J'ai jamais eu l'occasion d'y mettre les pieds, mais c'était vraiment le grand méchant festival d'Ars tel que décrit ici par certaines personnes ? Ou est-ce que parce qu'il y avait une programmation de concerts / bal ambitieuse les esprits chagrins voyaient ça d'un mauvais œil ?
Il y a eu plusieurs formules sur les 15 dernières années, mais la danse a prise de plus en plus d'importance dans la programmation :
- bal aux pieds des gradins de la scène principale, sur parquet (les chaises étant remisées). Souvent un groupe présentait un concert-bal, parfois je crois bien qu'il y en avait deux (dont bal final qui était devenu habituel).
- stages de danses sur parquet dédié en journée.
- Espace Plus (genre Espace Marine sans les gradins, qui entrait en concurrence avec le dernier créneau de la scène concert principale). La formule n'a durée que quelques années. C'était bien mais ça a dû coûter bonbon (matériel et équipe en double plus le barnum parquet).
- scène extérieure et très grand parquet sonorisés en journée pour les scènes ouvertes (et les stages de danse ?) : c'était louable pour apporter du confort aux festivaliers off et pour faire un lien entre le parc et la rue, mais avec une baraque à frites et un bar ("off") entre ce grand parquet et les douves aux 4 petits parquets, j'ai trouvé que ça a commencé d'ôter de la magie aux douves (en créant un bouchon de non danseurs entre ces deux lieux, à la sortie de l'église, en n'en faisant plus la place centrale du off nocturne).
- la Trinquette, parquet et scène sonorisée près de la buvette, réservés quasi exclusivement au bal. Ce parquet a remplacé le parquet spécial stages de danses, trop près de la grande scène pour les bals du soir. Certains de ceux qui n'auraient jamais payé l'entrée au parc en journée et donc ne faisaient que profiter de l'ambiance dans le village et des bals gratuits dans les douves ont pû pour une somme raisonnable investir cette partie du parc en soirée. Cela a désengorgé un peu les douves, très peuplées, mais a surtout permis à l'organisation de toucher un peu de revenus additionnels (entrée soirée, buvette) alors qu'à l'extérieur, tout allait dans la poche du Comité des fêtes ou de pros qui ne supportaient en aucun cas les frais artistiques. Je crois qu'alors s'est produit un transfert de quelques danseurs vers le parc et l'ambiance in et out s'en est ressenti, mais en sens inverse: de nombreux danseurs qui se payaient le forfait festival sont restés danser à la Trinquette jusqu'à extinction des feux au lieu d'investir les douves vers 23H-0H. Faisant partie de ces danseurs, je me souviens qu'il y avait vraiment une ambiance festive et bal folk, avec un peu moins de mélange avec les néophytes (quoique, de nombreux festivaliers "off" se payant le bal du soir, je ressentais toujours ce mélange des générations, des styles et des pratiques). Je ne sais pas comment ça se passait dans les douves pendant ce temps là ; des musiciens ont continuer d'animer, surtout en première partie de soirée avant l'ouverture de la Trinquette. Mais il n'y a pas photo pour moi : si j'avais été un festivalier sans forfait, je me serais payé l'entrée Trinquette pour le prix d'un bal folk le reste de l'année. C'est dans ces dernières années que le retour dans les douves vers 2H-3H était pénible : peu de groupes de musiciens (pour cause de Trinquette ?), danseurs repus d'avoir dansé un bal de 3H, moins de danseurs et plus de "spectateurs", barraque à frites et bar fermant le site et transformant les parquets les plus proches en "espaces de restauration". Comme si la mayonnaise ne prenait plus.
La programmation a également toujours été "ambitieuse", disons que j'appréciais le fait de sortir du cadre du bal une fois par an...
Certaines cartes blanches étaient certes cadrées bizarrement (ou pas...), mais c'est le propre des commandes que de surprendre, n'est-ce pas ? Certains choix "variétoche" surprenaient également, mais au moins ça nous faisait connaître autre chose.
