]
Et Albinoni, l’Adagio, c'est aussi bon que la Black and Tan [...]

reproduire ce qu'un ou plusieurs autres ont fait, bien mieux qu'eux, voici vingt ans, ça ne nous intéresse pas [...]
Un écrivain qui écrirait de nos jours comme Balzac, n'aurait non plus le moindre intérêt. C'est un faussaire [...]
louer Louis quand il sort un bon disque, Louis a le droit de jouer dans ce style : c'est lui qui l'a fabriqué [...]
Ces musiciens qui persévèrent dans le style N. O. [...]

Il me semble bien qu'il ne parle que de compositeurs (arrangeurs ?). Et son message est le suivant: les artistes compositeurs doivent créer leur propre style. Maintenant, qu'appelle t-il style original ? Est-ce être toujours novateur ? Est-ce ajouter une touche personnelle à l'édifice ou se démarquer du passé sous peine de devenir rétrograde ? (ce que je soupçonne, vu le bonhomme)

J'ai quand même deux doutes:
Les "musiciens qui persévèrent" sont-ils des compositeurs ou des interprètes qui reprennent des standards pour gagner leur croûte dans les clubs?
Deuxièmement, Vian semble mettre sur le même plan un enregistrement d'interprète-compositeur et un enregistrement d'interprète (d'Albinoni). S'il veut parler du caractère novateur (à son époque) de l'oeuvre d'Albinoni (encore que je préfère les concerti à l'Adagio...), il doit certainement l'apprécier lorsqu'elle est (correctement) interprétée par ses contemporains.
Donc à part ces deux passages, je ne vois pas en quoi il s'oppose à l'interprétation de musiques anciennes ou non, dans des styles anciens ou non.
Or c'est ce que tu sembles sous-entendre par:

je pense comme Vian que les musiciens qui jouent aujourd'hui du dixieland

puis dérapage vers les interprètes de baroque ou de musique auvergnate.

Pour résumer: soit j'ai raison, soit Boris Vian a tort. Et je préférerais qu'il ait raison.

#290 + Partager AlinWond

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Posté 04 nov. 2009 - 18:55

Ah, bah ! pffffffff...
Tout ça pour ça ?

Elle n'est pas si terrible, cette critique (désolée de revenir un peu en arrière...). Franchement, à voir la tête de Camille quand il en parlait, et les cinq pages qui précèdent, je m'attendais à bien pire.
Finalement, qu'est-ce qu'il dit, ce mec ?

1- que Tof est un peu excessif dans sa "préface" ; certes, c'était lyrique... moi ça me va mais je comprends que ça puisse faire sourire ;
2- que Camille joue bien, et que les cinq sont très talentueux ;
3- un "plus" pour l'orchestration ;
4- un "moins" pour les arrangements (et encore, "peinent un peu", c'est une formulation négative mais modérée, il n'a pas dit que c'était nul)
5- que le choix artistique du "néo-trad" lui semble regrettable et répondre à un effet de mode et de séduction (c'est comme ça que j'interprète le mot "clinquant"), et qu'il préfère les gens qui lui font entendre des airs trads à ceux qui lui proposent des compos.

Pour ce qui est du quatrième point, on peut regretter qu'il n'y ait pas de développement argumenté mais dans l'espace limité d'une chronique comme celle-là je ne sais pas si c'était possible (quand à la validité de la critique elle-même je n'ai aucune des connaissances nécessaires pour en juger).
Pour ce qui est du cinquième point, on peut considérer que la critique n'est pas pertinente si on se place sous l'angle "inutile de reprocher à un pointilliste de ne pas être un cubiste" ; mais si quelqu'un considère la démarche pointilliste dans son ensemble comme manquant de fond, je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas le dire. Evidemment, là encore le développement manque, mais peut-être qu'on ne disposait pas de deux pleines pages dans trad Mag pour parler du CD du Quintet...

Sur le reste du débat, tout ça s'est enflammé bien vite. Je ne comprends pas trop pourquoi on classe ici en "positif/négatif" des choses qui sont différentes mais qui peuvent être simultanément valables - il suffit de savoir de quoi on parle ; deux exemples :
- la réaction affective par rapport à une musique, le plaisir ou le déplaisir qu'on trouve à la jouer ou à l'écouter, d'une part ; la critique éclairée et argumentée de cette même musique d'un point de vue artistique, d'autre part ; je peux très bien dire "J'aime cette musique, elle me fait vibrer, elle m'émeut... mais je sais très bien que dans l'histoire de la musique elle ne pèse pas grand-chose." Je peux aussi dire "J'apprécie la qualité de la recherche, je reconnais l'importance de ce qui se construit là musicalement... et personnellement ça me laisse complètement froide, voire, je trouve ça pénible à écouter au bout d'un moment !"
- la démarche de "pratique musicale" sans recherche de création ou d'invention, mais simplement de plaisir personnel, ou de transmission d'un répertoire, ou de compréhension d'un style ou que sais-je encore, d'une part ; la démarche de "création musicale", d'autre part ; je ne vois pas comment l'une pourrait exister si l'autre meurt. Il s'agit juste de ne pas prétendre faire l'un quand on fait l'autre. Etre un minimum conscient et honnête, quoi.

