C'est rigolo ce topic parce qu'en meme temps que la question me parait alarmiste (pour ne pas dire ridicule) au vu de ma propre expérience de ces 3 dernières années (mais mon expérience ne donne peut etre pas accès à la "réalité" de lasituation), elle est lié à une majorité des "thèmes à tension".
Folk vs. Trad Plus on est "trad", moins la quesition "le trad est-il en train de s'appauvrir" n'a de sens. Clairement dans cette dernière phrase, deux sens sont revetis par "trad"; et je ne sais quel sens prend "trad" dans la bouche d'Elise - peut etre pareil que dans "tradzone" - ce qu'on vit autour des musiques et danses traditionnelles, tout ce qui est lié de près ou de loin à la tradition.
Donc pour ces personnes "trad", l'enrichissement est évident - regardez le succès des différentes cornemuses du centre france maintenant par rapport aux années 60, 70, 80 ou 90. Regardez la qualité de ce qui est fait de nos jours par des gens passionnés et qui jouent de la musique et dansent avec un gout et une finesse remarquable. Regardez la richesse évidente des cultures défendues et valorisées - c'est pas quelquechose qui peut s'appauvrir. Les appauvrissements sont la disparition progressive (et pas loin d'etre achevée?) des sources potentielles de collectage, pareil avec les premiers collecteurs, ainsi que la tristesse de ne peut etre plus pouvoir savoir comment qqch se faisait "réellement". Mais bref. C'est rien de nouveau et on peut rien y faire.
A la limite les gens "trad" peuvent s'inquiéter de la "democratisation" de leur passion. Les touristes culturels consommateurs qui prennent une culture et l'aiment, mais ne s'y intéressent pas d'assez près et peuvent la dénaturer. C'est un peu le "jamais on n'a eu autant de cornemuseux", "oui, mais jamais on n'a eu autant de mauvais joueurs de cornemuse".
Les gens "plutot folk" - j'aimerais bien avoir une réponse: "s'appauvrir par rapport à quoi?" On a eu cette discussion récemment avec Gégé sauf erreur. Il trouve que la bourrée a tendance a perdre en diversité (c'est a dire qu'il y a des grands courants, mais qu'au sein de ces courants, les bourrées à 4 notamment sont peu-pratiquées) et essaie en tant que musicien d'imposer des formes de bourrées aux danseurs. Moi j'aurai tendance à répondre que d'une part la perte de ces bourrées peut etre compensée en 5minutes en en réinventant des nouvelles et que d'autre part et que si elles ne trouvent pas de public c'est peut etre qu'elles n'ont pas beaucoup d'interet. Et si elles ont de l'interet, ben il y aura toujours un noyau dur de 20, 50 ou 100 personnes qui la pratiqueront et la préserveront. Et ceci indépendamment du nombre supplémentaire de pratiquants avec l'augmentation du nombre et de la fréquentation de bals.
Quantité vs Qualité Les affirmations d'appauvrissement peuvent aller dans l'un de ces deux sens (ou meme dans les deux, je suis sur qu'on peut trouver des gens qui prétendent que les danseurs d'aujourd'hui ne dansent plus que la mazurka, la scottish et la bourrée d'auvergne et en plus, les dansent mal).
C'est clair que ces deux notions s'opposent - on peut pas tout bien danser (ni jouer). Il faut faire des choix. Et quand je vois dans ce topic la question "ou est la diversité?" ben je me gratte la tête. D'abord parce que moi je la vois dans les bals que je fréquente. Ensuite parce que ca me surprend qu'a la question "qualité ou quantité" on ne saute pas sur l'occasion de critiquer ces danseurs folk avides de stages et de nouveaux répertoires qui dansent tout mais pas très bien et sans grand souci de progresser. Donc des accusations de perte de qualité, c'est peut etre vrai en moyenne (meme si les bons danseurs, je suis persuadé, sont de plus en plus nombreux et dansent de mieux en mieux), mais des accusations de perte de quantité: 1) pourquoi ca serait mal? 2) elles sont ou ces danses/mélodies qu'on a perdu?!
Musiciens vs Danseurs. On trouve les deux thèmes précédents synthétisés autour de cette nouvelle problématique. Je m'étendrai pas trop sauf que tant niveau qualité que quantité, je pense que le travail du musicien est plus difficile et le chemin plus ardu que pour le danseur. Ah oui et le public danseur est stéréotypiquement folk et demandeur de quantité - donc si les musiciens écoutaient trop les danseurs ils joueraient de tout et n'importe comment.
Apprendre et enseigner Ouééééééééééé! mon sujet de discussion préféré. Peut etre que "avant", tout le monde passait forcément par la case "atelier" ou "structure folklorique/traditionnelle". Maintenant on trouve des gens qui apprennent sur le tas. Et ont aussi beaucoup de peine à équilibrer quantité et qualité. Et ça ça nous emmène au post d'Emir (que j'ai la flemme de chercher) ou il nous demandait si on devait etre "défenseurs" de tradition en bal. Si on constate que y'a des gens qui ne vont jamais (ou peu) en atelier et donc n'ont pas l'occasion d'appercevoir les thématiques de style et la richesse des répertoires (et qui de surcroit, une fois arrivés à un certain niveau ne suivent pas les ateliers, se sentant apparemment pas concernés), on doit soit revaloriser l'atelier, soit accepter qu'on gagnera seulement en qualité si les nouveaux danseurs ont des bons exemples.
Ou on peut juste accepter ma théorie fort rassurante que le "noyau" est toujours présent et que c'est pas les nouveaux arrivants qui vont tout détruire. Au contraire, la quantité de nouveaux arrivants est enrichissante car certains choisiront de rejoindre ce "noyau", que ce soit en quantité ou en qualité. C'est un peu comme la world musique et la musique celtique. C'est de la daube (oui je suis méchant hein), mais si ca peut faire découvrir le trad au grand public, peut etre c'est tant mieux.
Finalement,
Evolution et fonction. Je suis complètement de l'avis que les danses sont des memes qui évoluent et survivent selon la condition très simple que ce qui est dansé sera vu, apprécié, appris et dansé, pareil pour les musiques, et l'un entrainant l'autre, ce qui survivra aura survécu.
Pour l'appauvrissement c'est relativement intéressant, parce que ca garantit qu'il y aura toujours des bonnes choses. Oui, on a la musique populaire et c'est de la daube. Mais vous avez vu le patrimoine culturel qui est a disposition de celui qui veut en profiter?! c'est phénoménal. On a une chance pas croyable.
Et dernière remarque a ce sujet (mais qui n'est pas une très bonne conclusion). Si la bourrée du berry n'a pas la cote face à la bourrée d'auvergne (par exemple), c'est peut etre que la bourrée droite 3t remplit en bal la meme fonction que la bourrée droite 2t et que les gens n'y voient donc pas d'interet. Il suffit qu'il y ait assez de monde qui *choississe* de jouer et danser la bourrée du berry pour que le public se rende a l'évidence de sa qualité et rejoigne le "noyau".
En
conclusion finale, montrez moi l'appauvrissement et j'y croirai. Moi a votre place je me ferai pas tant de souci. (Ce qui ne m'empeche pas en bon gars "folk" d'avoir un répertoire de 13 danses différentes sur 15 morceaux que je joue en bal - mais juste parce que je propose ce que j'aime)