À mon humble avis, lorsque le déficit a pointé le bout de son nez, la réaction d'en faire plus pour être attractif, au lieu d'interrompre drastiquement les dépenses et les partenariats, et de se recentrer sur l'essentiel (au pire : salon, concours "sur meule de foin", une scène ouverte (non) sonorisée avec parquet), et le fait de cibler les conditions de danse en priorité sur la programmation des concert au prétexte que les locaux et les VIP, présumément non dauseurs constituaient le noyau de fidèles à ne point perdre, ont réduit fortement les chances de survie face à un incident climatique ou à une erreur de programmation.
Il me semble que la leçon à retenir pour le successeur du Comité, c'est qu'il faut coller à la sociologie de son public et à ses attentes et ne pas les fantasmer. Il y a d'un côté des gens qui viennent de loin et pour l'ambiance, et qui vont donc acheter un forfait (parce que venir pour rester sous la tente à Ars...), et d'un autre côté des gens qui sont plus proches (2H de route max?) et qui eux peuvent choisir de venir ou pas selon la programmation du jour et la météo. L'erreur a été (aussi) de ne pas recevoir convenablement les premiers et de les assommer pécunièrement au point de rendre préférable un boeuf off sous des bâches de tente. Je ne comprends pas : des tentes, ça se compte ! Il faut également compter sur l'interaction entre ces deux catégories caricaturales de festivaliers (je connais des danseurs qui logent en gîte par exemple) : on prend la décision de revenir d'un an sur l'autre aussi en raison de l'ambiance et des copains ; on revient d'un jour sur l'autre quand on habite Châteauroux aussi quand il y a à voir et à entendre dans le parc, et pas seulement sur la grande scène.
Certes, l'offre en trad a beaucoup augmenté ces dernières décades (et c'est un bien), et pour nombre d'entre nous (salon de la lutherie à part), la Mecque qu'était le festival (parfois la deuxième ou troisième grosse occasion de rencontres dans l'année) n'était plus qu'une étape sentimentale (mais obligée !) dans notre périple estival musical et dansé. (Personnellement, cela faisait un moment que ce n'était plus la première occasion de retrouver des cavalières venant de loin: Damada et autres festivals, et entrée dans la vie active, plus grande mobilité des jeunes danseurs). C'est pour cela qu'il était vital de ne pas vivre sur ses acquis, de ne pas se prendre pour un boeuf (le boeuf de Saint-Chart' !) et de se recentrer sur l'essentiel en cas de problème ou de désaffection. Mais pour ce faire, il fallait sortir un minimum la tête dans les autres festivals pour prendre la température d'une partie de son public.
Pour moi l'essentiel de ce festival est constitué de 2 thèmes:
- le salon de luthier pour tester instruments et échanger avec facteurs et musiciens
- les parquets danse soit pour y danser soit pour y jouer en scène ouverte amateur
Tu veux dire prestation non rémunérée n'est-ce pas ? Pas besoin de sortir ses papiers d'assurance chomage alors ?
[EDIT] Y, que l'on ne revienne qu'à une scène ouverte ou également à quelques concerts programmés/commandés, je ne crois pas que l'ajout d'un parquet coûte grand chose en comparaison. Je pense que le public général est prêt à faire un effort non pas pécunier mais en terme d'offre artistique, même si les conditions de danse des dernières années étaient merveilleuses (car venant en plus du salon, des concerts, du cadre, etc.).
Pas besoin de têtes d'affiche ou d'une prog à plusieurs 100k€ : même le couple de Castelroussins pourra venir pic-niquer dans le parc en famille un jour si l'ambiance y est réputée.
Cependant, il faut garder à l'esprit que beaucoup de danseurs tendent à être monomaniaques et grégaires. Si une bande de copains décide que désormais tel festival dans le sud est plus intéressant au niveau danse, conditions d'accueil et ambiance générale, la reconnaissance envers un festival qui les a bercé ou la nécessité de soutenir une vitrine majeur du monde du trad ne pèseront pas bien lourd...
Modifié par Rodrigue, 19 janv. 2014 - 14:51.