Bon, c'était juste pour dire qu'il n'y avait peut-être pas de quoi monter sur ses grands chevaux... Et à part ça, je traverserai encore volontiers toute la France pour réentendre le Quintet ;)...

#291 + Partager vl

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Posté 04 nov. 2009 - 19:10

Vi, la réponse de Vian dans son entier me conforte dans le sens que j'ai donné à ta citation, et je comprends mieux pourquoi il y a dérapage:


dérapage ? ça sonne un peu comme "bavure" ça… tu bosses dans un commissariat ? mais non je plaisante !

J'adore écouter les vieux enregistrements de Jelly Roll [...]
j'adore Ellington dans Tattoed Bride [...]
j'adore Ravel [...]
Et Albinoni, l’Adagio, c'est aussi bon que la Black and Tan [...]

reproduire ce qu'un ou plusieurs autres ont fait, bien mieux qu'eux, voici vingt ans, ça ne nous intéresse pas [...]
Un écrivain qui écrirait de nos jours comme Balzac, n'aurait non plus le moindre intérêt. C'est un faussaire [...]
louer Louis quand il sort un bon disque, Louis a le droit de jouer dans ce style : c'est lui qui l'a fabriqué [...]
Ces musiciens qui persévèrent dans le style N. O. [...]

Il me semble bien qu'il ne parle que de compositeurs (arrangeurs ?). Et son message est le suivant: les artistes compositeurs doivent créer leur propre style. Maintenant, qu'appelle t-il style original ? Est-ce être toujours novateur ? Est-ce ajouter une touche personnelle à l'édifice ou se démarquer du passé sous peine de devenir rétrograde ? (ce que je soupçonne, vu le bonhomme)


Merci de m'avoir ouvert les yeux sur le "message" de Vian, c'est vrai je n'avais rien compris. Pour moi ce texte était une réponse à un lecteur casse-burnes qu'il essayait d'ouvrir aux plaisirs du jazz de son époque, en tâchant de lui faire comprendre qu'on peut apprécier qq chose sans forcément en critiquer une autre. Mais tant de gens pensent que pour s'élever, il est plus commode d'enfoncer les autres que de se grandir… (non, pitié ! je ne dis pas ça pour toi !)

J'ai quand même deux doutes:

ça me rassure ;)

Les "musiciens qui persévèrent" sont-ils des compositeurs ou des interprètes qui reprennent des standards pour gagner leur croûte dans les clubs?

pour le coup j'ai comme qui dirait l'impression d'une citation hors contexte utilisée à mauvais escient… relis la phrase de Vian , tu généralises de façon un peu cavalière… Il parle seulement (et en 1967) de ces "musiciens qui persévèrent dans le style N. O.", faut pas pousser mémère dans les orties tout de même.

Deuxièmement, Vian semble mettre sur le même plan un enregistrement d'interprète-compositeur et un enregistrement d'interprète (d'Albinoni). S'il veut parler du caractère novateur (à son époque) de l'oeuvre d'Albinoni (encore que je préfère les concerti à l'Adagio...), il doit certainement l'apprécier lorsqu'elle est (correctement) interprétée par ses contemporains.
Donc à part ces deux passages, je ne vois pas en quoi il s'oppose à l'interprétation de musiques anciennes ou non, dans des styles anciens ou non.
Or c'est ce que tu sembles sous-entendre par:

je pense comme Vian que les musiciens qui jouent aujourd'hui du dixieland

puis dérapage vers les interprètes de baroque ou de musique auvergnate.


Concernant les jazzeux qu'il cite, cette distinction compositeur/interprète ne me semble guère valide. Quant au reste, je crois que c'est un dialogue de sourd, car quand je lis "Nous, on ne s'en cache pas, quand on voit un ou plusieurs types reproduire ce qu'un ou plusieurs autres ont fait, bien mieux qu'eux, voici vingt ans, ça ne nous intéresse pas." le "message" me semble clair.

Pour résumer: soit j'ai raison, soit Boris Vian a tort. Et je préférerais qu'il ait raison.

Là tu te fais du mal. La réalité est heureusement moins binaire et plus complexe, et pour ceux qui veulent tout mettre en bacs c'est là que ça devient compliqué.

#292 + Partager Rodrigue

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Posté 04 nov. 2009 - 19:42

:flower:

#293 + Partager laclaire

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Posté 04 nov. 2009 - 20:06

Vire ta fleur, Rodrigue, tu vas tuer le débat !
ma lecture du soir, enfin...

#294 + Partager Chamusique

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Posté 04 nov. 2009 - 21:30

Oula ! Y a de l'action dans le coin !

Je ne pense pas que le petit détour par Boris Vian soit très pertinent : les querelles de l'époque autour du Bop pas du Jazz et Jazz Hot seul vrai jazz était très francofrançaise avec un personnage aujourd'hui assez oublié, Hugues Panassié qui avait une influence énorme à l'époque dans le milieu du jazz. Les enjeux esthétiques et les problématiques étaient très différentes, des notres (très parisianoparisien à mon avis).

C'est comme toutes les agitations autour de la culture pop dans les années 60 70, il faudrait faire un très gros effort retrospectif pour vraiment mesurer ce que ça représentait dans le contexte culturel de l'époque. Là, par contre, ça pourrait être pertinent d'y revenir un peu.

Dans le mouvement folk tel qu'il était dans les années 70, les prémices de ce que nous connaissons actuellement (pas fais exprès...) procédait en partie de cette culture pop, versant plutôt anti musique commerciale (rien que l'idée de musique commerciale et le fait d'être anti mériterait un long développement) et plutôt libertaire (enfin, bon, il s'était passé quelques trucs autour de 1968, disons en avril... ou en juin... enfin par là quoi...). Alors bon, dans ce champ culturel, il y avait ça et là, des groupes folkloriques qui faisaient surtout du spectacles folkloriques avec dans les meilleurs cas (et qu'ils en soient remerciés) la préservation d'un patrimoine locale sur plusieurs générations, les autres, les folkeux, n'avaient pas forcément de liens avec les précédents et avaient d'autres démarches. Bref, si à un moment une revue, importante à l'époque, s'appelait Rock & Folk c'est pas uniquement parce que ça sonnait bien à l'oreille. C'est pas étonnant non plus que un peu plus tard, c'est devenu plutôt Rock & Rock au niveau de son contenu... Et c'est pas autour des musiques elles-mêmes que s'est fait le clivage, mais plutôt sur la façon d'aborder le culturel. Le Rock avait fait long feu comme force sociale libératrice hypothétique (très Francofrançais ça aussi comme idée...) et avait rejoint les rangs honnis de la musique commerciale et pour certains irréductibles, le folk, enfin bon, les musiques traditionnelles de proximité ou non, ça le faisait carrément ! Après, chacun y est allé de sa sensibilité personnelle sans qu'aucune force occulte transcendante désigne au passage : "ça trad et ça pas trad", c'est des gens avec des arguments parfois pertinents et parfois pas qui avaient le tampon à la main pour estampiller des musiques qui elles, ne demandaient qu'à être réinventées ou pas d'ailleurs.

Somme toute, la perte d'une tradition, ça n'est une perte que si on le ressent comme telle et ceux qui le ressentent de cette façon ont bigrement raison de défendre ce qu'ils ont à défendre. Par contre, les pratiques vivantes, c'est une autre paire de manches, parce que là, il faut batailler contre, non seulement la machinerie médiaticocommerciale (peut être maintenant en demandant juste une petite miette du gâteau, parce que lutter contre, c'est plus trop dans l'air du temps...) mais en plus contre une forme nouvelle de conformisme qui admet une diversité de façade, celle qui favorise la consommation des produits culturels tout en niant toutes dimensions sociales et politiques de la culture.


Quand on chronique un CD (simple produit culturel ?) dans un magazine qui est quasiment la seule presse écrite lue dans une "niche" culturelle assiégée, on devrait tenir compte du fait que l'on ne doit pas simplement exprimer une opinion personnelle plus ou moins argumentée, mais l'on doit aussi défendre des options artistiques mines de rien courageuses dans un contexte culturellement sinistré. Ou alors, si ça nous plait pas, avoir la décence de passer le sujet à quelqu'un d'autre...

#295 + Partager Tof Sacchettini

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Posté 05 nov. 2009 - 10:17

Juste pour en finir sur Vian: le texte date non pas de 1967 (Vian est mort en 59) mais du début des années 50 (pas le temps d'aller rechercher le bouquin dans un carton pour vérifier), pendant les nombreuses années où Vian tenait sa chronique à "Jazzote".

Le contexte de l'époque était en certains points (pas tous) comparable à ce qui se passe pour nous aujourd'hui: la passion du jazz en France ne rassemblait qu'une chapelle de mordus. En outre, c'était alors la SEULE musique d'inspiration "populaire" et "étrangère" à la fois à opposer à la "grande" musique (la musique classique), le rock n'existant pas encore. Autant dire qu'à l'époque, dire à table qu'on aimait le jazz était susceptible de vous faire exclure d'un repas de famille. Et l'extrême-droite (et la droite) avaient beau jeu d'assimiler les amateurs de jazz à des métèques anti-français, écho atténué du racisme qui sévissait alors aux USA (rappel: tabassage de Miles Davis, Charlie Parker exclu d'une boîte portant son nom etc.). Bref.

Dans ce contexte déjà minoritaire, avec les GIs arrivent en France en 44 les premiers disques de "be bop", cette musique de djeuns inventée au début des années 40 par Parker, Gillespie, Monk, Ch. Christian, B. Powell etc. Cette musique divise immédiatement en deux une secte déjà pas bien grande. On reproche aux djeuns d'intellectualiser le jazz, de lui faire perdre son "essence populaire", de l'élitiser, de la couper de ses racines (ouf ouf ouf...). Puis c'est le concert de Dizzy Gillespie salle Pleyel en 48 et la presse se déchaîne. Hugues Panassié, promoteur du jazz en France, tire à boulets rouges sur cette nouvelle tendance. En face, dans "Jazz Hot", Charles Delaunay, André Hodeir, Vian, la défendent dans son principe sans forcément adhérer à tout ce qu'ils entendent.

- Ce que pourfend Vian dans son article, ça n'est pas "le jazz New-Orleans", c'est un revivalisme new-orleans parti des USA à cette époque justement pour contrer la nouvelle tendance, et qui a consisté à aller chercher des vieux musiciens en retraite pour leur faire à toute force enregistrer des disques pas folichons (paraît-il) pour prouver au monde entier que le "vrai" jazz bandait encore.

- Le temps a fait son oeuvre, mais la querelle des anciens et des modernes dans laquelle Vian engage ses forces était loin d'être gagnée: la haine de ce qui était nouveau déclenche à l'époque une violence verbale qu'on imagine mal aujourd'hui. Vian est d'autant plus méritant d'avoir compris où était l'avenir que lui-même, comme trompettiste, jouait du new-orleans pépère et se savait bien incapable de rivaliser avec un Dizzy ou un Miles...

- Vian ne fait pas la distinction entre "musiciens" et "compositeurs" dans l'ensemble de son analyse tant il est vrai que dans le jazz, le thème n'est un point de départ et que chaque jazzman est susceptible d'improviser sur deux lignes de thème qu'il vient d'écrire. Il la fait dans le cas de la musique orchestrale, très en vogue dans les années 30, et qui fait un retour en force dans les années 50: Duke Ellington (son idole), André Hodeir (son pote), Gunther Schuller et le "3e courant", bref, là où le jazz concurrence le classique avec tous les outils de la modernité.

- Dire qu'il s'oppose à la récupération de matériau ancien c'est méconnaître que le jazz fonctionne essentiellement sur du recyclage. Beaucoup de morceaux bop des années 50 étaient des pastiches de thèmes anciens, complexifiés.

- la polémique est moins "parisiano-parisienne" que Cham le dit puisque la secte était ramifiée dans toute l'Europe et que le débile à qui Vian répond habitait, si je me souviens bien, en province...

...Je vous laisse trouver le rapport, s'il y en a un, avec ce dont on parle ici...
Merci, dear Al...

#296 + Partager Tirno

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Posté 05 nov. 2009 - 12:35

On s'en fout du rapport. On se cultive en te lisant, et c'est ca qui est important. Merci :)

Message ajouté après : 1 minutes:

Et joyeux anniversaire, tiens!

#297 + Partager teddy

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Posté 05 nov. 2009 - 13:21

Vous reprendrez bien un Rosati ? Comment ça juste un doigt ?!

Cette chronique aura eu un mérite tout de même, cette discussion est vraiment intéressante.

#298 + Partager Chamusique

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Posté 05 nov. 2009 - 13:22

Je mettais 67 pas pour Vian.
C'est juste que le parallèle entre querelles dans le folktrad et le jazz ne me paraissait pas très fondé. En tout cas, pas ramené à une querelle anciens/modernes, traditionnaliste/progressiste..

En fait c'est le terme musiques et danses "traditionnelles" qui nous fout dedans à chaque fois...

#299 + Partager chroí

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Posté 05 nov. 2009 - 13:41

En fait c'est le terme musiques et danses "traditionnelles" qui nous fout dedans à chaque fois...


+1

Ca mériterait probablement une discussion particulière d'ailleurs. Ailleurs.

#300 + Partager Rodrigue

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Posté 05 nov. 2009 - 15:04

Merci Tof.
Excuse-moi Vi d'avoir chercher à t'infliger une laborieuse explication de texte alors que j'avais compris où tu voulais en venir sur le fond. Sur la forme, Tof a mieux répondu que moi: il me manquait quelques éléments culturels ...